Est-il sain de s'arrêter de fumer ?

par Jose María Muradas Lopez, traduit par Jean-Marie Laurent

01/05/05

avec l'aimable autorisation du Barcelona Pipa Club

«On ne dit rien de ceux qui meurent pour avoir tenté de s’arrêter de fumer»

Je dirai tout d’abord que je ne suis pas fumeur, mais j’estime que la campagne anti-tabac est une véritable sottise du point de vue sanitaire, et je donne quelques arguments pour la connaissance et l’analyse du sujet.

Dans El País du 01/03/04 (p. 62) le Dr Alvaro Vela de l’Hospital Carlos III de Madrid affirme que « il n’a cependant pas pu être démontré la relation directe entre le tabac et le cancer du poumon ». Et, malgré cela, la campagne anti-tabac impose l’application d’avis sur les paquets de cigarettes, du genre « fumer provoque le cancer mortel du poumon », et autres semblables. La dynamique de cette campagne, qui consiste à insister avec fermeté sur la liaison entre le tabac et de nombreuses maladies, ou des affirmations du genre « fumer raccourci la vie de x années », me fait craindre que, sans une base scientifique raisonnable ce soit impossible à démontrer.

Malheureusement, si vous lisez l’article de El País du 22/07/03 (p.34), vous verrez qu’on y affirme que « la moitié des cancers du poumon apparaissent chez les personnes qui ont déjà arrêté de fumer ». Cet article analysé avec rigueur, on arrive à la conclusion que les personnes qui arrêtent de fumer courent un risque majeur de souffrir d’un cancer du poumon plus pour avoir arrêté de fumer que, comme il semblerait, par les effets rétroactifs du tabac. Et il en résulte qu’il est difficile d’accepter que les effets rétroactifs qui se produisent une fois qu’on a arrêté de fumer peuvent être plus nuisibles que les effets actifs qui se produisent quand on fume de façon régulière. D’un autre côté, malgré l’action stimulante de la nicotine et les effets (supposés) nocifs du tabac, fumer est toujours considéré comme source de plaisir et d’apaisement, avec des effets indubitablement bénéfiques pour la santé.

Cependant, aujourd’hui, à cause de la campagne anti-tabac, il est possible que se produise une profonde angoisse, d’effets hautement pernicieux, à la suite de quoi le fumeur pourrait finir par se rendre malade plus par l’action angoissante et suggestive des messages que par les effets nocifs du tabac.

Le cancer du poumon est considéré comme une maladie du XXe siècle quoique l’homme ait fumé pendant des siècles. Cependant, au milieu du XIXe siècle, le scientifique britannique James Paget affirmait déjà : « Ils sont très fréquents les cas où une profonde anxiété, la perte de l’espoir et la désillusion sont rapidement suivis par la croissance et l’accroissement du cancer ! ». Comment peut-il arriver au fumeur incapable d’arrêter de fumer et victime de la profonde anxiété que lui produit la campagne anti-tabac, ou à celui qui, l’ayant fait, n’est pas capable de contrôler la profonde anxiété qu’elle lui produit, de ne pouvoir fumer. Ceci étant, il faut se référer à un vieux savant quand, contemplant une de ces classiques et terrifiantes annonces de cette campagne, s’exclame à voix haute : « On ne dit rien de ceux qui meurent pour avoir tenté de s’arrêter de fumer ».

Une façon correcte de veiller à la santé des fumeurs serait de légiférer pour qu’on ne puisse ajouter de substances nocives au tabac, élaboré pour la consommation humaine, en respectant le droit de fumer sans préjudicier le bien-être ou la santé d’autrui. La manière dont la campagne est menée – bombardement de messages au contenu morbide, fort accroissement d’impôts et isolement du fumeur comme s’il était un pestiféré – me fait craindre que cela ne fait rien d’autre qu’ajouter de l’angoisse, du désespoir et de la rage, favorisant le développement du cancer et autres maladies associées à ces émotions. D’un autre côté, le contenu des messages même peut induire les maladies, puisque, comme l’affirme le psychothérapeute Victor E. Franki dans son livre « L’Homme malade » (Éd. Herder), « le moyen provoque ce que chacun craint ».

Ce qui ne fait que confirmer l’article déjà cité de El País du 22/07/03 (p.34) qui affirme : « quoique le nombre de fumeurs hommes descende en Espagne depuis plusieurs années, les cas de cancer du poumon continuent à augmenter ». C’est un phénomène amplement débattu dans les revues médico-scientifiques devant l’évidence incontournable, si on n’occulte pas les statistiques – ce qui se fait habituellement – que les campagnes dites de prévention provoquent un accroissement alarmant dans la causalité et mortalité des malades qu’elles sont supposées prévenir, et, de là, devant la terrible ironie que cela suppose, on tendra à changer la dénomination des campagnes de détection précoce. Ce qui nous occupe, ce n’est pas l’exception et le nombre de cas et de décès par cancer du poumon qui n’a pas cessé d’augmenter de façon démesurée depuis qu’a été mise en marche la campagne, mais, de plus, on estime que cela va doubler.

Il est clair que, s’appuyant sur l’apogée de la campagne anti-tabac, celle de l’obésité est déjà en route. Et c’est une bonne partie des fumeurs qui ont cessé de fumer et n’ont pas été touchés par le cancer du poumon ou dévorés par l’anxiété, qui a beaucoup de possibilités de terminer obèses. En eux se réuniront les effets d’une campagne qui, parfaitement orchestrée à travers les moyens de communication, fera que le nombre d’obèses augmente de manière démesurée. La campagne commence à peine que déjà on annonce que le nombre d’obèses a doublé (100% d’augmentation) dans les dernières années. La mauvaise nourriture s’ajoute aux erreurs dans ce domaine, comme si nous avions commencé à la consommer aujourd’hui et que tous les obèses la consomment de façon régulière.

De ce point de vue, il semble que ces campagnes servent d’autres intérêts qui ne sont pas précisément la santé des citoyens.