Voici quelques temps que je suis, sur Facebook, le travail de Kostas Gourvelos. Il y a quelque chose dans ses pipes d'ascétique, et en même temps de dévergondé. Formes pures, classiques tout en étant modernes, et aussi des modèles comme la pipe "phonographe", ou d'autres trouvailles. Bref, si l'on peut regretter, et souvent à tort, de n'être pas surpris constamment par le travail de certains pipiers, ça n'est pas son cas.
Voilà qu'il présente une forme appelée "Bean", ou "Haricot". Un très jolie pipe lisse qui ne me laisse pas de marbre, et je me lance, je contacte Kostas, qui me répond très gentiment que cette pipe est déjà vendue. Comme je suis toujours prêt à faire une bêtise, mais que je ne suis pas toujours en fond, je me dis que ça n'est pas plus mal.
Et voilà que, quelques temps plus tard, Kostas me recontacte pour me montrer une nouvelle "Bean", et pour me demander ce que j'en pense. Cette fois je suis bien décidé à me laisser aller. Cela tombe bien, cette pipe était pour moi.
Il y a du coup plusieurs raisons pour que je vous parle de cette pipe : tout d'abord, sa forme inhabituelle m'avait plu au premier coup d'œil. Ensuite, il m'est arrivé dernièrement une mésaventure bien désagréable : je me suis fait faucher mon sac à pipes. Un sac qui ne me quittait pas depuis sept ans maintenant, et qui contenait, outre quelques boites de tabac, un bourre-pipe, et deux pipes auxquelles je tenais beaucoup.
La rescapée du désastre, la voici : j'étais en train de la fumer, et du coup, elle m'est restée. Comme on ne sait jamais ce qui peut arriver, je préfère m'y coller maintenant.
Seul petit regret, je ne peux vous montrer la magnifique pochette dans laquelle Kostas envoie ses pipes : elle est rangée, c'est à dire perdue de vue, entre quelques couches de paperasses et d'autres emballages.
Mais le plus intéressant, ça n'est bien sûr pas l'accessoire, mais la pipe en elle-même. Ce qui saute aux yeux, c'est que le travail est aussi soigné que les photos. Kostas ne se dépêche pas de finir ses pipes pour les fourguer dans un carton, rien n'est laissé au hasard, tout est absolument impeccable.
Le tenon est en acier inoxydable. Du coup, aucun souci de dévissage, que la pipe soit à l'abandon, ou chaude, en cours de fumage. Ce qui est un luxe, vu que l'ouverture du bec est très généreusement évasée, et que passer une chenillette va de soi. Dès le début, cette pipe s'est laissée fumer, non pas docilement, mais déjà comme une vieille camarade. Et même avec des flakes virginie, aucun souci de chauffe.
Sans doute est-ce dû au fond gris, mais les photos de Kostas ne laissent pas deviner que sous la teinte brun foncé, se cache une couche brun clair, miel, la même que celle que l'on voit sur le pourtour du fourneau. Cela l'adoucit.
Cette pipe me convient très bien avec les virginies, et je m'en suis tenu là. Je n'avais pas pensé à la peser, et comme je la fume en écrivant, elle affiche, fourneau aux trois quarts plein, trente neuf grammes. C'est tout à fait une pipe que l'on peut garder au bec, quand on a les mains occupées.
A noter aussi la très bonne tenue du cumberland : voilà trois mois maintenant que je fume cette pipe très régulièrement, et le tuyau n'a absolument pas verdi ou pâli. Il est comme neuf. Alors, n'hésitez pas à aller vous promener sur son site, vous n'aurez des regrets que si vous ne pouvez qu'y faire du lèche-vitrine, un de nos grands passe-temps.
