Fabrication

fabrication pipes en terre

Comme leur nom l’indique, les pipes en terre sont fabriquées en terre blanche, qui est en fait de l’argile. La plus belle terre blanche, la derle, viendrait de la localité d’Andenne en Belgique. Cette terre, extraite du sol belge fournira la matière première aux pipiers hollandais de Gouda et contribuera à leur renommée. Les pipiers hollandais mélangeaient cette derle à d’autres terres importées d’Allemagne et ils obtenaient des pipes parfaitement blanches, très absorbantes avec un tuyau qui atteignait jusqu’à un mètre de long.

L'argile est tout d’abord placée dans des baquets en bois où la saleté et les petits cailloux seront retirés puis elle est déposée sur des panneaux pour sécher.

Une fois sèche, l'argile est battue et malaxée avec une barre de fer pour que les bulles d'air disparaissent.

Des boules d’argile sont alors roulées à la main et on leur donne la forme approximative de la pipe. Ainsi préparées, elles prennent le nom de « rouleaux ».

Une longue tige métallique est ensuite enfilée dans les rouleaux, cette tige est importante car elle forme dans l’argile ce qui sera le passage de l’air dans le tuyau.

Les rouleaux et leur tige sont placés dans des moules constitués de deux pièces en métal, enduites d’huile pour que l’argile n’y colle pas.

Le moule fermé est placé dans une presse. Cette presse est munie d’un levier qui permettra d’enfoncer une pièce de métal dans le haut du moule. Cette pièce formera ainsi dans l'argile la cuvette du fourneau.

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La tige qui a servi à faire le passage de l’air est enlevée. La partie supérieure du moule est ôtée et l’artisan peut alors apposer son marquage grâce à un poinçon sur le flanc de la pipe. L’artisan procède à un lissage de sa pipe, les bords sont ébardés pour enlever l’excédent d’argile et les marques du moulage sont atténuées avec une sorte de couteau. La pipe est alors retirée du moule avec beaucoup de précaution car elle est encore molle et très fragile.

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Les pipes ainsi démoulées sont placées dans des panières.

Ces panières sont empilées dans un four dont la température atteint environ 950, voire 1 100 degrés Celsius. Selon les fabricants, la température de cuisson était plus ou moins élevée ainsi les Gambier sont cuites à une température moins élevée que les Fiolet. Aux dires de fumeurs anciens, la température de la cuisson a des conséquences sur la solidité de la pipe, mais également sur son culottage : cuite à moindre degré, elle est davantage poreuse et le culottage en est facilité.

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Après être sorties du four et laisser à refroidir, les pipes sont examinées et l’artisan ôte les dernières bavures d’argile et les embouchures sont enduites de cire ou laquées pour empêcher que les lèvres du fumeur ne collent à l'argile.

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Certaines pipes sont émaillées : Cette opération avait lieu après la première cuisson, elle était confiée à des femmes – les émailleuses. Chacune avait ses propres mélanges pour réaliser ces couleurs, à base de gomme adragante, de poudre teintée vitrifiable et d’eau. La pose se fait de deux façons : soit avec un pinceau pour les surfaces planes où était appliqué un émail fluide, soit à l’aide d’une tige d’acier pour déposer sur la terre un mélange épais pour y tracer des points. Une fois décorées par ces mains féminines, les pipes étaient cuites une seconde fois.

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