Dégustation de Tabac

par Fred Hanna, traduction de Jean-Daniel Chambaz

02/04/07

Devrions-nous devenir plus disciplinés ?

Des rapports de dégustation de tabac à pipe peuvent maintenant être trouvés sur le Web, dans des journaux spécialisés et dans des magazines de pipe sur papier glacé. J'aime beaucoup lire les impressions des gens à propos des divers tabacs et comment ils choisissent de décrire leurs expériences gustatives. Malheureusement, il en ressort que presque aucun de ces critiques ne comprend vraiment ce qu'il fait. Il est peut-être temps pour les fervents de la pipe d'en apprendre un peu plus sur le sujet de la dégustation en général. Peut-être que la meilleure manière de le faire est d'examiner la dégustation du tabac à pipe dans le contexte de la discipline de la dégustation de vin. J'ai travaillé dans le domaine du vin pendant 10 ans. Aucune autre discipline dans la vie humaine n'a plus rigoureusement étudié ou religieusement compilé les diverses catégories d'une expérience gustative particulière. J'ai passionnément étudié les vins, tant intellectuellement qu'expérimentalement, pendant 25 ans et ai édité un périodique du vin, avec des notes de dégustation, pendant sept ans. J'ai professionnellement conduit au moins 50 dégustations de vins, dont la plupart en aveugle, dans lesquelles aucun des participants (et souvent moi-même) ne savait quels vins nous goûtions. J'ai également étudié et j'ai échangé des notes et des observations avec l'un des (alors) sept Maîtres Sommeliers d'Amérique, qui est maintenant une personnalité connue nationalement sur la scène américaine du vin.

Est-ce que tout ceci a fait de moi un acteur majeur dans les affaires de vin ? À peine. En fait, même pas vaguement. Mais ceci pourrait me qualifier pour proposer ce qui pourrait bien être une perspective indispensable. Ce que mon expérience œnologique m'a procuré a été une éducation extrêmement valable sur les subtilités et les complexités intervenant dans le sens humain du goût. Ainsi, en appliquant ces expérience et culture aux tabacs à pipe, je peux en venir à une conclusion longuement mûrie. Déguster des tabacs à pipe est profondément plus complexe, ambigu, subjectif, et porteur de défi que déguster du vin. Permettez-moi, s'il vous plaît, d'expliquer ceci.

La discipline du goût du vin est sans cesse menacée par des problèmes de subjectivité et d'ambiguïté, et elle a eu beaucoup de peine à aborder ces vraies questions, de sorte que les rapports des impressions gustatives par un dégustateur puissent présenter plus de validité et de fiabilité pour une grande variété de fervents du vin. Mais, à la différence du tabac à pipe, le vin n'est pas goûté en le bourrant dans un fourneau chaud et garni de résidus d'autres vins. Le vin est goûté proprement et directement, mais goûter du tabac à pipe ne peut jamais être aussi simple. Dans le dernier cas, le fourneau est considéré impropre à la dégustation jusqu'à ce que le résidu d'autres tabacs (le culot) lui-même soit suffisamment développé. En outre, du vin n'est pas transformé par une combustion et n'est pas converti en fumée. Il sort de la bouteille en tant qu'un liquide et reste tel quel. Le bouquet d'un vin fin est déjà évident et émane du verre. Ironiquement, dans le fumage de pipe, on ne peut même pas sentir directement l'arôme de son propre tabac en train de brûler. Il sent différemment quand ce même tabac est fumé dans la pipe d'un autre. Du vin est goûté pour ce qu'il est, avec aussi peu de modifications que possible. Du tabac à pipe doit nécessairement être radicalement changé, allié, et détruit, afin de pouvoir être goûté et apprécié. Et ce n'est que la pointe de cet iceberg d'ambiguïté.

Néanmoins, et à mon insignifiant avis, le fumage de pipe est l'un des plaisirs les plus sous-estimés du monde. Quelque chose de merveilleux se passe ici, et doit être mieux compris. Nous avons tous une très bonne idée de pourquoi des tabacs sont magnifiques, et de pourquoi d'autres sont à éviter, mais sommes-nous capables de trouver une raison plus profonde et plus claire de pourquoi il en est ainsi ? J'écris cet article dans l'espoir qu'un jour nous le pourrons effectivement.

Dans mon expérience, l'expérience gustative offerte par une grande pipe adjointe à un grand tabac relègue même les meilleurs cigares cubains au statut de bas de gamme. Il n'y a aucune expérience gustative comme celle-ci sur terre, à mon avis du moins. J'ai goûté des vins extraordinaires, du légendaire Romanée Conti 1929 au Château Mouton Rothschild 1875 et au Château Haut Brion 1959. J'ai été submergé par les saveurs du Château Lafite et Latour. J'ai été charmé et séduit par les incomparables Le Musigny, La Tache et Chambertin. Cependant, après 25 ans de réflexion à ce sujet, je crois qu'au total, l'expérience des meilleures pipes avec de mes tabacs préférés est légèrement supérieure même au plaisir du vin fin. Comme je le disais, c'est simplement une opinion.

Maintenant, embarquons dans une analyse préliminaire à propos de quels facteurs influencent cette expérience profondément agréable. Il semblerait qu'il y ait trois groupes de facteurs ou de variables qui affectent directement la dégustation de tabac à pipe. Ceux-ci devraient être pris en considération, si cette discipline doit une jour atteindre à un quelconque degré de validité et de fiabilité. Les trois ensembles de variables sont (1) le tabac lui-même, (2) la pipe, et (3) le fumeur. Veuillez considérer qu'il y a là peut-être plusieurs variables que j'ai manquées ou insuffisamment considérées. Notez en outre que peu de ces variables sont nouvelles, mais elles ont rarement été, si jamais, cataloguées en une liste complète.

Les variables du tabac

Un des facteurs les plus influents qui affecte le goût du tabac à pipe est la température du tabac en combustion. C'est au-delà de savoir si le tabac brûle chaud ou froid. Si le tabac brûle à température élevée, il goûtera souvent différemment, même dans la même pipe. J'ai noté que quand la température est basse, un Virginia ou le tabac anglais peut montrer des subtilités de goût et de saveur qui ne sont pas évidentes quand le fumage est plus intense et que la température est haute. J'ai observé de près que ces subtilités disparaissent avec précision au point où la température atteint un certain niveau. L'effet net en est que le même tabac peut sembler sans intérêt et plat à un fumeur, et intéressant et fascinant à un autre, en fonction de la température de combustion du tabac.

Un autre facteur est l'humidité. Des tabacs goûtent différemment quand ils sont fumés humides ou secs. Mon ami Jeff Goldman insiste sur le fait que les Virginias donnent une plus pleine saveur s'ils sont légèrement humides. Plus de saveur est transportée avec la vapeur de cette humidité. D'une part, j'ai fumé beaucoup de mélanges anglais qui sont plus riches et plus pleins quand ils sont plutôt secs et qu'ils ont été aérés pendant un moment après que la boîte ait été ouverte. En ce qui concerne la dégustation, le même tabac peut avoir un caractère tout à fait différent selon son taux d'humidité, un facteur qui est non pertinent dans le monde du vin.

Le volume de fumée du tabac en combustion peut également avoir un effet sur le goût. Des tabacs ne libèrent pas des volumes énormes de fumée, et cependant, inutile de le dire, c'est un aspect crucial du pourquoi les gens «fument», en fait. Dans mes conversations avec des fumeurs de pipe, il a été dit beaucoup de fois que, si un tabac ne dégage pas beaucoup de fumée, ceci peut affecter comment le fumeur la considère en termes de saveur et d'expérience favorable globale. Après tout, l'odeur affecte le goût, à un certain degré.

L'âge du tabac est tout un sujet aujourd'hui, les boîtes non ouvertes avec certains vieux tabacs de Dunhill et de Sobranie se vendant sur eBay pour des centaines de dollars. En ce qui concerne la dégustation, cependant, même une boîte de deux ans sera sensiblement différente d'une qui est récente. J'achète le Night Cap de Dunhill dans un certain magasin, ici dans la région de Baltimore, et nulle part ailleurs en ville. Je sais que ces boîtes ont été sur l'étagère pendant plus de deux ans. En faisant sauter le couvercle, elle dégage immédiatement un arôme plus riche et plus plein que celui des boîtes de Night Cap d'autres magasins, plus récemment stockées. Je crois que cela apparaît aussi légèrement dans la saveur.

La coupe du tabac affectera fortement comment il brûle. Nous savons tous ceci, naturellement. Cependant, si un tabac a été à moitié utilisé et reste dans une boîte ouverte pendant un moment, il peut tendre à s'émietter un peu et, de fait, à réaliser une coupe légèrement différente et donc un ensemble légèrement différent de caractéristiques de combustion et de goût. Le Balkan Sobranie 759 était un bon exemple de ce phénomène. Un point mineur, mais néanmoins intéressant.

Le «nez» ou le parfum des tabacs à pipe est différent des vins en ceci qu'il y a «un bouquet double» avec ces tabacs. Il y aura un parfum caractéristique dans la boîte, et un complètement différent une fois transformé en fumée. Quelques critiques mentionnent ceci, mais peut-être est-il nécessaire de consacrer plus de temps à ce sujet. Le parfum du tabac dans la boîte n'est pas toujours indicatif du goût du tabac. Par exemple, je suis fanatique du goût du Ten Russians de Hermit, mais ne m'occupe pas de son bouquet dans la boîte. Le topping de fruit sur le Three Year Matured Virginia de Dunhill me donne mal à la tête quand je le fume, alors que ce parfum de framboise est très bien, dans la boîte.

Le facteur pipe

Dans cette section, consacrée à l'examen de l'influence de la pipe sur le goût du tabac, je devrais mentionner que le centre d'intérêt est la pipe en bruyère. Nous savons que l'écume de mer affecte la saveur d'une fumée différemment de la bruyère. Je considère à nouveau la différence en termes de vin. Les vins secs les plus fins, rouge et blanc, sont vieillis dans des fûts de chêne. Le chêne donne la structure et l'«épine dorsale» au goût du vin et augmente la saveur du vin en lui donnant des tons de grillé ou de vanilline. Je crois que la bruyère affecte le tabac à pipe en train de brûler plus ou moins de la même façon que le chêne affecte le vin, rendant les saveurs plus profondes, plus structurées, et plus douces ou plus riche en noix. Réciproquement, quand du vin est stocké dans des récipients plus neutres, tels que les cuves en verre, un caractère plus fruité se développe, qui n'a pas la profondeur ou la complexité donnée par le chêne. L'écume de mer, une substance plus neutre, ne semble pas avoir une influence sur le tabac comparable à celle de la bruyère.

Après ce préambule, intéressons-nous aux aspects spécifiques de la pipe en bruyère qui doivent être considérés dans la dégustation des tabacs à pipe.

La première condition requise pour déguster des tabacs à pipe est de le faire avec une pipe propre. Une pipe sale ne devrait pas être utilisée pour quoi que ce soit, et moins encore pour obtenir une impression objective d'un tabac à pipe. Je pourrais penser que c'est évident pour tous, mais, eh, j'ai travaillé dans le monde du tabac, et je sais qu'il y a beaucoup d'amoureux de la pipe qui nettoient rarement leurs pipes.

La pipe utilisée pour la dégustation devrait être entièrement rôdée, de sorte que des goûts acides ou amers ne compromettent pas le goût de tabac. En d'autres termes, la pipe devrait avoir un culot suffisant sur les parois de la chambre. Paradoxalement, ce même culot affecte profondément et inévitablement le goût du tabac. En fait, ceci a probablement plus d'influence sur le goût du tabac que la marque de la pipe. Quand j'ai discuté de ce sujet avec David Field, il en a convenu avec enthousiasme. Pour atteindre n'importe quel degré de validité et de fiabilité des impressions de goût, il peut être nécessaire de fumer le tabac plusieurs fois dans la même pipe. Il n'y a pas bien longtemps, j'ai fumé du Pelican de Butera dans une de mes Castello favorites. Il était remarquablement bon dans la première cuvette et était également bon, bien que différent, dans chacune des trois suivantes. Mais la dégustation de tabac à pipe au moyen d'une seule pipe est décidément très incomplète, ainsi que j'essayerai de le démontrer ci-dessous.

Certaines pipes fument plus chaud que d'autres. Ce n'est pas une question de température des parois extérieures du fourneau, mais de température de la fumée qui entre en contact direct avec la langue. J'ai déjà mentionné que la température du tabac en combustion affecte le goût. Dans ce cas-ci, quelques pipes simplement n'absorbent pas et/ou ne dissipent pas la chaleur aussi bien que d'autres. Ce pourrait être une question de traitement de la bruyère, mais c'est probablement bien plus que ceci. L'épaisseur des parois peut avoir un certain effet ici, mais j'ai possédé plusieurs Charatans à parois épaisses qui avaient tendance à fumer chaud. Quoi qu'il en soit, la fraîcheur de la pipe elle-même doit aussi être être prise en considération en évaluant des tabacs à pipe.

La taille du fourneau peut également être un facteur. Nous entendons souvent qu'un certain tabac est mieux apprécié dans une petite ou dans une grande cuvette. Il y a là quelque chose de mystérieux quant au pourquoi, mais j'ai une théorie. La partie inférieure d'un bol de tabac agit en tant que filtre pour les goudrons brûlants de la partie supérieure pendant que la fumée se fraie un chemin vers le fond de la cuvette et le long de la tige. Ainsi, les brins de tabac dans la partie inférieure de la cuvette se transforment – vieillissent, si vous voulez – en ce sens qu'ils contiennent maintenant plus de goudrons et de résidus de tabac que le tabac dans la partie supérieure. Dans une grande cuvette, il y aura plus d'accumulation de ces substances. Ceci pourrait amener des saveurs plus intenses, plus amères, ou complexes, selon les circonstances. Ainsi, si un tabac commence à goûter amer vers la fin, un conseil correct dans le compte-rendu du tabac serait de confiner son utilisation à un plus petit fourneau. Si un tabac accumule de plus en plus d'intensité, de richesse, et de complexité de saveur, le fumer dans une plus grande cuvette semblerait être logique. Heureusement, beaucoup de dégustateurs prennent ce sujet en considération.

Quant à la forme d'une cuvette, qu'elle soit en forme de U, de V, de grand ou de petit diamètre (comme dans un pot ou une pile), je n'ai aucun idée de la façon dont ceci affecte le goût. Ca affecte certainement les caractéristiques de combustion. Cependant, j'en ai entendu parler comme étant facteur de goût. Simplement, je n'en sais rien.

Une autre considération importante à garder à l'esprit lors d'une dégustation de tabac est l'endroit dans lequel le fumage se produit, lorsqu'on prend des notes à ce sujet. Le tiers moyen d'une cuvette s'est avéré fumer plus chaud, alors que les tiers supérieur et inférieur tendent à fumer plus frais. Ainsi, avec certains tabacs, des éléments de saveur peuvent ainsi être perdus pendant la combustion du tiers médian, qui peuvent être présents au début ou réapparaître vers la fin. Il faudrait aussi en tenir compte lors de la compilation des notes de dégustation.

Ce peut être une erreur de dire qu'un tabac fume humide alors le problème vient d'une mortaise incorrectement alésée. Quand il y a trop d'espace libre entre le bout du tenon et le fond de la mortaise, une quantité considérable d'humidité peut s'accumuler. La pipe commence à glouglouter, et on est obligé de passer une chenillette à travers la tige et le tuyau. Trop souvent, l'accumulation d'humidité n'est pas tant due à l'humidité du tabac qu'à ce défaut dans l'exécution de la pipe. Ceci peut mener à la conclusion erronée que le tabac produit une fumée humide.

Influence du fumeur

Comme si toutes les variables précédentes n'étaient pas assez compliquées, voici où les choses le deviennent vraiment. Les variables produites par le fumeur sont de plusieurs types. Elles peuvent être dues à ses habitudes de consommation du tabac, ses attentes et son état d'esprit, et à des facteurs environnementaux. Le point le plus important, ici, est que le dégustateur de tabac à pipe, afin d'être aussi précis comme possible, a besoin de se rendre compte de ses propres habitudes de consommation et de sa mentalité, relativement à celles des autres fumeurs de pipe et au fumage de pipe lui-même.

Par exemple, la fréquence des aspirations du fumeur de pipe peut profondément affecter le goût du tabac pour des raisons déjà évoquées. Même des fumeurs expérimentés peuvent changer, dans leurs tendances à tirer plus profondément ou plus fréquemment que d'autres. Ceci affecte directement le goût du tabac. En outre, si le goûteur tend à être un fumeur humide, signaler qu'un tabac fume humide peut être en désaccord avec la façon dont un fumeur plus sec pourrait qualifier le même tabac.

La façon dont le fumeur bourre sa pipe, lâche ou bien tassée, peut également être directement reliée à la façon dont le tabac brûle et à la façon dont il goûte. Comme nous le savons, une cuvette bourrée lâchement tendra à fumer plus chaud, alors qu'une cuvette fortement tassée peut fumer plus fraîchement, mais est plus difficile à garder allumée. Les dégustateurs feraient bien de garder à l'esprit comment ils bourrent une pipe, et comment le même tabac se comporte, selon qu'il est tassé lâche ou serré. Beaucoup le font.

Les attentes du fumeur peuvent directement affecter sa perception du goût. Dans les dégustations à l'aveugles que j'ai menées, j'ai régulièrement observé des goûteurs de vin expérimentés être convaincu qu'un certain vin était un Château bordelais de qualité et en chanter les éloges, juste pour découvrir un peu plus tard que ce n'était qu'un modeste cabernet de Californie. De même, si quelqu'un a été informé par un prestigieux spécialiste de la pipe ou par un ami qu'un certain tabac est merveilleux, nos esprits peuvent modeler notre expérience pour l'assortir à nos espérances élevées. Réciproquement, si on est dans une humeur critique à l'heure de la dégustation, chaque petit défaut dans le goût du tabac peut être amplifié, avec le net résultat d'une impression faussée.

Dans la même ligne, la mentalité et les préférences du fumeur peuvent profondément influencer l'évaluation du tabac à pipe. J'ai souvent observé que la préférence pour un type de vin particulier peut amener certaines personnes à être incapables d'évaluer des styles opposés à leur préférence. Cependant, un dégustateur de vin qualifié sait surmonter ses propres préférences. Il ou elle peut ne pas être friand des vins faits à partir du raisin du sud de la France, par exemple. Néanmoins, un goûteur compétent saura déterminer quand ces vins sont bien faits et de qualité, malgré ce manque d'intérêt. J'ai observé les préférences de beaucoup de fervents de vin et j'ai constaté que certains ne s'inquiètent pas de la complexité d'un vin, lui préférant des saveurs grandes, puissantes et franches. D'une part, beaucoup d'autres aiment la complexité, l'élégance et la finesse dans un vin, et considéreront un vin comme inférieur s'il ne possède pas ces caractéristiques. Les deux ensembles de caractéristiques, une fois trouvés ensemble, sont idéaux, naturellement. Mais la question est de savoir si un dégustateur de tabac sera capable d'évaluer correctement un mélange, s'il est bien fait, mais pas du tout désirable ? C'est un talent qui doit être développé.

La dernière remarque que je veux faire, au sujet de la dégustation de vin et de tabac, est la question de goûter beaucoup de tabacs différents. Dans le cas du vin, du pain et certains fromages dégagent le palais, préparant les papilles gustatives pour découvrir le prochain vin. Certains dégustateurs peuvent ainsi goûter 20 vins ou plus en une séance. Aucune chance de ce genre, avec des tabacs de pipe. Le pain et le fromage ne sont simplement pas aussi efficaces, et il semble qu'il y a toujours une puissante trace laissée sur la langue par un bol de tabac, et qui prend un moment pour disparaître (ou être remplacée par une nouvelle).

En examinant la multitude des variables affectant la dégustation de tabac, j'espère que j'ai pu prouver que c'est une entreprise bien plus complexe, compliquée, et bien plus un défi que la dégustation de vin. Comprenez-moi bien, je ne dis pas que tous les dégustateurs de tabac à pipe devraient maintenant suivre ces directives particulières. Je relève seulement qu'ils ont entrepris une tâche incroyablement ambiguë et compliquée. Cependant, je crois que le choix considérable de termes descriptifs utilisés dans la dégustation de vins peut avantageusement être transféré à celle des tabacs à pipe. J'ai parlé de ce sujet avec Bruce Kaiser et Greg Pease, de qui sont des amoureux du vin, et ils en ont convenu.

De toute façon, la difficulté inhérente à la dégustation de tabacs à pipe démontre quelque chose de très positif. La pipe et le tabac sont inextricablement entrelacés et interdépendants. Il est difficile d'en séparer les expériences l'une de l'autre. Ensemble, ils forment une configuration, un rapport intégrateur dans lequel le tout est plus grand que la somme de ses parties.




Cet article a été à l'origine édité en février 2005 dans the Pipe Collector, le bulletin de la North American Society of Pipe Collectors. Vous pourrez trouver plus d'informations sur la NASPC sur leur site Web
Pipelore.net remercie la NASPC de lui avoir autorisé la reproduction de cet article, et fumeursdepipe.net exprime toute sa gratitude pour en avoir autorisé la traduction.
Si vous appréciez cet article, votre demande d'inscription sera prise en compte après avoir rempli le Formulaire d'Inscription.