Trever Talbert

Une discussion de Trever et Jorge sur la pré-carbonisation et le Morta

Jorge : Salut Trever, je suis d’accord avec toi : la pré-carbonisation protège les pipes des mauvais fumeurs (ou des accidents). Mais il y a quelque chose que j’aime dans le goût de la bruyère naturelle… la sensation d’être plus proche de la bruyère ! Mais c’est juste une sensation je présume… Par ailleurs, que sais-tu de la technique qu’utilise Dunhill ?

Trever : Je ne sais rien de la technique utilisée par Dunhill. J’ai eu vent de nombreuses théories mais je ne sais pas laquelle est vraie et, considérant la mythologie qui entoure Dunhill, je me refuse même à théoriser à ce sujet – il vaut mieux interroger quelqu’un qui a travaillé dans leur fabrique ! ;-)
A propos de la pré-carbonisation, je ne veux pas dire que préférer la bruyère naturelle est une erreur, une préférence ne peut-être "fausse" si la personne aime une chose plutôt qu’une autre. Je veux simplement dire qu’il y a souvent une mauvaise image, erronée, à propos de la pré-carbonisation qui est soutenue par ceux qui ne s’y connaissent pas du tout et, de nouveaux fumeurs peuvent ainsi penser que cela peut-être une mauvaise chose ou un signe de qualité inférieure (que penseraient-ils d’une pipe danoise à 3,000$ pré-carbonisée ??!)

Jorge : Je suis d’accord avec toi : mes préférences ne peuvent être mauvaises ;-))
A propos du "mystère Dunhill"… je ne connais personne qui a travaillé dans leur fabrique… et la seule personne qui m’en a parlé m’a simplement révélé qu’il s’agissait d’une méthode secrète !
Pour la bruyère brute, il y a un point que j’ai oublié d’aborder : j’aime l’aspect d’un fourneau sans pré-carbonisation… Je me rappelle certaines de mes pipes (ou certaines que je n’ai pas achetées : je peux être raisonnable) avec un si beau fourneau, brut et appétissant… Que pense-tu de cette aspect – esthétique - de la question ?

Trever : Un fourneau bien poli, brut avec une belle finition peut-être très attractif, mais je n’en pense pas grand chose, honnêtement, du fait que le fourneau va être fumé si j’ai acheté la pipe ! ;-) Je sais que beaucoup de collectionneurs aiment un fourneau bien poli, pour ces pipes qu’ils ne fumeront pas mais collectionnent simplement, pas moi… j’ai du mal à attendre avant d’allumer une pipe neuve !

Jorge : Tu as raison,… la perfection d’un bol brut ne dure pas ! Je pense qu’il s’agit d’un piège dans lequel j’aime tomber quand j’achète une pipe… Mais pas à chaque fois, car j’ai acheté plus de pipes pré-carbonisées que de pipes "brutes". Et je suis comme toi : je ne peux attendre longtemps avant de fumer une belle pipe neuve quand je l’ai entre les mains ;-)
Dernière question au pipier professionnel : quelle est la technique que tu utilises avec les pipes en morta ? Est-ce la même pré-carbonisation que pour les pipes en bruyère ou une méthode particulière ? Mais peut-être que les pipes en morta n’ont pas besoin d’une telle préparation…

Trever : La précarbonisation que j'utilise est identique à celle utilisée pour les pipes en bruyère, bien que ce ne soit pas une protection contre les brûlures.
L'intérêt d'une précarbonisation pour les morta réside dans le goût des premières fumées - la morta nue donne une fumée très épaisse, sombre, et procure une saveur presque piquante (irritante) aux tabacs pour les premières utilisations, ce qui peut largement altérer un mélange. Avec une couche précarbonisée, cet inconvénient est diminué et la saveur reste plus neutre. Le goût de la morta est toujours présent mais pas trop fort. C'est la seule différence.

Jorge : Merci Trever pour toutes tes réponses... cela va être très intéressant pour le groupe, je pense. Dernière question : personnellement, tu préfères les pipes en morta ou en bruyère ?

Trever : C'est comme demander à quelqu'un s'il préfère les blondes ou les rousses - elles sont toutes attirantes!
J'aime la morta pour la façon dont je peux la fumer nuit après nuit sans arrêt, mais je ne peux choisir entre les arômes de la bruyère ou de la morta ou de l'écume - toutes peuvent être excellentes avec le bon tabac et moins bonnes à d'autres moments.
Je n'ai pas ressenti beaucoup de variations entre les goûts des différents blocs de morta, mais je suppose qu'il peut y en avoir - après tout, malheureusement, ça ne m'est pas possible de fumer toutes les pipes que je fais ;-)
Je doute qu'il y ait, de toute manière, beaucoup de différences, pour la simple raison que le territoire est trop petit ici et très homogène.
Je serais plus intéressé de savoir s'il y a une différence entre la morta que j'utilise et celle de Prammer en Autriche ou celle de Peterson, il y a quelques décennies.