J.T. Cooke

C'est en 1972, alors qu'il veut arrêter la cigarette, que sa femme Deb lui offre un ébauchon pré-percé. James T. Cooke va donc arborer cette chose informe, prenant plaisir à la fumer, et se demandant déjà quelle forme il va lui donner. Il se souvient que son père, extrêmement bricoleur, se fabriquait des pipes pour son propre plaisir, et lui avait montré comment réaliser cela. Il installe la ponceuse à bande de son père, qui date de la seconde guerre mondiale mais fonctionne parfaitement, dans son atelier - atelier-garage puisqu'il contient déjà une demi-douzaine de motos - et se met au travail.

Il s'essaiera aussi, les premières années, aux pipes sculptées, que l'on peut encore voir chez lui. Il va travailler pour d'autres marques, d'autres pipiers, leur fournissant des pipes qui ne demandent plus qu'à être finies. Il fera aussi de la restauration de pipes. Puis, au fil des rencontres, c'est aux tuyaux qu'il va s'intéresser : refaire des tuyaux, accompagnés de leur marquage, va devenir une de ses spécialités. Il ira même jusqu'à inventer un traitement de la lucite qui lui permet de proposer de superbes tuyaux en ambre synthétique.

Il commence à se faire une clientèle qui au lieu de lui demander de restaurer d'anciennes pipes, lui demandent de réaliser des copies, plus ou moins exactes suivant leurs désirs. Viennent ensuite les pipes réalisées directement d'après des croquis. Il va petit à petit développer son propre procédé d'extraction des impuretés de la bruyère - sans utiliser d'huile : "Si je veux de l'huile, je commande une salade".

Mais c'est sa technique de sablage qui va le rendre célèbre. Technique bien particulière, en trois passages, que l'on peut voir en cliquant sur le lien "Vidéo" ci-dessus, puis en cliquant sur "JT Cooke Seminar". Cela donne des pipes dont certains ont pu penser qu'elles sont rustiquées, et non sablées, preuve de la réussite et de la perfection d'un travail qui lui a demandé des années d'expérimentations avant d'obtenir un résultat qui le satisfait.

On en oublie d'ailleurs à quel point ses lisses sont belles. C'est parce qu'il se fournit en bruyère la plus belle possible, plus chère, mais finalement économique, puisque cela lui évite de faire plusieurs essais avant d'arriver à ses fins. Tout ce travail ne lui permet pas une production à grande échelle, qu'il ne désire pas, puisqu'il préfère discuter directement avec le client des détails, forme de la pipe, du tuyau, dimensions... Il continue par ailleurs la restauration, traitant avec le même soin une Dunhill de la belle époque qu'une pipe sans avantages, mais avec une histoire.