Bonjour à tous,
De longue date je voulais partager mon expérience sur les ébauchons prétournés à l’aide de la Dremel.
Je voudrais faire partager mon expérience personnelle de travail d’un ébauchon pré-tourné. Ce n’est que mon expérience personnelle, avec les acquis que j’ai pu acquérir de droite et de gauche, donc j’assume les éventuelles inexactitudes ou erreurs et je remercie par avance ceux qui voudront bien m’indiquer ce qui ne va pas ou est améliorable.
Je conçois cet article comme une boite à outils résolument pratique afin de partager au mieux ces expériences. Une seule règle : dans la mesure du possible indiquer les sources et les fournisseurs (rien n’est plus frustrant que de comprendre ce qu’il faut faire, mais de ne pas savoir comment).
le tuyau et le fourneau sont déjà (bien) troués, vous pourrez donc vous tourner directement vers la taille du fourneau. Plusieurs choix possibles, notamment avec tuyau droit, semi-courbe ou courbe. Généralement le tuyau est en ébonite. Après on peut choisir dans quelle partie du broussin l’ébauchon a été taillé. Dans l’idéal prendre un plateau qui est la plus belle partie du broussin (mais la plus chère aussi).
Fournisseur : Chez Danpipe on trouve des ébauchons pré-tournés pas trop cher, on trouve même des plateaux. Si vous voulez rester franco-français il y a H&M diffusion (mais pas de plateaux à ma connaissance)
Pour ma part j’ai utilisé un étau à perceuse qui coute 25€ et colle bien avec la taille d’un ébauchon. Vous pouvez aussi utiliser deux grosses pierres pour caler l’ébauchon, mais il risque de s’envoler assez rapidement.
Dans l’idéal il faut un tour, une scie à ruban, une ponceuse à bande etc. mais comme on est pas des pros on va faire un peu avec les moyens du bord, même si un minimum d’outils sont indispensables. A ce stade, plusieurs écoles :
Pour ma part un Dremel portable Lith-ion avec 2 batteries (autonomie 3 heures environ), comme ça je peux aller m’amuser dans la nature et n’ai pas de contrainte d’électricité. Au niveau des outils utilisés sur le Dremel : pour le fraisage j’utilise une espèce de fraise en carbure de tungstène ainsi qu’une espèce de boule striée. Pour le premier ponçage j’utilise un petit tambour et les disques de ponçage en grain 120. Pour appliquer la cire de carnauba j’utilise les mini-disques en flanelle. L’intérêt du Dremel est sa polyvalence pour un coût relativement réduit.
Quelques petits conseils :
En taillant le bois vous verrez de temps en temps des sortes de bulles noirâtres éclater au passage de votre outil, il s’agit de "sandpits", ces fameuses irrégularités du bois qui font la différence entre une bonne bruyère (qui n’en a pas d’apparentes) et les moins bonnes. Malheureusement pour les ébauchons pré-percés il ne s’agit pas de premier choix et vous avez des chances de tomber sur ces sandpits. Comment faire quand vous en rencontrez ? Essayer de les rattraper en ponçant jusqu’à les effacer. Malheureusement parfois ils ne ressortent que lors des derniers ponçages, là c’est trop tard et il faudra bien se faire une raison.
la forme est déjà bien prononcée, mais vous n’avez pas encore idée à ce stade de l’état du grain ni de l’éventuelle flamme de votre ébauchon. Il va falloir poncer votre pipe (a la main dans mon cas, sinon des appareils type ponceuse à bande sont aussi efficaces). En fait vous allez poncer votre pipe de plus en plus fin, pour cela il faut poncer avec du papier au grain de plus en plus élevé (par exemple 120, 220, 400, 600). Le ponçage prend pas mal de temps et d’énergie, mais c’est là que l’état final de votre pipe apparaît.
Mon expérience : J’utilise la Dremel pour le grain 120 (éventuellement du papier de verre dans les endroits inaccessibles à la Dremel), ensuite je mouille l’ébauchon pour voir apparaître les veines du bois (ça c’est la partie sympa), ensuite je finis manuellement avec des morceaux de papier de verre de grain de plus en plus fin. Pour cette étape il faut bien compter 1h30 de travail. Plus vous poncez avec du grain fin et plus les veinures du bois apparaissent.
J’ai parfois vu le conseil suivant : après le ponçage à 120 il faudrait mouiller l’ébauchon puis reponcer dessus à 120. J’ai essayé mais n’ai pas vu la différence avec les fois où je passe cette étape.
Matériel : Le papier de verre fin chez les Frères Nordin, ou éventuellement dans l’idéal en toile émeri en rouleau (plus agréable à prendre en main et plus résistant).
Soit vous cirez tout de suite, soit vous teintez la pipe avant de cirer. L’avantage de teinter est que vous créez du contraste qui fait bien ressortir le fil du bois, ça permet aussi de masquer un peu les sandpits quand ils sont trop apparent en surface (sinon il a des possibilités de masticages mais je n’entrerai pas sur ce terrain…).
Mon expérience : Pour la teinture j’utilise une teinture dark-brown de chez Dan Pipe. Pour l’appliquer je commence par entourer un stylo de sopalin et le place dans le fourneau de manière à pouvoir bien maintenir la pipe sans devoir y mettre les doigts (attention à bien serrer le sopalin fin de pouvoir teinter le dessus du fourneau). Ensuite j’applique la teinture, de la manière la plus homogène possible afin d’éviter les irrégularités. Ensuite je laisse sécher une nuit. Le lendemain la pipe est sèche et bien imbibée, on peut alors la poncer avec du papier au grain fin : il ne faut pas hésiter à bien poncer pour ne laisser de trace de teinture que sur le veinage du bois (du coup ça prend environ trois quart d’heure).
Déjà il faut signaler que la cire donne naturellement une coloration à la pipe, ce qui explique aussi pourquoi certains l’appliquent directement sans teinture. L’idéal est de disposer de cire de Carnauba qui a un point de fusion assez élevé (plus de 70°C) et protège très bien la pipe. C’est la cire classique, maintenant on entend aussi parler de cire d’abeille ou de cire Renaissance, mais je n’ai pas encore expérimenté. L’idéal est d’avoir un pain de cire de Carnauba (trouvable chez Dan Pipe, cf image ci-dessous), sinon on en trouve en grain mais pour pouvoir l’appliquer il faut le faire fondre (donc à plus de 70°C) ce qui n’est pas super marrant. Donc l’idée c’est d’appliquer de la carnauba sur un disque en flanelle via une perceuse ou une Dremel ou un tour, comme la vitesse se transforme en chaleur (effet joule pour ceux qui auraient oubliés leurs cours de physique !) la carnauba s’applique sur le disque et il suffit ensuite de l’appliquer sur la pipe et sur le tuyau (la carnauba est utilisé entre autre pour les rouge à lèvre et n’est pas mauvais du tout pour les lèvres). Une fois la cire appliquée, lustrer à la main avec un chiffon doux, bien lustrer pour faire briller.
Mon expérience : J’avais trouvé de la Carnauba en copeaux chez les frères Nordin, que j’ai fondu en mélangeant avec un peu d’huile d’olive. Une fois le pain obtenu j’utilise un petit disque en flanelle sur la Dremel pour l’appliquer. Ça marche assez bien mais attention à l’axe de la Dremel, en tournant la pipe on risque de le toucher et ça c’est pas terrible…
Laissez votre pipe s’imprégner de la cire une bonne journée, ensuite vous pouvez en remettre une couche si vous n’êtes pas complètement satisfait. Vous pouvez aussi ajouter de la cire Renaissance (que l’on peut trouver sur ebay ou sur des sites étrangers) qui fait briller votre œuvre très efficacement. Enfin un petit coup léger de Dremel dans le fourneau pour effacer les éventuels résidus de teinte qui auraient malencontreusement coulés.
À noter qu’il est aussi possible d’acheter une pate de pré-culottage (chez Danpipe aussi).
Une estimation du coût total pour un débutant commençant de zéro et s’approvisionnant en vue de travailler trois ébauchons :
TOTAL : 270€ environ, soit un coup de revient de 90€ par pipe et vous êtes équipé en matériel pour réparer et faire briller toutes vos autres pipes.
Un autre avantage de disposer de ce matériel : cela permet de mettre au propre des pipes estate assez efficacement. Cela peut même permettre de retailler une pipe bonne pour le rebus (comme la pipe ci-dessus).
Total : 6 heures environ. (Pour meubler vos longues soirées d’hivers… une pipe à la bouche bien évidemment…)
Voici ci-dessous 4 pipes taillées à partir d’ébauchons pré-tournés.
- À la Dremel il est dur d’avoir des lignes droites, oubliez donc les belles Canadiennes, pour cela il vaut mieux utiliser la ponceuse à ruban comme évoqué dans la première partie de l’article. De même il est dur d’avoir de beaux arrondis comme le permettent les tours, donc pas de belle billard non plus…
- Je n’ai pas encore enduit mes fourneaux intérieurs pour les pré-culotter, j’ai commandé récemment le produit chez Danpipe et devrais l’expérimenter d’ici peu.
- La teinture : je dois pas m’y prendre de manière terrible car on est loin du "golden contrast" à la Eltang… peut-être devrais-je poncer encore un peu plus…
- La cire : je n’obtiens pas le beau brillant des pipes que l’on peut voir par exemple chez les maitres danois sur www.alpascia.com. Peut-être faut-il en mettre plus, ou ne pas se contenter d’un chiffon pour faire briller… ? La cire Renaissance pallie un peu à ce problème mais le subterfuge ne me satisfait pas complètement…
- Aujourd’hui je n’ai pas encore compris l’intérêt du polissage du bois avant le vernissage, mais c’est peut-être pour ça aussi qu’elles ne brillent pas autant qu’elles devraient…
Pour finir, un grand merci à David Enriques qui a guidé mes premiers pas dans l’utilisation de la Dremel et qui si je ne me trompe pas à lui aussi commencé par là.
Tout conseil utile ou expérience à partager sera le bienvenu pour compléter ces propos. Vous avez aussi le droit de dire que vu le résultat j’aurais mieux fait de passer tout ce temps à tondre du gazon… ;o))
Amitiés pipières.