Sablage et Guillochage

Un ébauchon n'est pas toujours aussi parfait qu'on le voudrait. Certains, une fois polis, vont laisser voir à leur surface des petites imperfections. D'autres laisseront des surfaces "claires", où le grain n'apparaît pas.

Chaque problème a sa solution, c'est bien connu. Dans le premier cas, certaines marques vont abuser du masticage, pour dissimuler ces imperfections, et persister à vendre une pipe au fourneau lisse. Ces pointes de mastic, difficiles à repérer sur une pipe neuve, sauf pour un œil exercé, se feront remarquer à l'usage. Dans le second cas, un bon coup de vernis, et l'affaire est faite.

D'autres pipiers plus sérieux choisiront les solutions qui s'imposent : le sablage, le guillochage, ou même les deux.

D'abord le sablage : cela consiste à projeter, à grande pression, du sable, ou un mélange de sables et d'autres matières, sur l'ébauchon préalablement attendri par un bain d'eau chaude. Chaque pipier a son coup de main, sa façon de faire, qui fait qu'un sablage ne ressemblera pas à un autre. Sans oublier qu'un sablage ne dissimule pas toujours des défauts, certains pipiers choisissent soigneusement des ébauchons pour les sabler. Une bruyère sans intérêt donnera un sablage sans intérêt.

Le guillochage, lui, va consister à attaquer le bois, à l'aide d'ustensiles métalliques, de la fraise de dentiste aux clous, car là aussi, chaque pipier procède à sa manière.

Le guillochage, ou rusticage, ne laisse pas apparaître le grain du bois : il le dissimule, le transforme, le déguise.

Ces deux méthodes ont mauvaise presse en France, et c'est dommage, il suffit pour s'en rendre compte d'admirer le travail de Trever Talbert, sur cette photo.

C'est un cercle vicieux : on préfère vendre des lisses, on explique que les sablées, mon bon monsieur, c'est pas de la bonne qualité, du coup ça ne se vend pas, alors pourquoi en faire ?

C'est oublier, outre leur beauté, les qualités de ces pipes, leur légèreté, et le fait qu'elles chauffent moins.

Vous pourrez voir sur les pages de ce site d'autres exemples de ces procédés, ou vous reporter à l'article d'Erwin Van Hove pour la revue Pipe Mag.

Et puisque nous avons pris pour exemple le travail de Trever Talbert, continuons :

Vous pouvez voir sur la photo ci-dessous quelques modèles de poker sablées par Trever, dans des bruyères différentes. Il me semble intéressant de voir la différence des résultats obtenues suivant l'origine de la bruyère, et le travail du pipier.

De haut en bas :

sablage et rusticage par Trever Talbert