Virginie et moi, enfin une ouverture

par ChrisHarps

24/12/12

Petit retour en arrière.

Je fume la pipe depuis 4 années, environ 10 pipes par semaine, en moyenne et en fonction de la météo, car je fume le plus souvent en extérieur, ma maison étant non-fumeur à mon grand regret.

Ceux qui me connaissent un peu ici, savent que j'ai l'impression d'avoir les muqueuses de la langue et du palais plus sensibles que la plupart d’entre nous ; mon cas n'étant pas isolé, d'autres parmi nous ayant fait le même constat, nous ne sommes pas tous égaux !

Ceci nous obligeant à faire une sélection plus pointilleuse des tabacs que nous achetons et en ce qui me concerne, j’évite depuis le début les mélanges composés en majorité par des Virginies, ainsi que la plupart des aromatisés.

Au début, comme tout le monde j'ai testé des aromatisés…

Mais les aros ont vite été mis de côté pour des tabacs de meilleure qualité et moins mordants !

J'ai fumé et fume toujours avec plaisir des bruns, aucun ne m'a jamais attaqué la lipe !

tabac virginie
tabac virginie

Et je crois que la Brumeuse est le tabac qui m'a appris à fumer la pipe, c'est à dire adopter un rythme de pétunage piano, piano ! Cela, c'est la condition pour apprécier pleinement les saveurs et surtout pour ne pas surchauffer le tabac et se brûler la langue. La température de la fumée étant une des causes probable des morsures tabagiques. Mais malgré cette précaution je n'arrivais toujours pas à fumer certains blends, en particulier ceux qui étaient composés essentiellement de Virginie.

La plupart des mélanges anglais ou balkans ne me posaient de soucis d’agressivité et je dois dire qu'à un moment , c'est cette famille de tabac, surtout les anglais, qui composait la quasi totalité de ma rotation. 20 % de bruns et 80 % d'anglais.

Puis, j'ai commencé à me lasser du latakia. Son goût entêtant a fini par m’amener vers un début d’écœurement.

tabac virginie
tabac virginie

Je fume toujours à l'occasion du latakia, mais il y a encore quelque semaines, ma rotation tendait vers des proportions de 5% d'anglais, 60 % de bruns et 35 % d'aros "fréquentables" (voir ma chronique sur le site).

Il y a quelques mois, j'ai passé une commande chez Hans Wiedemann. J'avais lu la chronique d'Erwin sur le Nashville County et la retranscription qu’il en faisait, collait parfaitement avec mes envies du moment :

« Les premières bouffées confirment le nez : c’est du burley de toute grande qualité qui, malgré sa sévérité naturelle, produit une fumée douce et assez crémeuse qui véhicule des notes chocolatées extrêmement plaisantes. Remarquez que s’il vous faut à tout prix une bonne dose de confiserie, ce tabac n’est pas pour vous : le burley est ce qu’il est et, vu sa faible teneur en sucre, il ne pourra jamais satisfaire votre désir. Mais si le caractère robuste et austère du burley ne vous fait pas peur, le Nashville County doit vous combler. La structure reste rigide, pour ne pas dire monacale… »

Je l'avais mal lu ! Je n'avais retenu de ce mélange que sa composante burley et j'en oubliais les 40% de virginia rouge !

tabac virginie
tabac virginie

Heureusement ! Sinon, je ne l’aurais pas commandé. Ce tabac fut "la" découverte de cette année.

Plus j'évolue dans ma sélection de tabac, plus je recherche des mélanges subtils. De la complexité, mais dans la simplicité. Pas forcément monocorde, mais du tabac qui sent le tabac et dans un registre différent des bruns belges et français, avec un peu plus de douceur.

Vous l'aurez compris, le latakia avec ses gros sabots, c'est une subtilité différente !

Ce que j'apprécie dans le Nashville, c'est un équilibre des saveurs qui malgré ce côté austère forme un harmonie qui ne me lasse pas. Je dirai même que c'est cette "simplicité" qui me séduit. Un tabac qui goûte le tabac ! Ensuite sa coupe "ready rubbed flake", mon premier mélange dans cette présentation, qui après un petit temps de séchage, se révèle très facile à bourrer et à fumer.

En en reparlant sur le groupe, on m’a aussi rappelé qu’il contenait 40% de virginie et l’un dans l’autre, c'est ce qui m'a donné l'envie de retenter l'expérience de certains flakes que j'avais remisé au fond de ma cave, tenté une nouvelle approche des mélanges contenant des proportions déraisonnables pour moi de cette herbe !

Dans le lot, il y en a un qui m'a toujours frustré de ne pouvoir le fumer, c'est le Capstan bleu. Le simple Capstan bleu ! J'en appréciais les 5 premières minutes, mais passé ce moment là, il devenait trop "mordant". En général, je finissais le bol, mais le lendemain mes muqueuses le regrettaient.J'ai donc ressorti cette boîte de Capstan entamée au 1/3 de son contenu, ma première boîte de Capstan, ma seule et unique boîte Capstan. Pourtant, toujours la même odeur de figue à l’ouverture, un délice olfactif !

Après 2 ou 3 tentatives me laissant entrevoir la possibilité de le fumer, je me suis rendu compte qu’une chose importante pour moi avec un flake, c'était sa préparation ! Un émiettage que je ne devais pas effectuer correctement et un temps de séchage approprié, d'une part, et très certainement une maîtrise du bourrage que je n'avais pas au début m'ont permis d'apprécier enfin ce tabac ! Mon premier tabac dans le registre VA. Chouette !

En fouillant bien dans ma male à trésors, j’ai encore dégotté une boîte de Dunhill Deluxe Navy Rolls, à peine entamée elle aussi, un mélange de Va/périque, plus agréable pour moi à fumer que le Capstan, mais avec toujours une pointe d’agressivité qui m’empêchait de l’apprécier pleinement.
Même technique, même constat, un deuxième nouveau/ancien tabac sur ma liste !

Pourquoi j’arrive à présent à fumer et apprécier ces tabacs sans qu’ils ne me ruinent les papilles ?
Je crois que ce n’est qu’une histoire de bouteille. D’expérience !

Je pensais bien avoir encore d’autres tabacs de cette famille au fond de la remise, mais vraisemblablement j’avais dû en faire cadeau !

J’ai donc acheté 2 autres tabacs, du Samuel Gawith Full Virginia Flake dont on parle régulièrement sur le net comme étant une base de référence et de l’Erinmore Flake, un VA avec une légère aromatisation.

Et puis, j’ai eu un doute sur la boîte de Capstan que j’avais en stock depuis 2 ou 3 ans. Je me suis dit qu’il fut bien probable qu’il eut subit une maturation visant à l’assagir, ceci, malgré le fait que la boîte ne soit plus scellée. J’ai donc pris une autre boîte de Capstan.

J’ai refumé rapidement le « nouveau » Capstan après préparation (émiettage et séchage) et pas de mauvaise surprise !

tabac virginie
tabac virginie

L’Erimore Flake, lui, m’a confirmé que l’hygrométrie du tabac était très importante pour que je réussisse un fumage dépourvu d’agressivité. Je l’ai testé directement à l’ouverture de la boîte, ce fut une erreur ! Mais après séchage, je l’apprécie bien. Le léger casing « citrus » lui donnant un goût à part, il passe bien et reste dans un registre assez naturel.

Le FVF, j’ai plus de mal à l’apprécier pour le moment. Pas d’agressivité, mais je le trouve trop « léger ». Je ne suis peut-être pas encore assez aiguisé et pour le moment il me déçoit un peu. Le second problème, c’est l’épaisseur des tranches de ce flake qui rend délicat sa préparation.

Je ne me décourage pas et je vais persévérer. (au moins finir la boîte).

Prochaine étape, l’achat d’une boîte de Samuel Gawith St James Flake, pour tester un autre mélange VA/Périque, puis l’essai d’un pur VA en coupe différente pour voir si la préparation en flake y est pour quelque chose…, peut-être du McClelland 5100 red cake…

tabac virginie
tabac virginie

Petite précision en ce qui concerne le séchage. Une fois émietté, je laisse le tabac à l’air libre, posé sur 2 couches de papier absorbant, pendant 12 à 24 heures et sous surveillance. C’est assez difficile de décrire l’hygrométrie adéquate, à chacun de faire ses essais, mais le tabac ne doit pas être sec et garder un peu de souplesse. Pour ce qui est du bourrage ou de l’émiettage, je vous laisse faire votre propre expérience, je ne me sens pas de vous en faire une description didactique.

Toujours dans un souci de partager nos expériences, j’espère que ces quelques lignes seront utiles aux pétuneurs en herbe. Cet article n’ayant pas pour but de se limiter à une liste de tabac, ni de vous en faire une description « gustative », ça c’est pour plus tard…