À fond la forme

par SendoT

05/02/24

HU - Manyara

Avec les influenceuses en herbe, l'ami Dani et moi avons soulevé la problématique qui est "comment nos pipes influencent les tabacs ?".

Ce qui m'a donné envie de creuser la question à travers une nouvelle chronique, en solitaire cette fois, tel Astérix partant vadrouiller avec sa gourde et son couteau sans son gros, pardon, enrobé, de copain. Ou encore Obélix laissant son fidèle Idéfix au village parce qu’il est trop petit. Bon je m’arrête là, je vois déjà les larmes couler sur les joues de Dani.

Dans ces revues, un même tabac sera testé en long et en large en vous donnant les détails des pipes utilisées et des ressentis dans chacune d'entre elles.

Je suis du genre à fumer un tabac avec une multitude de pipes différentes, que ce soit au niveau des formes, de l'alésage, des dimensions etc. Je ne fume pas non plus la boîte d'une traite, le tabac évolue donc au fil des mois qui suivent l'ouverture.

Pour cette première, le tabac testé est le HU - Manyara, dont l'échantillon généreux a été offert par Chrisharps que je remercie.

1er fumage :

Pour le Manyara de l'ami Hans, il me fallait la meilleure pipe à burley de mon attirail.

Une lovat au fourneau large de 22mm de Charl Goussard. Cette pipe achetée neuve mais conservée par son ancien propriétaire depuis 2014 présentait un bois extrêmement sec. Je me souviens encore du premier fumage lors d'un dîner parisien. Du triple play, qui donnait quelque chose de fruité dans la pipe de Soafran, donnait chez moi de la noisette et des notes torréfiées.

À partir de ce jour, c'était décidé, cette pipe serait dédiée aux burley et elle me l'a toujours bien rendue.

Trêve de bavardage et revenons au Manyara.

Je suis tout de suite sous le charme, une fumée bien ronde et équilibrée où s'entremêlent des notes de chocolat noir, du fumé en toile de fond, mais également des fruits bien mûres que j'associe aux fruits rouges.

Un peu de poivre chatouille les naseaux.

Pas acide pour un sou, pas agressif non plus. Non franchement, ça, c'est du bon tabac.

Au lieu d'une évolution marquée, c'est plutôt un jeu de chaises musicales qui s'opère dans le fourneau.

La finale est plus marquée par des notes grillées.

Coup de cœur donc pour le Manyara dans cette Goussard qui ne m'a jamais déçue.

2ème fumage :

Cette fois, je me suis aventuré dans l'inconnu. En effet, je suis allé vers la PDG Liskey achetée quelques mois plus tôt à l'ami Joseuvic. Cette Dublin, je l'ai essayée une fois avec du Storm front de John Patton et je n'ai pas été très emballé par l'association. Mais pour tout vous dire, je ne suis toujours pas convaincu par ce burley blend.

Ce fumage va me conforter dans l'idée que le burley n'est pas fait pour elle.

L'acidité est vraiment marquée, si bien que le mélange s'en trouve déséquilibré. Je trouve des notes que je n'avais pas dans la Goussard à savoir du citron mais également des épices et de la terre. Ce n'est pas déplaisant mais je ne passe pas un moment franchement inoubliable.

La suite du fumage est plus intéressante avec une belle salinité et des notes terreuses qui prennent plus de place et donnent plus de profondeur au mélange.

3ème fumage :

Encore une autre de Joseuvic. Une Devil anse toute mignonne de Denis Pevcov. Pipe brûle gueule au fourneau étroit. Le foyer est encore vierge mais à cru il me laisse entrevoir de belles promesses.

Et effectivement j'ai eu droit à un fumage exceptionnel. Une fumée légèrement fumée et saline. Le tout est complexe avec ces notes de fruits rouges décelées dans la Goussard.

Une pointe de chocolat noir et du fumé en toile de fond sans évolution marquée ni finale grandiose mais du très bon de bout en bout.

4ème fumage :

Quand je commande une pipe, j'aime bien que le premier fumage soit réalisé avec le genre de tabac que le pipier affectionne et fume dans son atelier. Je me suis toujours dis que l'air ambiant pouvait réellement avoir une influence sur le bois.

Tristan aime le burley et le Kentucky c'est pourquoi cette Cutty de 18 cm au fourneau d'une taille standard a toujours vu du burley et pour l’instant, ça marche plutôt bien.

Ce fumage va me réserver une surprise de taille.

Au lieu de mettre l'accent sur le chocolat noir, c'est le latakia qui prend clairement le dessus avec du fumée et une bonne dose de sel.

Une belle acidité est également présente ainsi qu'une pincée de poivre.

Au cours du fumage, le chocolat noir se montre un peu plus présent sans jamais prendre le pas sur le latakia, qui jouera les premiers violons jusqu'à la fin.

La finale sera portée sur le fumé et le grillé.

5ème fumage :

Ah! Encore une pipe de la maison Joseuvic. Je vais devoir renommer cette chronique si ça continue.

Une belle osric de David Enrique qui a pour particularité de présenter un perçage en 4,2mm, qui pour moi, est ce qui se fait de mieux.

Dans cette pipe, j'ai une belle synthèse de ce que le blend peut donner, à savoir un bel équilibre entre le sel et le fumé avec cette petite pincée de poivre.

Un peu de sucre et toujours cette présence de fruits rouges.

La seule différence réside dans l'apparition de notes de viandes grillées en milieu de bol.

Le tabac est plus fumé sur la fin.

influenceuses


Au cours de ces différents essais, j'ai eu 2 fumages qui sortaient du lot. Un dans un foyer large et une tige longue et l'autre dans un foyer étroit et une pipe courte. Des pipes que tout oppose.

Y-a-t-il vraiment des types de foyers à privilégier pour des types de tabacs ? Types de coupes ?

Je n’en sais franchement rien.

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