La teinte d'une pipe

par Gilles

18/11/08



Jeune fumeur et jeune collectionneur, je n’ai que peu de recul sur ma passion.
Pourtant, hier soir, en contemplant ma modeste collection, je me suis pris à m’interroger sur mes choix.
Pourquoi telle pipe plutôt qu’une autre ?
La renommé de l’artisan ?
La forme de la pipe ?
La beauté du grain ?
La qualité de la finition ?
Un peu de tout cela bien sûr, mais pas seulement.


Dans les critères mis en avant lors du choix d’une pipe, j’entends souvent parler de la préférence pour une forme ou une finition.
Certains préfèrent les droites, d’autres ont un faible pour les sablées.
En ce qui me concerne, il ne s’agit pas ici de l’élément déterminant qui conditionne mes choix.

J’aime les pipes et je ne peux pas dire que j’ai vraiment une forme ou une finition préférée.
Bien sûr, si j’observe un répertoire de forme en noir et blanc, j’aurai une attirance naturelle pour les Dublin, les Volcano ou encore les Tomato.
Mais si, en suivant, je consulte les pages de mes boutiques en ligne préférées, je constate que mon attention va se focaliser sur une Bulldog , une Author, pas nécessairement sur les formes attendues.
Et, si j’ai bien un penchant naturel pour les Smooth, cela ne m’empêche pas de fantasmer sur une Tan Sandblasted ou autre Black Blast.
Pourquoi ?
Parce que je suis sensible à la teinte choisie, ou à l’absence de teinture lorsque forme et matière se suffisent à elles-mêmes.

Si je regarde mes pipes préférées qu’est-ce que je vois ?
Une Bell Dublin de Claudio Cavicchi , une Poker Cherrywood signée Rad Davis ou encore une Apple Bent de Mark Tinsky.
Nous avons donc bien une variation de Dublin, mais aucune Volcano ou Tomato.
Il s’agit bien d’artisans renommés.
Le grain est fort, les "œils-de-perdrix" bien présents.
La finition est, à ce que je peux en juger, irréprochable.
Mais qu’est-ce qui fait la différence, qu’est-ce qui attire mon regard plus que tout autre chose ?
Je peux le dire sans aucun doute dans mon esprit.
Ce qui attire irrésistiblement mon regard c’est la teinte de ces pipes.

Le blond "miel" de ma Cavicchi qui m’inspire un Bright Virginia agrémenté d’une touche sucrée comme le C&D Manhattan Afternoon.
La teinte "caramel" de ma Davis qui me suggère un aromatique de la maison MCClelland, un Best of Show peut-être.
Le blond "flamboyant" de ma Tinsky qui instille l’envie d’un Red Virginia légèrement aromatique comme le C&D Autumn Evening.
Toutes ces teintes "chaudes" et "gourmandes" captivent mon regard et stimulent mes sens.

C’est donc bien, pour moi, la teinte plus que la forme ou la finition qui conditionne mes attirances et mes choix.
Quand la teinte met en valeur une forme, une matière.
Quand elle sublime le grain.
Quand elle souligne le goût et le talent d’un artisan.
C’est pour moi le bouquet final, l’apothéose de la bruyère.

Bonnes pipes.
Gilles.