Steffen Mueller

Steffen Mueller est né en 1966 à Stuttgart. Après quelques années passées à l'étranger, il s'installe dans le sud-ouest de l'Allemagne, au croisement du Rhin et de la Forêt Noire, à vingt minutes de la frontière française.

Steffen est fumeur de pipe depuis ses quatorze ans. Il a encore une photo de son père, marin, à la barre et pipe au bec. Il a voulu lui ressembler, et il a encore certaines de ses pipes. Ses pipes préférées sont les bonnes, offertes par ses amis ou sa famille. Mais il s'est rendu compte qu'alors qu'il travaille sur des formes complexes, il préfère fumer des pipes classiques. Il apprécie les mélanges au latakia - comme un rappel du vent marin, mais aussi les virginie/perique, et parfois des aromatiques.

En ce qui concerne son activité de pipier, Steffen y est venu sur le tard : c'est en 2009 qu'il réalise sa première pipe, comme cela, pour voir, mais il se rend vite compte que le pli est pris. Il poursuit, tout en pesant que ses formes sont si singulières qu'elles doivent être trop folles pour les autres, et ne conviendront qu'à lui. Mais on commence à lui demander s'il est possible d'acheter ses pipes, et, en 2010, il installe son atelier et commence à vendre ses modèles. Son premier acheteur est un certain Roger Wallenstein ...

En 2013, il stoppe son activité de biologiste, et devient pipier à plein-temps, même s'il travaille toujours, de temps à autres, dans une étude de design.

S'il est principalement autodidacte, observant les bonnes pipes et en essayant de travailler au mieux, il reçoit cependant les conseils avisés de Bertram Safferling, qu'il considère comme un grand professeur, et qui est maintenant un ami. Mais il a écouté attentivement Rainer Barbi, et Cornelius Maenz. Il garde cependant toujours à l'esprit le conseil de Wallenstein : Suis ta voie, et ne laisse pas les autres te dire ce que tu dois faire.

Comme d'autres pipiers, il se sent influencé par le travail d'autres sculpteurs, notamment ceux qui repoussent la façon de réaliser et de voir une pipe, le premier qui lui vient à l'esprit étant Sixten Ivarsson, mais aussi Hiroyuki Tokutomi, ou Michail Revyagin. L'inspiration mutuelle vient aussi d'échanges constants avec des amis, esprits libres, comme Roger Wallenstein ou Christian Wolfsteiner.

Il sélectionne soigneusement sa bruyère, qui vient d'Espagne, de France, d'Italie ou de Grèce. Il fait ensuite son choix en fonction de la forme et de la finition qu'il veut donner. Sa bruyère date de quelques mois à quelques années, sa plus ancienne atteint presque les quarante ans, ce qui selon lui est très bon pour certaines finitions. Ses tuyaux sont majoritairement en ébonite allemand, préférence personnelle, mais aussi impression qu'en terme de brillance il n'y a rien de mieux. Il lui arrive parfois d'employer d'autres matériaux, comme l'acrylique, notamment lors de commandes.

Afin de conserver toute la fluidité possible à ses pipes, il n'emploie que très rarement des décorations type bagues. Bien qu'il apprécie pour sa part les formes classiques, les pipes qu'il réalise doivent avoir un style, une fluidité bien à elles. Il aime à surprendre par ses formes, auxquelles il aime donner, comme pour une bonne histoire, une tournure inattendue. Il aime attirer l'attention du fumeur en donnant à ses formes un côté "impossible", où, comme un prestidigitateur qui semble réaliser l'impossible, le fumeur va se demander comment il a été possible de réaliser un perçage sur telle pipe.

La plupart de ses pipes sont lisses, ou en finition driftwood, qui imite le bois flotté, apprise chez Wallenstein, et dont il pense qu'elle est la meilleure pour faire ressortir les œils-de-perdrix. Mais il expérimente aussi les rustications, sablages, en les combinant. Il aime à penser que les personnes intéréessées par ses pipes vont les regarder comme un plongeur explorant une structure marine.

Le processus commence soit par des croquis, puis la recherche du bloc de bruyère idéal, soit le grain d'une bruyère lui donne l'idée directrice. Dans tous les cas, la lecture du bois est un processus important, avant d'attaquer la taille. Qu'il procède aux perçages avant la mise en forme ou inversement, Steffen réalise toujours un croquis sur la bruyère. Pour la mise en forme, il travaille à la ponceuse à disque, mais aussi avec différents outils rotatifs. La finition des lisses est réalisée au papier de verre, certaines lui demandent deux semaines de travail. Quant aux étapes de coloration et de finition, c'est le secret du pipier ...

Il n'a pas de système de classement, parce qu'il entend donner le meilleur de lui-même à chaque modèle, mais aussi parce qu'il considère que c'est au fumeur de juger son travail. Il apporte beaucoup d'attention aux détails d'ingénierie, comme l'ajustement du tenon, et la facilité du tirage.