La pipe fumée dans ces conditions est responsable de bien des anathèmes jetés contre le tabac et les fumeurs. Sans doute est-ce la pipe que visait Jacques 1er, quand il écrivit en 1619 : « Cette habitude dégoûtante à la vue, repoussante pour l’odorat, dangereuse pour le cerveau, malfaisante pour la poitrine, qui répand autour du fumeur des exhalaisons aussi infectes que si elles sortaient des antres infernaux. »

L’irascible souverain n’aurait peut-être pas été aussi sévère envers notre cigarette qui a éclipsé tous les autres modes de consommation. L’origine de la cigarette est une question de petite histoire encore controversée. En France, elle commence à entrer dans les moeurs en 1843 avec la vente de 20.000 cigarettcs organisée le 25 avril au profit des sinistrés du tremblement de terre de la Guadeloupe. En 1900, tous les tabacs commençaient à reculer devant l’Elégante, l’Égyptienne et la Havanaise. Notre Gauloise est née en 1913 ; c’est elle qui a emporté la victoire définitive. En 1939, 36 % de la consommation française de tabac s’en allait en fumée de cigarettes ; cette proportion a été de 6o % en 1951.

La cigarette exige de savants mélanges. Voici à titre d’exemple les types de tabac entrant dans une Gauloise bleue (Kentucky léger, Orient, Alsace, Algérie, Dordogne, Lot-et-Garonne, Pas-de-Calais, enfin divers tabacs de remplissage, Paraguay, Hongrie, Madagascar, etc.). Tel est le bilan de la Gauloise bleue que beaucoup croient naïvement composée de deux ou trois tabacs français.

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