Questions aux pipiers

par Gilles

02/03/09

Gilles a eu l'idée de poser ces deux questions à des pipiers, que nous remercions ici, encore, de leur disponibilité et de leur gentillesse. Les voici :
- La forme que vous préférez réaliser, celle qui vous procure le plus de plaisir ?
- A contrario, celle qui vous pose le plus de problèmes, qui constitue un vrai challenge ?
Et voici leurs réponses...
traduites par Claudius, Erwin, Flavio et Gilles
merci à Tarek Manadily

Rainer Barbi

C’est une question intéressante et il est difficile pour moi d'y répondre correctement.

Il y a deux sortes de pipiers :
Les premiers partent d'une idée, font des croquis et choisissent la bruyère adaptée pour cette réalisation.
Les autres travaillent en harmonie avec la bruyère et essaient de découvrir ce qui dort sous la matière brute.
C’est à ce second groupe que j'appartiens. Je prends l'ébauchon, l’observe, le sens et essaie de comprendre son développement naturel et son message très intime.
Quand je détecte le message de cette pièce de bois "unique", je peux travailler en équipe avec la nature.
Donc la nature définit mon travail.
Seul ce jeu m'offre la chance de découvrir cet "appel" distinct. Et cette manière de procéder rend mon travail facile : la nature a beaucoup plus de possibilités en elle que mon petit cerveau humain. Donc je suis un pipier chanceux, je n’ai pas à penser.
Travailler en équipe signifie un peu plus. D’une part il y a la nature et d’autre part mon feeling. Ma sensibilité pour mettre au point une interprétation du message en accord avec mon style et mon savoir-faire et les concilier pour une performance ultime, une réalisation manuelle parfaite.
C'est difficile. Et le résultat n’est pas parfait chaque jour. A mon sens.
Mais je prends mon pied dans ce jeu. Donc chaque jour je vais au casino et tente la chance comme un joueur.
Et comme un joueur j'ai l'espoir de gagner un jour le gros lot. Cela m’oblige à essayer encore et encore. Jusqu'à ce jour unique, je recherche "la performance absolument ultime" enfermée dans une absolue rareté.
Ce jour sera mon dernier jour dans la fabrication de pipes. Alors j’aurai atteint la limite et n'aurai plus de sommets à atteindre. Mon travail de recherche sera terminé.
Rick Newcombe, un auteur américain et un collectionneur, a utilisé cet espoir comme titre de son livre : "In search of pipedreams". Et ainsi, il a tracé ma voie et mes espérances dans la fabrication de pipes. Mais aucune crainte, ce point de rupture ne sera jamais atteint.
De toute ma vie je n'ai jamais vu de pipier qui ait atteint ce "point ultime". Et je n'ai jamais découvert cette pipe parfaite, qui soit l’ "Ultime".
Cela donne espoir et avenir.
Ne dites jamais "Non".

J'espère que je peux comprendre vos mots correctement : voulez-vous dire, quelle est pour moi, la forme la plus difficile à exécuter manuellement ? Et que j'ai le désir de réaliser un jour ? Ou que je ne suis pas capable de tailler ?

Dans ma recherche de performance et de coopération avec la matière brute il n'existe pas de forme difficile. La seule limitation : les limites de la nature. Une limite est la Billiard ultime avec un straight grain absolument parfait. Mais ça dépend de la nature et du développement du broussin. Le grain du broussin part toujours du centre comme le feu du soleil. Donc pour faire une billiard au grain parfait, il faut que la nature, durant sa croissance, fasse une erreur.
Par exemple : le broussin grandit à côté d'une pierre et une partie du broussin est plat.
Alors seulement, quand ma scie coupe ce morceau correctement, j'ai une chance de réaliser cette Billiard absolue dans un grain ultime. Et seulement si je n'ai aucun défaut dans la bruyère.
Oui, c’est le plus difficile. Et je n’ai rencontré cela qu’une fois au cours de ma vie. Ce travail de la nature est ma limite.
Mais ça n'est pas personnel, c’est le même problème pour tous les "ultra carvers". Cela signifie que nous avons une limite. La limite de la nature, pas la limite de notre habileté.
D'autres formes, d'autres performances ? Où est le problème ? Comme Former, je suis un ancien artisan. Avec beaucoup d'expérience.
Et cette expérience nous permet de travailler tous types de réalisations. La seule question : que ferons-nous ?
Les pipiers haut de gamme ont un style propre et unique. Et de cette façon leur production personnelle à une identification spécifique. N’importe qui d'expérimenté peut identifier les formes et la griffe d'un pipier.
C’est le secret des pipiers haut de gamme, prisonniers de leurs performances, de leur style et de leur savoir-faire. Ils ne se détournent pas de leur chemin. Ils sont solides dans leurs performances. Et ils ne créeront jamais de copies.
Donc quelle est ma voie et ma limite ? Seulement de découvrir cette pipe ultime. EEt de créer seulement en fonction de mes idées, avec mon propre style. Rien d'autre.
Et particulièrement pour moi, de créer des pipes de formes traditionnelles. Ces formes qui résistent au temps. C’est mon défi.

Philippe Bargiel

J’aime les formes simples mais fines et élégantes, ma préférence va vers les courbes dont les tiges plongent sous le foyer pour préserver les lignes, les courbes vues de profil. Que la tige donne une base au fourneau, en forme d’ogive, je trouve cela plus élégant.

Pour la difficulté les facettes, comme une pipe hexagonale par exemple.
Il faut que toutes soient identiques et que les deux arêtes soit parfaitement dans l’axe de la tige. Sur l’écume, très pâle, l’approximation ne pardonne pas.

Paolo Becker

Ma préférence concernant les formes est le fourneau rond/sphérique. Apple et/ou Galles, par ailleurs j’aime celles avec juste une petite asymétrie sur la silhouette du fourneau. De cette façon je pense avoir ma conception personnelle des pipes rondes. J’ai joint des photos de pipes que j’aime faire (Maya-Galles).

Faire des pipes est toujours difficile, toutes les formes durant le façonnage demandent beaucoup d’attention pour équilibrer les proportions, la ligne et tout. Mais une pipe est très difficile pour moi. Les commandes de pipes "conception propre" de quelques fumeurs. Certaines commandes sont très rigoureuses concernant les dimensions : hauteur et largeur du fourneau , le diamètre des ouvertures , les dimensions de la tige et du tuyau ... le poids . Cela empêche l'expression de ma créativité , sans inspiration et liberté d'action c'est psychologiquement difficile de développer le travail. Oui c’est très dur. Je suis quand même très fier d'avoir ces commandes et heureux de savoir que le fumeur aime le résultat de mon travail.

Wolfgang Becker

Le plus grand "kick" dans le travail est de faire des formes asymétriques, particulièrement des variantes de mon archétype nommé "waspe".

Le plus difficile et le plus grand challenge pour moi est de faire des blowfishes.

Wolfgang Becker

Wolfgang Becker

Wolfgang Becker

Blowfish

Wolfgang Becker

Waspe

Marco Biagini

La forme que je préfère réaliser est celle qui exalte la flamme. En général les pipes Magnum. Quand j'ai un beau bloc de bruyère, j'aime l'utiliser entièrement pour obtenir une explosion de flammes et d'œils-de-perdrix.

La forme que je trouve difficile à réaliser est la Billiard droite. Il est difficile de faire cette forme manuellement en respectant toutes les proportions.

Marco Biagini

Magnum

Marco Biagini

Magnum

Marco Biagini

Billiard

Paul Bonaquisti

Je choisirais la Bulldog comme la forme que je préfère tailler, comme j'apprécie la forme elle-même et le fait qu'il y ai tant de variantes intéressantes de cette forme ! Bulldog, Bent Bulldog, Rhodesian, Bullcap, Bullmoose, etc, sont toutes des variantes de la classique English Bulldog.

Comme un sculpteur, je peux expérimenter avec différents aspects de conception comme la hauteur ou la largeur du fourneau, la forme de la tige et du tuyau (diamant, rond, ovale, etc.) dont tous changent radicalement la forme, même si elle reste reconnaissable en tant que Bulldog dans sa forme. Je fais actuellement plus de 10 formes de Bulldog de façon régulière, et ai fait plus de versions de cette forme que n'importe quel autre.

Je n'ai jamais été à court d'idées de conception pour la forme Bulldog, et ne peux pas penser à une autre forme qui me permette tant de possibilités… c'est pourquoi elle reste la forme que je préfère travailler. Il y a encore beaucoup de nouvelles et différentes Bonaquisti Bulldog que je dois encore concevoir et tailler !

Bien qu'elle ne puisse pas se présenter comme "très difficile" à tailler, la forme sur laquelle je me concentre le plus est toujours la Billiard. Comme c'est probablement la forme de pipe la plus reconnue et établie, j'estimerai toujours que la taille d’une Billiard "parfaite" est le banc test de référence de l’habileté d'un pipier.

À la différence des freehands, où la conception peut être changée pour s’adapter au grain ou au bloc de bois, une forme classique comme la Billiard a des paramètres de conception qui doivent être respectés. Bien qu'il ne soit pas difficile de faire une pipe qui "ressemble" à une Billiard, faire une Billiard parfaite avec les dimensions correctes et la symétrie est le vrai test de l'art du pipier.

Nous avons tous vu beaucoup de représentations de cette forme au cours des années, mais vous pouvez toujours reconnaître un exemple "parfait" quand vous le voyez. Atteindre la perfection d’une forme si bien établie, avec des paramètres si rigides peut être un exercice intéressant pour tout pipier !

Paul Bonaquisti

Bulldog

Paul Bonaquisti

Billiard

Paul Bonaquisti

Bulldog

Claudio Cavicchi

Les plus faciles à faire ce sont les formes Dublin type XL Dublin CV569 et FF Dublin CV484. Cette forme donne une ample possibilité de corrections pour ôter les éventuels défauts de la bruyère et obtenir, dans tous les cas, un beau modèle.
De plus, elle présente l'avantage de suivre le développement et l'orientation du grain.
Le résultat : presque toujours une pipe flammée avec peu d'imperfections.

La forme la plus difficile, comme tu le sais bien, c'est la Billiard.
Quand je commence à faire ce modèle je me dis toujours : "Voyons les défauts qui vont sortir cette fois-ci ! "
En effet je suis presque sûr qu'elle ne sera pas parfaite car la possibilité d’enlever les sandpits, en respectant la forme, est minime.
Le résultat : faire une Billiard avec les bonnes proportions , flammée et sans imperfection , est vraiment un défi.

Claudio Cavicchi
Claudio Cavicchi
Claudio Cavicchi

John Crosby

Je pourrais dire que la Squashed Apple est la forme que je préfère tailler. Il y a beaucoup de choses que l'on peut faire avec cette forme pour la rendre unique et nouvelle. Je les trouve juste amusante à travailler.

La Blowfish peut être stimulante. Même s’il y a beaucoup de place pour l’interprétation, (ce qui pourrait faire penser que le travail est plus facile) il peut être difficile, pour travailler avec le grain, de se trouver aux prises avec toutes ces lignes et niveaux. Chacun a son idée sur la façon dont doit être faite une Blowfish, ainsi il y a un large éventail disponible. J'ai une fois entendu un collègue pipier faire remarquer que "la Blowfish est la version pipière d'un Martini*" et je pense que c’est une grande description.

*C'est en référence aux nombreuses versions d'un Martini qui sont devenues populaires. Au moins ici aux EU il semble que chaque bar a sa propre version, chacune étant faite juste un peu différemment. Par exemple, certains ont des saveurs ajoutées comme la pomme et l’airelle. Pour la blowfish il semble que se soit la même chose avec les pipiers, ils ont tendance à prendre l'idée de base de ce qui compose la forme blowfish et y ajoutent ensuite leur propre tournure pour en faire la leur.

John Crosby

Bamboo

John Crosby

Volcano

Gabriele Dal Fiume

Les formes que je préfère réaliser ce sont les libres, où je peux reconnaître le naturel de la bruyère et en suivre le chemin.
Cela me donne inspiration et joie. A l'intérieur de la bruyère je trouve des parties flammées à coupe cross-cut et avec oeils-de-perdrix et la lecture de tout ça me donne l'inspiration juste pour y voir formes particulières et florales.

Les formes plus difficiles à réaliser selon moi sont la calabash et la nautilus. Trouver les plateaux de bruyère et les justes proportions avec une harmonie naturelle n'est pas chose facile.

Rad Davis

En ce moment, ce que je préfère, ce sont les bulldog/rhodésiennes et leurs variantes. J'ai commencé à fabriquer ces formes l'année passée (2008) et je joue toujours un peu avec une forme qui est nouvelle pour moi. J'en fabrique avec des tiges longues, courtes, évasées, droites, avec des foyers hauts, trapus, anguleux, etc. C'est marrant et je trouve beaucoup de formes aussi diverses qu'attrayantes sans pour autant trop m'écarter de la forme originelle.

La billiard classique est tellement connue qu'il est quasiment impossible de la faire varier. Au moindre écart, on perd la forme. Il faut vraiment la respecter strictement pour ne pas risquer de s'entendre dire "Pas mal, mais c'est pas une billiard". Cela dit, elles restent un plaisir à fabriquer.

Rad Davis

Rhodesian cumberland

Rad Davis

Rhodesian ébonite

Rad Davis

Billiard

Stephen Downie

J'aime tailler à peu près toutes les formes de pipe qui me laissent une certaine latitude créative. Heureusement la plupart des formes vous permettent d’essayer des choses nouvelles et différentes. J'aime vraiment le genre de pipe sur lesquelles je peux passer des jours à travailler et qui permettent de se détacher des normes. Les conceptions nouvelles sont particulièrement passionnantes et trouver une nouvelle tournure sur une ancienne conception peut être très enrichissant. Il est amusant de s'asseoir avec le carnet de croquis et de voir ce qui en sort.

Les formes que je trouve les plus difficile à réaliser sont celles où je suis contraint de respecter un plan spécifique. Une fois j'ai eu un monsieur qui m’a remis un morceau de papier en guise de plan avec des angles et des mesures précises. Ce n’est pas que faire ce genre de pipe soit difficile, ça manque juste de créativité. Etre créatif est l’un des grands avantages du métier de pipier et les pipes comme celle-ci ne me permettent pas un surcroît d’excitation. Cela ne veut pas dire que je n'aime pas faire des billiards ou des formes classiques parce que dans ces formes il y a encore beaucoup de place pour être créatif.

Stephen Downie

Blowfish

Stephen Downie

Sunshower

Stephen Downie

Firedrop

David Enrique

Je prends plaisir à fabriquer toutes les formes de pipe. Du moins, toutes les formes que je juge harmonieuses. Ce que je n'aime pas, ce serait de fabriquer x fois la même forme dans la même période. Et je n'aime pas beaucoup non plus qu'on m'impose tout un tas de paramètres comme les dimensions exactes de la pipe, la finition, le matériau de la bague, etc. Je ne suis pas un robot :-)

Et j'aime particulièrement essayer de nouvelles formes que je n'ai jamais fabriquées.

Justement, j'adore les challenges. Même si ça peut être quelques fois stressant, ce sont les challenges qui nous poussent à nous améliorer. Faire une billiard classique et bien équilibrée n'est pas évident. Mais ce que je trouve le plus difficile, c'est de faire une belle Bulldog. Que ce soit une bulldog droite classique ou une Danish Bent Bulldog, ce n'est jamais facile. Chaque détail est important lorsqu'on est perfectionniste et ce genre de forme ne pardonne aucune erreur.

David Enrique

Billiard brown

David Enrique

Billiard pencil

David Enrique

Billiard purpple bamboo

Lee Von Erck

J'ai joint 3 images de pipes que je trouve amusantes à réaliser. Les formes jouent avec le grain d'une façon incontrôlable qui me force à deviner ce qui va arriver. Ces formes ont très peu de flame grain et passent presque immédiatement du straight grain aux oeils-de-perdrix. J’aime bien la sensation de confort de ces formes dans ma main.

La plupart des formes classiques sont difficiles comme chaque fumeur de pipe ou chaque fabrique de pipes a sa propre idée sur la forme idéale de ces modèles. La bulldog parfaite pour l'un est une forme ratée pour l'autre. Est-ce que le fourneau d'une billiard doit avoir une inclinaison vers l'avant de 3 ou de 5 degrés ?
Si c'est 3 degrés comment le propriétaire le mesure-t-il ? Une prince a-t-elle un tuyau courbe ? Combien de courbure ?

Corrado Frignani

Toutes les pipes que je construis me satisfont. Toutes sont tirées de mes dessins et différentes entre elles.

Certaines pipes freehand avec le système Hoof qui, en plus d'un dessin élaboré, demandent beaucoup de précision dans les ouvertures pour une bonne fonction et dans les accouplements.

Love & Sara Geiger

Avant tout permettez-moi de préciser que les pipes Geiger sont créées par moi et ma femme Sara et que nous contribuons de manière égale à chaque pipe sortant de notre atelier. Beaucoup de personnes ne sont pas conscientes de cela, car j'ai commencé en solo, ce qui explique que je vais répondre à vos questions au pluriel.

Ne connaissant pas le sujet de l'article je vais répondre de manière un peu simplifiée.

1-Notre plus grande joie c’est quant nous sommes capables de contribuer à quelques chose de nouveau pour le monde de la pipe. Qu’il s’agisse de nos propres formes (Logo, Yin-Yang...), en modifiant les formes d'autres pipiers connus pour les interpréter selon notre propre expression, ou lorsque nous repensons nos formes existantes pour trouver de nouvelles variantes ou améliorer une pipe existante.

2-C’est en relation avec la première question dans le sens où certaines nouvelles formes exigent beaucoup de réflexion pour un croquis réussi esthétiquement et un placement du grain harmonieux et fonctionnel. Souvent, nous faisons un prototype en pin juste pour l’observer en trois dimensions, l'évaluer et le sentir dans la main avant de prendre le risque de perdre un précieux bloc de bruyère. Et parfois je dois même créer de nouveaux forets ou d'autres outils pour ce modèle spécifique juste pour obtenir un travail correct.

Mais il n'y a pas de réponse facile car toutes les pipes présentent des problèmes différents qui doivent être résolus. Quand vous prenez les défauts de la bruyère en considération, et devez retravailler et repenser votre idée originelle, vous créez parfois une forme totalement différente. Fabriquer une pipe c’est vraiment résoudre des problèmes et certaines nuits je reste éveillé jusqu'à ce que j’ai trouvé les solutions.

PS : J' ai ajouté une photo d'une pipe que nous avons en cours et que nous considérons comme une des pipes les plus stimulantes que nous ayons faites jusqu’à présent.

Love & Sara Geiger

Mounted Sphynx

Love & Sara Geiger

Mounted Sphynx

Love & Sara Geiger

Yin-Yang

Jeff Gracik

Il y a beaucoup de formes que je trouve stimulantes à travailler. Certaines sont attirantes parce qu'elles présentent un défi unique du point de vue technique ou artistique. D'autres sont préférées parce qu’elles sont simplement très plaisantes à faire. Je crois que la forme que je préfère réaliser est ma Nautical Dublin. Je l'aime parce que la Dublin est une forme parfaite pour un bloc de bruyère et cette variante particulière combine plusieurs éléments (lignes, tige casquette, pentes, etc.) que je trouve, franchement, amusante à créer.

Chaque jour et chaque forme présente un ensemble unique de défis. On ne peut pas prévoir ce qui se trouve sous la surface d’un bloc de bruyère avec une justesse parfaite, par conséquent il faut toujours être prêt à répondre aux situations comme elles surviennent. Les formes classiques sont particulièrement difficiles à cause de la nature impitoyable de leur conception. Il faut prendre une forme très précise et la contraindre dans un bloc de bruyère qui n’a peut-être pas la moindre envie de devenir cette forme. Par conséquent, la quête d'une pipe lisse dans une forme classique est une très difficile. Je crois, cependant, que le genre de forme le plus difficile est dans le style moderniste. Elles s'inspirent des traditions françaises et anglaises classiques et danoises modernes dans leur jeu de lignes et leur dynamique, mais elles tentent de créer des formes souvent compliquées, fluides à l'impressionnante complexité et cependant dotés de suffisamment d'élégance pour que la forme soit abordable et compréhensible. Ces formes, comme ma Reclining Mesa ou ma Dewdrop sont, pour moi, les plus stimulantes à cause de l’absolue complexité de tisser ensemble toutes les idées souvent disparates dans un tout unifié.

Jeff Gracik

Dewdrop

Jeff Gracik

Nautical dublin

Jeff Gracik

Pinecone

Robert Gruszczynski

Mes préférences quant aux formes de pipes en bruyère sont liées à une recherche visant à juxtaposer ajours et surfaces pleines de sorte à préserver le juste équilibre artistique. Les ajours ne doivent pas dominer mais plutôt compléter la forme générale de la pipe de façon à donner à la pipe une légèreté visuelle et en même temps laisser suffisamment d'espace au grain pour qu’il puisse révéler sa beauté. L’idéal que je poursuis en ce qui concerne la forme c’est de réaliser des pipes qui seraient de belles sculptures fonctionnelles. Mon approche est dictée par ce que moi-même j’attends d’une pipe quand je la fume, c’est qu’elle me m’apporte non seulement une expérience agréable de fumage, mais aussi des sensations esthétiques liées à sa forme harmonieuse, sa couleur etc. Réassumant j’attends de la pipe que par sa forme elle soit un objet d'art, unique en son genre, et j’essaye d'éviter de répéter des modèles mille fois copiés.

Ce qui pour moi est particulièrement excitant (ceci n'est pas peut-être pas strictement du domaine de la forme) c’est quand j’essaye de montrer la beauté de la bruyère en juxtaposant deux types de surfaces : lisse et sablée. La Spanishdancer 8 - en donne un exemple : l’ajour au talon du fourneau ainsi que le rebord du haut du foyer et l’enflure sont lisses tandis que les parois latérales et frontale du fourneau sont sablées. Le sablage profond passe graduellement au superficiel vers le dessous du fourneau de la tête pour disparaitre sur la tige.

Il est évident qu'il est plus facile d'obtenir une surface "parfaitement" lisse sur une forme pleine que sur une forme qui contient des ajours. Arriver a atteindre une surface bien polie sur la partie extérieure des ajours tout en la gardant du côté intérieur - un peu caché à l’œil - moins polie n’est pas encore des plus difficiles. En ce qui me concerne je m'efforce à exposer le grain de la bruyère aussi sur les cotés de l'intérieur des ajours, même si cela signifie consacrer de longues heures de polissage de la surface aux endroits les plus difficiles à atteindre.

Dans mes premières réalisations de pipes je cherchais à relever des défis fort ambitieux avec des formes et des ajours complexes: Welonka en est l’exemple. J'y ai renoncé en faveur de la fonctionnalité de la forme de la pipe que j’ai jugé être plus importante.

Robert Gruszczynski

Spanishdancer

Robert Gruszczynski

Snail

Robert Gruszczynski

Spanishdancer

Peter Heding

J'aime vraiment la plupart des formes de freehands, mais mes "propres" modèles, comme les "Lion", les "Disc", les "Fish ", sont les formes que j’aime le plus faire.

Chaque fois que je travaille sur un de ces modèles, j'essaye de le modifier un peu pour améliorer la forme dans son ensemble et si ça s’avère encore mieux que les précédents c’est très agréable.

La plupart des formes sont difficiles à faire. Cependant, faire globalement la forme brute est en réalité tout à fait simple, le plus difficile est d’obtenir "l'expression" juste à 100 %. Cela peut être une question de petits détails qui font une différence énorme à la fin.

Aussi, si je prévoie de faire une pipe avec beaucoup de détails sculptés, je me retrouve à poncer une pipe pendant un jour entier pour obtenir la finition parfaite – C’est un dur labeur!

Parmi les nombreux modèles que j’ai réalisé, je trouve que le "Blowfish" est le plus stimulant à faire, parce qu’il contient un élément asymétrique, signifiant que vous devez travailler avec 3 dimensions variables au lieu de 2, ce qui est commun pour la plupart des modèles de pipe.

Peter Heding

Disc

Peter Heding

Lion

Peter Heding

Tomato

Jack Howell

Merci beaucoup de m’écriture et de penser à moi pour votre article. Pardonnez, s'il vous plaît, ma réponse tardive. Mon respect pour votre forum m'oblige à répondre de manière réfléchie. Il pourrait avoir été plus facile, cependant, de dire lequel de mes enfants est mon préféré ou le plus difficile. Ils tous ont leurs moments.

En me creusant la cervelle, je ne peux pas penser à une forme préférée. Je ne pense pas avoir un favori. Un producteur artisanal de mouches artificielles, avec qui j'avais l'habitude de m'entretenir, me dit un jour qu'il ne pensait pas avoir capté parfaitement les lignes exactes d'une mouche avant d'en avoir produit 100 douzaines. J'aime les classiques comme les Billiards et les Bulldogs autant que les Clams et les Cobras.

A propos des Clams et des Cobras, il y a différentes sortes de difficultés. Les pipes comme ces deux formes sont difficiles manuellement et demandent beaucoup d'attention pour être correctes parce qu'elles sont symétriques - un côté est exactement le même que l'autre et si une courbe est plus profonde ou un bord plus épais que l’autre on le remarquera. Mais parce qu'elles sont symétriques le défi est bien défini. Je trouve une Blowfish plus facile manuellement, mais plus stimulante conceptuellement. Ce n'est pas la forme que je préfère regarder, en général, mais il y avait une Blowfish de Lars Ivarsson au Chicago Show 2004 qui m'a tenu captivé pendant une demi-heure. Je suppose que la Blowfish est la forme la plus difficile pour moi, au moins pour le moment, parce que j'essaye encore de trouver ce que je peux y apporter.

Jack Howell

Clam

Jack Howell

Ukulele

Jack Howell

Volkimo

Paul Hubartt

Je ne peux pas honnêtement penser à une forme spécifique que je préfère tailler. Ma semaine de travail commence le samedi. Je choisis d'habitude deux ou trois blocs de bruyère, les mets de côté, et dessine sur le bloc la forme qui convient le mieux au grain. D'autres fois j'ai une forme à l'esprit et trouve le bloc qui convient le mieux à cette forme. Le dimanche, j’élimine l’excédent de bois à la scie à ruban, perce les blocs, et m’assoie avec chaque tête de pipe, répétant mentalement comment je vais exécuter la forme. Durant le reste de la semaine je travaille la forme sur les têtes de ponçage. Parfois je travaille sur une pipe du début à la fin, d'autres fois je travaille un peu sur chaque pipe. Ca dépend vraiment de l'humeur ou de l'inspiration. J'apprécie vraiment particulièrement de faire des pipes sculptées, comme les Wax Drip ou les pipes Créatures. Il y a une grande liberté de création avec ce type de pipes. J’aime aussi faire ma griffe, les Tree Bark Poker, simplement parce que j'ai essayé de perfectionner la finition au fil des ans. La finition est un travail difficile et un labeur d’amour.

La forme que je trouve le plus difficile est la Bent Bulldog avec sa tige diamant . Je dois encore attendre pour offrir cette forme à la vente, parce que je n'ai pas été 100 % heureux dans mes tentatives. Les formes de pipe classiques suivent un ensemble de règles en vue d’une exécution correcte. N’ayant jamais reçu d'enseignement officiel, je dois acheter un exemplaire de la forme classique que je veux faire et pouvoir ainsi l'étudier. Cette méthode est très bien, mais ne peut jamais remplacer l'instruction visuelle. Je crois qu'un pipier doit être capable de maîtriser une forme classique avant modification ou réalisation d'une nouvelle interprétation de cette forme. Des règles rigides peuvent alors être assouplies, devenant plus une ligne directrice que quelque chose d'écrit dans la pierre. Étant un non-conformiste naturel et un transgresseur de règles quand il s’agit de formes et de lignes, je considère toutes les formes classiques difficiles et stimulantes.

Paul Hubartt

Stack poker

Paul Hubartt

Wax drip hand

Paul Hubartt

Three bark poker

Peter Klein

Si je suis assis devant les disques et que je veux faire un fourneau de pipe à partir d’un bloc de bruyère, c'est toujours un défi pour moi. Parce que l'on veut produire le meilleur. La tête doit être impeccable. Si une erreur survient, je devrais peut-être modifier la forme initiale. C’est simplement cela prendre son pied.

Pour la seconde question, toutes les formes de pipes sont un challenge pour moi. Classiques, Danoises ou Fantaisies peu importe.

Former m'a dit une fois : si vous pouvez faire une pipe classique, vous pouvez tout faire. J'ai pratiqué longtemps pour faire une pipe classique, aujourd'hui je peux.

Peter Klein

Pickaxe

Peter Klein

Apple

Peter Klein

Volcano

Gregor Lobnik

J'aime tailler les formes classiques qui, je pense, sont les plus difficiles à faire.

Cornelius Maenz

Une forme de pipe avec laquelle je prends vraiment mon pied.... mhhh .... cela change de temps en temps.

Il y a longtemps c'était la "Blowfish" ... jouer avec la tige, l'angle et la longueur est quelque chose qui m’amuse vraiment beaucoup.

Mais à l'heure actuelle c'est la (vraie) Calabash avec le sommet amovible. Un frisson technique et aussi une forme qui permet beaucoup de variations...

La forme la plus difficile : Pour moi c'est toujours la Billiard. Honnêtement jusqu'ici j'ai échoué à faire une vraie Straight Grain Billiard. Il y a toujours quelque chose qui ne me satisfait pas !

Je pense que cela me taquinera pour les vingt ans qui viennent...

Cornelius Maenz

Blowfish

Cornelius Maenz

Calabash