Questions aux pipiers, suite

par Gilles

02/03/09

Peter Matzhold

Je n'ai pas de forme préférée. Je prends plaisir avec la bruyère, le grain. Je "parle" avec la bruyère et nous faisons la forme ensemble. Il n'y a pas de forme qui soit plus difficile qu'une autre. Certaines sont simplement plus longues.

Thierry Melan

Ce qui me procure le plus de plaisir ce n'est pas une forme, c'est de prendre un plateau et de le laisser "me parler" et voir la forme qui va en sortir. C'est ce que j'ai fait avec la dernière "Flamme libre" et j'y ai pris beaucoup de plaisir.

La forme que je n'ai pas encore faite.

Thierry Melan

Abyss

Thierry Melan

Flamme libre

Thierry Melan

Tomahawk

Pierre Morel

Franchement, il suffit que le bois soit très beau pour que je prenne du plaisir, mais les rhodésiennes 1/4 et 1/2 courbes sont assez ludiques, c'est infini et les tiges carrées permettent des galbes intéressants et des montages spéciaux sympas et gratifiants.

Je n'ai pas de problèmes particuliers pour réaliser une forme, ce n'est qu'une question de temps, mais je redoute de fabriquer des vraies Belges (P.J,de ma fabrication) avec des tiges dépassant 20 cm pour un diamètre de 9 mm. J'ai percé jusqu'à 42 cm, mais je crains. Sinon les pipes "à la carte" mais c'est gratifiant aussi.

Pierre Morel

Belge

Pierre Morel

Fleur

Pierre Morel

Secret

Rolando Negoita

Je choisis de faire mes propres designs qui m’ouvrent un univers entier de formes. Le processus lui-même ne laisse pas de place à la discrimination. Je ne déteste aucune des formes que je fais.

Il n'y a pas une forme définie que j'aime ou je déteste d'un aspect technique, mais j'ai plus d’affinités avec certaines formes plus intéressantes que d'autres d'un point de vue esthétique.

Certaines de mes pipes sont difficiles et stimulantes à faire, je ne le ressens pas comme un fardeau, bien au contraire. Chaque nouvelle pipe est une aventure, un essai et un défi. Si je ne prends pas mon pied quand je conçois, ce n’est pas bon signe. Si je ne ressens pas d'excitation, je préfère mettre ce morceau de bois de côté jusqu'au prochain appel.

Mon excitation n'est pas reliée à une forme spécifique. C'est le processus qui m'excite; l'idée d'un nouveau concept. Je fais d'habitude des séries de pipes sur le même thème jusqu'à ce que j'estime avoir épuisé le sujet.

Le moment le plus excitant c’est quand je quitte le carnet de croquis pour commencer à tailler le bloc. Pendant que je sculpte la forme brute il y a une attente envers ce nouveau né, cette nouvelle forme qui n'a jamais été faite auparavant. Le plaisir est dans le processus, pas dans la forme finale. Le reste c’est juste routine et dur labeur, qu’elle que soit la forme.

Rolando Negoita

Sandblasted bent brandy

Rolando Negoita

Cetacean

Rolando Negoita

Conundrum

Michael Parks

1. D'une part j'aime travailler sur les Billiard parce que j'aime les regarder et apprécier la beauté de leur simplicité et de leurs lignes caractéristiques.

D'autre part je préfère d’avantage le défi de créer quelque chose de nouveau. Travailler sur une nouvelle création est un voyage dans l'inconnu qui présente beaucoup de découvertes intéressantes pour le fabriquant.

2. Il y a quelques années ma réponse immédiate à cette question aurait été les formes classiques, comme une Billiard ou une Dublin, etc. La raison étant que la création de ces formes exige des considération de symétrie et d’équilibre; la symétrie des formes géométriques et un équilibre visuel des pièces pour former un ensemble unifié et harmonieux.

Pour un artisan ces critères présentent des défis techniques difficiles, et particulièrement quand on considère que des matériaux naturels avec des caractéristiques/propriétés physiques incompatibles doivent être utilisés à fin de réaliser un bel objet.

Cependant aujourd'hui ce que je trouve le plus stimulant c’est de créer des pipes uniques. En sculptant des pipes aux formes sculpturales la forme finale est en fin de compte inconnue, même en esquissant et en planifiant beaucoup !

Le défi devient maintenant de déchiffrer une nouvelle forme comme elle arrive ..... signifiant que l'artisan doit développer la forme de la pipe comme elle se présente.

Je trouve cette forme d’artisanat particulièrement difficile parce que les critères mentionnés ci-dessus, de beauté classique, de symétrie et d'équilibre, sont les éléments indispensables qui doivent maintenant être incorporés de manière innovante dans une nouvelle forme.

Pour récapituler il y a simplement plus d'éléments à considérer et à unifier dans un tout harmonieux en sculptant une pièce unique.

Michael Parks

Giant Whirlwind Three

Michael Parks

Saucer

Michael Parks

Canadian tiger

Brad Pohlmann

J'aime faire des Bent Egg et les variantes de cette forme. Je pense que cette forme est attirante et avec le fond du fourneau plus large on obtient une fumée fraîche.

Les Bulldog étaient tout à fait stimulantes et même effrayantes, il y a deux ans. C’était quand j'ai commencé à en faire plusieurs. Maintenant j'ai plus confiance et attends même, avec impatience, de faire des variantes sur ce thème. Je n'ai jamais fait de Horn, surtout parce que je considère la forme peu pratique d’utilisation. Cependant, j’ai cette forme à l’esprit depuis plusieurs mois et j'essaierai peut-être d’en faire une et de la rendre un peu plus facile à fumer !

Brad Pohlmann

Bent egg

Brad Pohlmann

Bulldog

Brad Pohlmann

Freehand dublin

Axel Reichert

Quelle forme préfères-tu parce qu’elle te donne un "kick" chaque fois que tu la travailles ? Il n’est pas facile de répondre à cette question. Comme j’essaie de faire à chaque fois quelque chose de nouveau et comme chaque pipe est une pièce unique, je ne peux pas dire que j’ai une forme favorite. Ce qui m’importe avant tout : des formes fluides et douces, des proportions justes et un tuyau méticuleusement travaillé. Il est primordial que le tout forme une entité harmonieuse.

Quand on taille une pipe, on a toujours un "kick", ne fût-ce que par le fait qu’on ne sait jamais à l’avance quelles surprises le plateau vous réserve. A cause de sand pits et d’autres failles on est souvent forcé de modifier la forme qu’on avait en tête et d’avoir sans cesse de nouvelles idées. Cela demande de la flexibilité pour trouver à chaque fois une réponse adaptée à la nouvelle situation. Mais de ce fait, faire une pipe reste captivant jusqu’à la fin.

Quelle forme trouves-tu la plus difficile ?

Les plus difficiles, ce sont les formes commandées par des clients. Et c’est égal si la forme commandée est classique, moderne ou spectaculaire. Le problème qui se pose dans ce cas est tout différent : est-ce que je réussirai à réaliser les souhaits du client ? Est-ce que mon interprétation correspond à ce que le client a en tête ? C’est un vrai pari, mais dieu merci jusqu’à présent mes clients ont toujours été satisfaits.

Michail Revyagin

J'aime les formes classiques, surtout les formes élégantes sur lesquelles le diamètre de la tige, à l'endroit où elle rejoint le tuyau, ne dépasse pas 12 mm. Comme les billiards et les Canadiennes. Les contours de l'ensemble tige-tuyau doit être une ligne ininterrompue. Ce type de forme demande beaucoup de dextérité lors du perçage.
J'aime aussi les formes libres. J'ai récemment crée plusieurs pipes de formes libres pour développer mon propre style de pipes.

Ma forme favorite est la Horn. Je la considère comme la forme la plus difficile à réaliser. Les Horn de Bo Nordh m'ont grandement inspiré dans le développement de mon propre style. Je pense avoir non seulement réussi à bien "copier" ses Horn, mais aussi à développer mes propres techniques de fabrication (l'ordre dans lequel je perce ainsi que le double perçage). J'ai appelé cette horn évoluée "Elephant Trunk" (trompe d'éléphant) car il a une base plus large et un poids inférieur. Le plus grand challenge dans cette forme est de bien percer la mortaise à la main. Une fois cette méthode acquise, j'ai cessé de fabriquer des Horn classiques et ne fabrique plus que ces Elephant Trunk. A noter que mon double perçage est très précis et lissé; il n'accroche pas la chenillette lors de son passage. J'utilise des outils de bijoutier pour lisser l'intérieur à l'endroit où les 2 perçages se rencontrent.

Plus récemment, je suis tombé amoureux de ce que j'appelle la "bulldog grotesque". Au début, j'évitais de fabriquer des bulldogs parce que je n'aimais pas utiliser le tour pour y faire les rainures, et j'avais peur de les faire à la main. Mais une fois ma peur surmontée, le premier essai fût assez concluant avec une régularité surprenante. J'ai même poli l'intérieur des rainures.
Pour ce qui est du côté "grotesque": comme il est possible de faire des formes et des rainures symétriques, il devait être également possible de faire des formes asymétriques; on peut les tailler de manière à ce qu'elles se croisent, ou encore en forme de spirale, etc., d'où mon idée de la bulldog asymétrique en tant qu'élément-phare de mon travail, qui se résume un peu à "Retour vers le Passé": mes mains sont mon seul "tour programmable"! (rires)

Michail Revyagin

Bee

Michail Revyagin

Bulldog grotesque

Michail Revyagin

Horn

Tom Richard

Ma forme préférée est l'egg, celle qui me donne le plus de mal est la volcano

Tom Richard

Egg

Tom Richard

Egg morta

Tom Richard

Volcano

Max Rimensi

La forme que je préfère tailler est la calabash, pour sa complexité et l’élégance des formes, composée de différents matériaux comme le morta et la racine d’amboyna.

La forme la plus complexe que j’ai réalisé est sûrement la Pesce, forme qui demande beaucoup de travail et de précision. Le résultat final est une forme parfaitement dosée et tridimensionnelle.

Sur la photo annexe, les yeux du poisson sont en ivoire fossile. Le tuyau est en acrylique et bois de tamarindo. Le bourre-pipes est fait de morta, d’acrylique, de palmier noir et de bois de tamarindo.

Je voudrais préciser que tous les tuyaux sont dessinés pour chaque pipe et construits entièrement à la main. L'ouverture du bec est en V pour que la bouche puisse recevoir la fumée en éventail.

Max Rimensi

Calabash

Max Rimensi

Freehand Pesce

Pascal Riss

Ma forme préférée est la néogène classique droite.

Il n’y a aucune forme difficile, pour un pipier tout est question de technique de fabrication.

Le vrai challenge est de trouver la bruyère avec de belles flammes qui va bien selon la forme à réaliser.

Roland Schwarz

Je préfère les Blowfish, cette forme permet de nombreuses variations et c'est toujours excitant de découvrir la pipe quant elle est terminée.

Une des formes les plus difficiles est la Poker avec ses lignes droites. Toutes les Panelled sont également difficiles à faire.

Roland Schwarz

Blowfish 1

Roland Schwarz

Blowfish 2

Roland Schwarz

Pker

Kjeld Sorensen

Je prends mon pied avec la Blowfish, quand toutes les facettes sont révélées permettant de visualiser le modèle sous différents angles.

Le plus grand défi que j'ai rencontré jusqu'à présent, était de faire une élégante OomPaul.

Trever Talbert

Je pense que mes formes vraiment peu communes comme les pipes d'Halloween sont les plus agréables de beaucoup, même si ce sont aussi les plus stressantes à travailler. Si j'avais le choix, je ne ferais que des pipes d'Halloween.

Les mêmes pipes - les pipes d'Halloween. Elles sont extrêmement difficiles à concevoir ( beaucoup de pression pour inventer des idées nouvelles et différentes) et à tailler (la bruyère est très difficile à tailler dans des conceptions complexes - ce n'est pas un bois "amical" à tailler). Mais je les aime parce qu'elles sont stimulantes.

Trever Talbert

Goblin Fungimort

Trever Talbert

Goblin Quarmal

Trever Talbert

Goblin Sigmund

Mark Tinsky

Je pense que la forme que je préfère travailler est l’Apple. Il y a tant de choses que vous pouvez faire avec pour réaliser une pipe élégante. La forme, ronde et luxuriante, permet de mettre en valeur toutes les configurations de tiges.

Généralement les Panel. La forme Hexagon Calabash, que je fais, est toujours un défi à réaliser correctement et passe, habituellement, l’envie d’en faire une à moins qu’il ne s’agisse d’une commande. Avec les affaires, qui sont un peu au ralenti en ce moment, j’ai plus de temps pour expérimenter et travailler seul et j'ai récemment fait une série de Panel qui sont pas mal :

Récemment j’ai fait connaissance avec de nouveaux traitements pour les tuyaux et ajouté des bagues en argent. Quand on apprend, c’est stimulant. Ce n’est pas difficile, vous devez juste faire des maths pour calculer les proportions correctes. J’y ai pris immédiatement beaucoup de plaisir.

Mark Tinsky

Belge flush silver band

Mark Tinsky

Hex panel apple natural

Mark Tinsky

Lovat new coral dress

Maurizio & Stephania Tombari

J'aime les formes classiques mais j'apprécie aussi de travailler à de nouvelles formes (que, généralement, ma femme Stephania dessine pour moi). Bien, les formes les plus difficiles sont les nouvelles formes que nous appelons la ligne Z.

Souvent, très souvent, ces formes sont une expérience (je ne reproduis jamais une forme Zed) et je dois faire très attention à chaque phase, spécialement lors de la modélisation.
Je dois vous avouer que je considère ces difficultés très stimulantes pour mon travail, la meilleure façon de l'améliorer...ainsi que ma patience.

Quant à votre première question, je pense qu'en plus de 30 ans de fabrication de pipes j'ai travaillé à beaucoup de formes, depuis le début jusqu'aux aux jours actuels, la forme que je préfère réaliser est la Billiard. Chaque fois que je regarde une pipe finie avec satisfaction, je ressens une petite émotion. C'est surement encore plus fort devant une Billiard parfaite (IMHO).

Maurizio & Stephania Tombari

le Nuvole Z

David Wagner

Cela change tout le temps. Quand je réussis à faire une « nouvelle » forme, ce qui prend d'habitude environ 5 à10 essais, je suis tout à fait heureux. Au fur et à mesure des essais la forme s’améliore jusqu’à ce que ce soit correct. Alors mon attention se porte sur la forme suivante.

Quand tu parles de formes "difficiles", je répondrais à cette question dans la perspective des highgrade.

Les Dublin et les Volcano sont les formes les plus faciles à faire, parce que le grain s’y prête la plupart du temps.

Bien sûr une forme libre est très facile aussi, il faut juste travailler en suivant le grain.

À mon avis une forme courbe mais symétrique et classique, comme une Apple, est très dure à faire. Combien de fois voyez-vous une Apple straight grain sur 360° ?

Pas très souvent. C’est le grain qui décide.

Si on parle de forme seulement (sans considérer le grain) je dirais qu’une très petite Bent Bulldog avec une tige courbe à 6 ou 8 pans, n'est pas si facile à faire.

Comme certaines Poul Ilsteds.

La forme de la Dunhill LC est exigeante également.

David Wagner

Apple

David Wagner

Bamboo

David Wagner

Freehand

Roger Wallenstein

Je présume que tu parles de formes classiques. Comme je n'en fait presque jamais et elles me font peur. Si je devais en faire, je voudrais avoir l'habileté de réaliser des Danish Bulldog et Danish Rhodesian qui sont je pense, avec les anglaises classiques, les plus difficiles à faire correctement.

En général, je prends mon pied avec les formes sur lesquelles je débute. Si ça vient bien, je commence normalement 2 ou 3 blocs tout de suite pour réaliser différentes interprétations de cette forme particulière. Il peut aussi arriver que je perde mon intérêt pour une forme en travaillant dessus. Elle rejoint alors un grand carton avec un autocollant mentionnant "projets"...

Roger Wallenstein

Conch

Roger Wallenstein

Prawn

Poul Winslow

C’est toujours un plaisir de tailler une belle grosse Brandy après mes réunions créatives !

Une pipe classique est toujours un challenge.