Lettre d'un néophyte, aux néophytes

par Martial Dramaix

18/11/06

Ayant commencé à (mal) fumer la pipe fin des années 70 et plus par dérision que par passion, je m’en suis détourné, comme beaucoup de jeunes fumeurs de pipe, quand j’ai commencé à travailler.
Les raisons sont classiques, et je crois que certains d’entre nous ont eu le même parcours que moi.

Le stress, la facilité et essayer de rentrer dans le moule de la société où il n’y avait place que pour les fumeurs de cigarettes, mais sans doute aussi parce que la pipe, dans mon esprit de jeune homme de l’époque, était un objet encombrant, synonyme de vieux rétrogrades, qui me valait la risée de mes amis (tous fumeurs de cigarettes), je m’en suis détourné bien vite.

Avec l’approche de la quarantaine, plus d’assurance de soi-même et un certain « je m’en foutisme » du quand dira t’on, j’ai repris mes vieilles pipes et j’ai recommencé l’expérience que j’avais abandonné il y a une vingtaine d’année.

Déjà l’objet a toujours été fascinant pour moi, le bois est un matériau noble, élégant, agréable au toucher et dont le travail requiert un savoir-faire qui ne permet pas beaucoup d’erreurs, car il est presque impossible de corriger un coup de lime ou de machine trop prononcé (voir les ébauchons déclassés dans les ateliers de pipier).

Il y a aussi peut-être une recherche de goût (que ne permet pas la clope) dans les tabacs proposés chez les buralistes qui fait que fumer la pipe est très attirant.

Mais la raison fondamentale dans mon cas, est le retour à une façon de fumer qui me détend, la fameuse phrase « la pipe détend » vue sur le site de Guillaume, est vraiment le résumé de ce que je crois rechercher en fumant la pipe.

D’ailleurs comment faire autrement, fumer une pipe dans un état de stress est presque impossible ou alors c’est faire de la fumée pour rien, il m’est arrivé d’être énervé avant une pipe et de la terminer tout à fait calme, serein et « cool » comme dirait mon fils.

Il y a peut être aussi d’autres raisons que certains psychologues s’efforceront de mettre en avant, mais comme je n’ai pas besoin d’explication « psy » de mes actes ou de mes envies, qu’ils s’abstiennent…

Depuis que je suis sur le groupe FdP, j’en ai vu des pipes, et des belles, j’ai aussi du mettre mes idées préconçues au placard, dans le genre « pourquoi mettre + de 50 € dans l’achat d’une pipe », vaut-il la peine de s’acheter une pipe d’une grande marque, plutôt qu’un modèle simple à 30/35 €, le perçage à 4mm etc.

La rencontre (virtuelle hélas) avec des personnes comme Erwin Van Hove, Georges Wilbers et Guillaume Laffly pour ne citer qu’eux, m’a ouvert bien des portes sur ma façon de raisonner, leur gentillesse, leur patience avec les mauvais fumeurs ou plutôt les « mal fumeur » de pipe tels que moi est quelque chose que j'ai rarement rencontré dans un groupe de discussion, et leur humour est souvent un régal à la lecture.

Mais sur quoi m'ont-ils ouvert les yeux ???

Tout d’abord sur les pipes et les pipiers, cela a mis du temps, mais je dois reconnaître que grâce à eux, j’ai modifié certaines de mes pipes bas de gamme, bon elles ne sont pas devenues des « haut de gamme » après mon passage et mes modifications, mais j’ai appris une chose, c’est que l’ouverture de la lentille, et le perçage du tuyau, sont des choses fondamentales pour fumer confortablement une pipe, et que cela influence aussi sur le fait de fumer sec ou non, la quantité de rallumage nécessaire etc.
Si vous en doutez, faite l’expérience.

James Upshall achetée à Erwin

Dunhill groupe 3 achetée chez Georges

Georges et Erwin m’ont permi aussi de faire l’acquisition à des prix modiques, de pipe estates de bonne ou de très bonne fabrication (voir excellente) qui sont un plaisir à fumer, des pipes qui m’auraient coûté plus du double voire le triple si j’avais été obligé de les achetés neuves (ou sur Internet) ainsi que plus de temps et sûrement de mauvaises expériences sur Ebay.

Les marques de pipe et les pipiers

Bon, l’évidemment tout est subjectif, c’est une question de goût, quoi que ?
Depuis que j’ai acquis des pipes différentes en 1 ans ½, je commence à y voir plus clair, certaines marques produisent des pipes qui ne sont pas agréables à fumer, ni à voir, et comme gourmet, moi je mange d’abord avec les yeux, pour les pipes c’est pareil alors je suis de moins en moins assidu auprès des fast food de la pipe, mais le nerf de la guerre est parfois plus fort et il faut bien quelque fois concilier les deux.

Quand je vois les réalisations de David Enrique, je suis pas pressé de lui en acheter une, car à chaque nouvelle pipe, je les trouve de plus en plus belles, même dans ses pipes qui ont une forme classique, il apporte un petit quelque chose que vous ne trouverez pas ailleurs, et il ne se prétend qu’artisan, que dire d’un Paolo Becker, d’un Tom Richard, de Marco Biagini ou d’un Rainer Barbi, impossible de tous les citer tellement il y en a.

enrique lovat

lovat de David Enrique

Et les pipes de Trever Talbert, bon OK je n’ai pas acheté la FdP 2006, mes finances étaient un peu serrées au moment ou il les a proposés.
Mais comme je le dis souvent à Georges, je suis quelqu’un qui a beaucoup de patience, et un jour viendra ou je ferai l’acquisition de pipes faites par ces pipiers là, sans pour autant dénigrer les pipes industrielles qui font partie de mes premières pipes, comme pour beaucoup d’entre nous.

FdP 2006, par Trever Talbert

L'évolution de mes goûts

Je suis resté très classique dans mes choix de pipe, billard, oom paul, et zoulou restent les formes que j’affectionne surtout, mais depuis un certain temps, je commence à m’ouvrir à certains modèles qui n’avaient pas ma préférence, canadienne, lovat, ou pickaxe me font de plus en plus souvent un clin d’œil sur les sites proposés sur le groupe, et comme je compte bien ne pas rester un vieux rétrograde borné toute ma vie, il n’est pas exclu que j’en fasse l’acquisition, je me souviens d’une lovat de Paolo Becker qui était d’une finesse à couper le souffle.
Idem pour la finition, je ne jurais que par des pipes lisses, maintenant certaines rustiqués ou sablées attirent de plus en plus mon attention, comment rester de marbre avec la finition walnut de Rolando Négoita, une sablée de Trever Talbert ou de Dunhill.
Pour l’instant, ma rotation est de +/-10 pipes, BBB, Dunhill (depuis peu), J. Upshall, Stanwell, Savinelli et une Gerard Wilhelm.

Et le tabac dans tout ça

Comme beaucoup de fumeurs de pipes néophytes ou sur le retour, je me suis lancé dans l’achat de plusieurs tabacs aromatiques qui sont très plaisants, surtout pour l’entourage, mais qui deviennent assez vite écœurant à la longue surtout si vous en faite une consommation importante, par contre les tabacs naturels (sans aromatique) me sont de plus en plus agréables à fumer, ils sont plus doux au palais et m’attirent plus actuellement, encore une fois je parle à titre personnel, car mon cheminement dans l’univers de la pipe et des tabacs ne sera pas le même que celui d’une autre personne.

Ayant la chance d’habiter une ville ou il est facilement possible d’acheter des tabacs pour la pipe, et ou les civettes sont tout de même assez nombreuses, je devrais être satisfait et pouvoir me contenter de ce que je trouve sur place sans devoir passer par des commandes via Internet ?
Ben non, c’est aussi un des attraits de la pipe, c’est de pouvoir essayer des tas de tabacs différents pour trouver ceux qui me plaisent, et grâce à des articles ou des commentaires sur le groupe, ma curiosité est sans interruption mise en éveil.

Je reste toutefois aussi classique pour mes tabacs, Three Nuns, Virginia n°1, Early Morning, Nightcap et 965 sont mes tabac préfèrés, j’ai aussi un petit faible pour le Semois Windels et le Kentucky club.

Comme l'avait prédit Erwin sur le groupe à un néophyte, je délaisse de plus en plus les aromatiques, mais quelques fois je fume encore du Black Sherry, Nappa Valley et Indian Summer, souvent coupés de Virginia ou de Kentucky, car je trouve les fins de pipe pénibles avec les aromatiques purs.

Mes pipes préférées sont les pipes anglaises, les conseils de notre amis Georges étaient judicieux car elles ne m’ont pas encore déçu.

Et je me considère toujours comme un néophyte de 42 ans.