Bouffardes bavardes n°13

par Charles, Simon & Gilles

27/07/15

Pour ce numéro un peu spécial des bouffardes bavardes nous sommes très heureux d’accueillir Gilles autour de nos conversations enfumées et autres aventures gustatives. Nul besoin de présenter Gilles (alias Gilles Suisse sur notre très cher forum), un passionné d’une grande générosité doublée d’une grande curiosité pipière et tabagique, ce qui tombe bien me direz-vous, puisque les bouffardes bavardes sont là pour partager. C’est ainsi que Gilles va partager au fil de ces colonnes deux dégustations de tabacs en notre compagnie, le Modern Virginia de chez Mac Baren et l’Exotique Mixture de chez Smoker Haven. Qu’il en soit publiquement remercié.

De haut en bas, et de gauche à droite, nous aurons donc la dégustation de Charles, celle de Simon puis enfin celle de Gilles.

Bonne lecture à tous !


Legends de McClelland

Legends McClelland

Composition : latakia chypriote, virginies (rouges, étuvés), orientaux (Mahalla et Drama)

Un mélange nettement dominé par le noir du latakia chypriote ; un ensemble très sombre, avec un peu de fauve et de rares pointes beiges. Les arômes avant fumage portent un fumé très riche et suave, avec des raisins secs et de l’acajou, un soupçon de miel.

Avec une telle allure, je m’attendais à une nette prépondérance du latakia dans ce mélange d’aspect si sombre. Et bien non, je me retrouve avec un mélange équilibré, se partageant entre un fumé fin et aromatique porté par un latakia chypriote tout en mesure, la suavité des virginies rouges et étuvés (raisins secs, confiture de cassis), et les orientaux, eux aussi très aromatiques, développant une noté boisée (cèdre) et légèrement vanillée.

L’ensemble, très harmonieux, ne manque pas de richesse et de complexité. Les virginies rouges apportent une belle rondeur à ce mélange, qui développe un beau panache de fumée renforçant l’impression de richesse aromatique.

En bouche, c’est la même sensation d’équilibre, de richesse et de complexité qui emporte la pleine adhésion de mon palais.

Le Legends évolue peu et tient remarquablement bien cette ligne aromatique, avec une perte de suavité progressive et moins de sucre en bouche, qu’il convient tout de même de noter. Les orientaux prennent dès lors plus de place dans le jeu aromatique, avec plus de corps, sur un boisé plus marqué (acajou), moins de vanille, d’autres épices prenant place, sur la cardamone et les clous de girofle. Le fumé du latakia chypriote se fait également plus marqué, un peu plus lourd. En bouche l’amertume dicte le jeu des saveurs, avec un peu d’acidité et un soupçon de sucre résiduel. Le mélange est toujours aussi rond, presque velouté.

Le Legends fait preuve de douceur tout au long du fumage, sans être jamais agressif. Les tabacs utilisés sont à l’évidence de très bonne facture. Quant à la puissance, elle aura été stable tout au long du fumage, la teneur en nicotine étant moyenne.

La finale est malheureusement moins intéressante, avec beaucoup moins de richesse et de complexité, jusqu’à s’évanouir en un vague arôme fumé, un peu salé, d’un boisé sombre et cendreux. Une belle réussite de Fred Hanna et McClelland.

Points forts : équilibré, riche et complexe, tabacs de bonne qualité, douceur et rondeur
Points faibles : manque d’évolution, finale sans intérêt, non-rassasiant

17/20

D’aspect séduisant, ce mélange semble bien équilibré entre un fumé doux, du caramel, des fleurs, des épices de la vanille et du vieux cuir.

J’ai vite été déçu par les arômes en bouche, sans surprise, très classiques. La grande caractéristique de ce mélange est l’équilibre - maitrisé il faut dire – entre le fumé et les épices d’un côté, puis l’onctuosité, la suavité de l’autre.

On pourrait, à la vue des feuilles, penser que le latakié dominera l’ensemble et écrasera la complexité des virginies. Ce n’est pas le cas : le fumé est plutôt doux, et les virginies (aussi bien les noirs que les rouges) donnent tout leur potentiel. Nous avons donc un boisé en toile de fond, accompagné de fruits secs, de vanille et de fleurs.

Les orientaux sont les seules feuilles qui vont apporter une évolution durant le fumage. Des épices sans trop de complexité donneront un peu de profondeur aux deux premiers tiers, puis du poivre apparaitra au troisième tiers, avec un peu de terre. Le tout renforcera le Legends, le corsera sur la fin.

11/20

Il semble que le latakia soit très présent dans ce mélange équilibré et riche. Le final peut décevoir, ainsi que le manque d’évolution. C’est peut-être sur ce dernier point que se joue l’écart net de notation. Nous nous accordons à dire que les feuilles sont de bonne qualité.

Exotique Mixture de Smoker’s Haven

exotique smokershaven

Composition : virginie, orientaux, latakia

Les ribbons très fins de la maison Germain forment un bel équilibre de couleurs, entre le blond, le fauve, le brun et le noir. Le fumé du latakia chypriote domine le nez, plus marqué encore après séchage (de rigueur) qu’à l’ouverture de la boite. Derrière ce nez plantureux et riche, je décèle un peu de fruits secs (pruneaux).

La patte de la maison J.F. Germain & Sons est reconnaissable outre la coupe fine (trop fine d’ailleurs) typique, avec des tabacs riches et de qualité, et une certaine sécheresse des arômes qui manquent de rondeur à mon goût.

Quelle délicate mixture que cette Exotique Mixture ! Troublante, même. Déjà, il convient de faire sécher longuement ce mélange presque trempé à l’ouverture. Ensuite, il faut faire attention au bourrage, cette mixture capricieuse ne supportant pas la masse, l’étouffement ; cette princesse aime la légèreté, l’espace, et c’est ainsi qu’elle s’exprime le mieux. Alors, qu’exprime-t-elle ? Cela dépend des pipes, car même en prenant les précautions nécessaires, les arômes varient encore avec une certaine frivolité ; je tenterais donc de décrire ici les grandes lignes de mes ressentis.

Il paraît évident, et cela est récurrent sur les fumages, que les orientaux sont particulièrement expressifs, soutenus par un latakia sombre qui porte un arôme de viande fumée, mais sans relief, assez sec. Je ressens à peine l’apport des virginies, pour le moins ténu, si ce n’est inexistant. Oui, ce sont bien les orientaux qui dominent le mélange. Ils sont boisés, toastés, légèrement beurrés, noisettés et légèrement épicés. Agréables, avec le latakia en toile de fond. Une présence plus marquée des virginies, avec un peu de sucre, aurait permis de complexifier le tout et d’apporter une rondeur qui à mon goût manque cruellement à l’ensemble.

En bouche l’amertume domine, ponctuée par une acidité qui tend à se développer fortement. Là encore, pas de sucrosité en bouche, confirmant l’absence aromatique des virginies.

L’Exotique est riche, les orientaux sont joliment mis en valeur et de bonne facture, avec un latakia en retrait, mais la sécheresse, l’acidité un peu trop marquée et surtout la quasi absence des virginies au plan aromatique font que ce mélange manque de complexité.

La finale est plus animale, plus sombre et plus fumée, pleine et plus opulente que le reste de la pipe, bien que les orientaux soient plus simples, grillés, boisés, plus feutrés que sur les deux premiers tiers.

J’ai eu du mal à cerner ce mélange. Peut-être même n’y ai-je pas réussi. C’est en tout état de cause la première fois que j’éprouve tant de difficultés avec la volatilité des arômes d’une herbe si capricieuse, trop capricieuse pour atteindre les sommets.

Points forts : orientaux riches mis en valeur, de belle qualité
Points faibles : manque global d’équilibre et de complexité, de rondeur, acidité trop marquée, mélange trop capricieux.

14/20

Trois variétés de tabac, et trois grands arômes au nez : du caramel, de l’encens et du feu de bois.

A première vue, l’allumage révèle une ligne aromatique très simple : un fumé complexe (chêne, frêne, noisetier brulé) et un fond sucré.

C’est après quelques bouffées que se libèrent les saveurs. Le feu de bois est en rude concurrence avec des virginies complexes, onctueux et ronds. Du boisé, quelques champignons et un peu de terre, du pollen, du caramel, un soupçon de fruits à coque. Nous avons là des feuilles de virginie de bonne qualité, expressives et profondes.

L’équilibre des arômes est donc agréable, bien maitrisé, harmonieux. Mais où sont les orientaux ?

Le troisième tiers est décevant, l’équilibre se brise, le mélange se renforce et devient légèrement cendreux. C’est d’ ailleurs la seule évolution notable.

L’Exotique, de par son équilibre entre fumé complexe et doux, et délicatesse des virginies, peut se fumer toute l’année, quel que soit le temps ou la température.

12/20


Voilà un mélange aux multiples facettes, qui a tendance à me faire perdre mon latin. Tout d’abord, la couleur verte de la boîte associée à un nom « Exotique » pourrait laisser penser à un mélange au kiwi ou autres joyeusetés des îles. Etonnant quand on sait que c’est un mélange de type balkanique et que le mot même de balkan fait rêver tout amateur de tabac. Le mot est souvent galvaudé. Or, cette fois, on a affaire à un véritable balkan alors que ce mot n’apparait pas sur la boite, ni en grand ni en petit caractère. Marketing étrange.

Quant à son lieu de fabrication, on peut hésiter à la lecture de la boîte, entre les Etats-Unis ou les îles britanniques (Jersey). En réalité, il s’agit bien d’un tabac qui vient des iles (britanniques, Jersey et non pas de celles où poussent mangues et kiwis). Il est produit par J.F. Germain and son (non pas un allemand…) pour un célèbre magasin américain (Smoker’s Haven, Ohio, USA). Ouf, c’est bien compliqué.

A l’ouverture, ce qui saute aux yeux, c’est la coupe assez fine (ribbon cut) typique de ce fameux fabricant, coupe qu’on peut retrouver dans leur In-B-Tween toujours pour Smoker’s Haven ou leur Margate, cette fois pour une autre marque, Esoterica Tobaciana (bien qu’il est également indiqué Butera Pipe Company, histoire de bien nous embrouiller). Personnellement, j’apprécie cette coupe à l’ancienne qui s’adapte à tous les formats de foyers, alors que les grosses coupes se retrouvent souvent à l’étroit dans les petits modules.

Au nez, à froid, c’est un nouveau choc. Ça ne ressemble pas aux quelques mélanges de ce fabricant que je connaisse. Le latakia n’est pas si présent que ça. On trouve plutôt un pot-pourri d’odeurs imbriquées les unes aux autres, notamment de la noix, du miel et du vinaigre balsamique, avec, c’est vrai, quand même une légère odeur d’encens en sourdine.

La première bouffée est très rassurante. Il y a du latakia et des orientaux, c’est sûr. C’est parti pour un voyage dans les balkans à l’époque des trains vapeur. Mais, dès la deuxième bouffée, le latakia se met en retrait au profit des orientaux non séchés au feu de bois. Je retrouve le sensuel parfum à la texture veloutée que j’apprécie dans le Drama Réserve de McClelland, la sauce ketchup en moins. Le côté huile d’olive qui perdure me laisse à penser qu’il y a une bonne proportion de feuille de Drama ou plus génériquement de Basma. En cours de bol, le latakia apparait puis disparait, à sa guise, mais de manière toujours très délicate, sans le côté un peu sec que peuvent laisser des notes d’encens. Il y a, plutôt, des notes de cire de bougie. On pourrait se croire par moment dans une église orthodoxe. Par contre, attention, il faut le fumer très posément, lentement, à petites bouffées. Un moment d’inattention, quelques bouffées plus rapides et le charme se rompt. Le mélange prend des notes de mélange anglais un peu quelconque basé sur du Virginia et un peu de latakia. Dans ce cas, mieux vaut laisser reposer la pipe cinq minutes pour pouvoir repartir du bon pied. Mais même avec toutes ces précautions si le mélange est vraiment passionnant, je ne peux m’empêcher, à certains moments, de le trouver un peu ennuyeux. Bizarre mais c’est comme ça. Le mélange ronronne peut-être un peu trop. Heureusement, il ne reste pas monotone longtemps car il y a toujours une note inattendue qui finit par surgir. Il m’arrive même de sentir clairement des notes déroutantes mais agréables de curry. Enfin, dans le dernier quart de bol, le latakia se fait plus présent, apportant cette fois de réelles notes d’encens.

Je dois dire que la première pipe (une Dunhill Christmas 1987) a été la meilleure, la plus complexe. Mais c’est aussi à ce moment que j’ai pris le plus de soin à m’isoler et me concentrer pleinement sur le fumage. Les bruyères suivantes ont été en général plus monotones, avec des passages durant lequel le tabac avait tendance à chauffer un peu trop. J’ai cependant retrouvé tout le plaisir dans une calabash-inside de Getz, la pipe du forum 2012. Il me semble aussi que le fait de laisser sécher un peu le tabac facilite la combustion et empêche de le faire trop chauffer mais, en contrepartie, le mélange perd son côté doucereux « à la Basma » pour tendre vers un balkan plus traditionnel à la saveur épicée. Enfin, il est beaucoup plus facile à apprivoiser en le faisant se consumer dans une écume. Même en le maltraitant en peu (j’ai poussé le vice à le faire chauffer sciemment), il reste frais et agréable, tout en restant doux. Malheureusement, toute médaille ayant son revers, il perd une bonne partie de sa complexité. Son caractère, devenu trop facile, se donnant sans se battre, le rend moins attachant.

Il s’agit donc d’un mélange qui demande beaucoup de concentration pour en percevoir tous les charmes. C’est un tabac pour contemplatif, mystique, qui fait naître des rêveries qui apparaissent et disparaissent de manière assez étrange. Je n’ai jamais fumé de balkan qui mette autant en valeur les herbes orientales, avec douceur et finesse.

Au risque de me répéter, il s’agit pour moi d’un tabac tout à fait remarquable, qui ne se livre pas facilement sauf à lui consacrer toute son attention. Mais il est tellement intrigant et hors du commun quand vous avez pu l’apprivoiser que les efforts s’effacent devant les plaisirs qu’il peut procurer.

17/20

Trois dégustations bien différentes qui rendent le bilan difficile. Il semble que ce mélange perturbe quelque peu Gilles et Charles, quelques fois très agréable, d’autres fois décevant. Dans l’ensemble, beaucoup de points positifs ressortent, notamment en ce qui concerne la complexité des arômes.

Modern Virginia (loose cut) de Mac Baren

Modern Virginia (loose cut) Mac Baren

Composition : virginies blond et rouge, cavendish, burley et aromatisation

Ici, le blond et le fauve dominent, avec quelques brins noirs. Au nez, l’aromatisation domine clairement, sur la fraise, chimique et très sucrée, comme un bonbon de type fraise « tagada », avec un peu de miel en arrière-plan.

Le début n’est pas déplaisant et même plutôt agréable, beaucoup moins chimique que le nez. L’aromatisation dope en sucre les virginies et apporte un petit côté miellé, un peu de fruits rouges, sans gâter les arômes naturels. Ceci étant, ces derniers ne développent pas grand-chose, si ce n’est un peu de raisin sec. Le tout est équilibré mais manque de rondeur et de richesse malgré l’aromatisation.

Le mélange est léger et plaisant, la combustion est excellente. Un mélange agréable à fumer du fait de sa douceur et de la gourmandise des arômes. En bouche, le sucré domine sans piquant ni agressivité.

La seconde moitié de la pipe signe la déchéance de ce tabac : l’aromatisation faiblit, avec un reliquat de fruits rouges qui perdure tant bien que mal ; les arômes naturels ne parviennent pas à rendre le tout intéressant, sur un raisin sec chétif, ténu, et un peu de piquant qui pointe le bout de son nez. En bouche, l’acidité joue dorénavant à armes égales avec le sucré, en retrait. Le tout manque de plus en plus de profondeur et de richesse du fait de l’inévitable retrait progressif de l’aromatisation.

Sans dopage, les virginies de moyenne qualité utilisés ici ne parviennent pas à me convaincre, vers un naufrage certain. Une première moitié certes agréable et une seconde moitié inintéressante ne font pas un bon tabac de tous les jours, ni même un bon tabac tout court, ancien ou moderne. Surtout que la finale, piquante à souhait, n’est tout simplement pas bonne.

Points forts : gourmand sur la première moitié, combustion
Points faibles : manque de rondeur, de richesse, de complexité, d’équilibre, finale désagréable

05/20

Voilà un aromatique classique : coupe fine, feuilles humides, odeur chimique sur les fleurs, le sucre (caramel, fraise, fruits des bois) et bien sûr la vanille.

Le départ est un peu piquant. On sent que les feuilles sont vertes. Les arômes de la sauce sont moins violents qu’au nez. Nous avons toujours du sucre, du caramel et quelque chose de fruité et fleuri il me semble.

Comme beaucoup de tabacs très saucés, les arômes rapportés perdurent durant environ deux tiers, pour s’effacer ensuite et laisser s’ exprimer les véritables arômes, en l’ occurrence un semblant d’ intérêt des virginies et du burley.

Le tout est très linéaire. La sauce est lassante à mon gout, ce qui est une impression très personnelle, impression qui pourra varier selon les gouts de chacun.

03/20


Ce tabac, j’en ai reçu un échantillon promotionnel. Jamais je ne l’aurai acheté. En effet, les mélanges aromatiques, ce n’est pas ma tasse de thé. En plus, son nom, « modern truc muche », j’aime pas. Pour moi, le monde de la pipe rime avec tradition, vieille Angleterre etc., pas avec « modern ».

Bon, j’ouvre la blague et je m’apprête à humer leur « topping of sweet, ripe fruit ». Et là, oh extase, je me retrouve plongé dans les goûters du dimanche après-midi de mon enfance : la bonne odeur des frivolités danoises. Pour les moins gourmands, je précise que ce sont des feuilletés à la confiture de framboise ou d’abricot nappés d’une bonne couche de crème pâtissière. Danois, anglais, on reste dans le monde de la pipe.

La coupe est juste parfaite, assez fine mais pas trop. Le mélange est visiblement basé sur des Virginies clairs et d’autres plus foncés (Virginies mais aussi Burley), avec quelques brins de Cavendish.

Les premières bouffées sont étonnantes. On sent qu’on fume un bon virginie clair, avec quelques notes citronnées, le tout nappé de cette sauce gourmande de pâtisserie danoise. En cour de fumage, le tabac se montre légèrement moins frais pour gagner en rondeur avec des notes typiques de Cavendish. C’est bien mais ça devient un peu trop commun et gentil à mon goût. Par contre, il faut soulever que le topping tient la durée et que le tabac ne pique pas la langue, ce qui est rare avec un aromatique.

Si Mc Baren a souhaité mettre sur le marché un tabac doux et parfumé qui puisse plaire au plus grand nombre, et bien, le tabac atteint son objectif. A mon sens, il est bien meilleur que la plupart des tabacs courants qui traînent dans les commerces au coin de la rue. Fumé pour ce qu’il est, c’est-à-dire un tabac léger, assez linéaire mais gourmand, il saura donner du plaisir à celui qui lui tend sa bouffarde.

12/20

Il ressort de ces trois commentaires que l’aromatisation n’est pas déplaisante comparativement à d’autres mélanges du genre. Le grand reproche, classique pour un mélange aromatisé de ce genre, est la linéarité et le déclin des saveurs sur la finale.

Christmas Cheer 2014 de McClelland

Christmas Cheer 2014 McClelland

Composition : Virginies, red flue-cured récoltés en 2009 issus d’un champ situé près de Snox Hill

Les flakes épais, courts et trapus, sont foncés, avec du marron et du fauve, et quelques pointes beiges. Ils exhalent l’arôme typique MacClellandien qui assaille les narines, sur le ketchup et le vinaigre balsamique. Après quelques semaines d’ouverture, quelques notes épicées sortent de la boite, avec de la cannelle.

Voilà une démarche tout à fait intéressante que de proposer des feuilles de tabac issues d’une seule et même plantation, en toute transparence, avec une approche « terroir ». C’est donc un peu comme si j’allais déguster un sngle malt, avec ce virginie de Snow Hill.

Je ne sais si c’est le terroir (surement d’ailleurs) qui apporte à ce virginie autant de caractère : c’est balsamique, aigre-doux, piquant, poivré, avec une note de gingembre, bref c’est très épicé, avec une légère douceur sucrée, sous-jacente, qui perce à peine sous cette débauche d’épices, sur la datte et la cannelle. Il y a là une très belle rondeur en bouche, et je n’hésite pas à dire que ce tabac est opulent et riche.

Ce mélange de noël, si par mégarde les frimas de l’hiver vous auraient pris, vous dégèlera à coup sûr les narines de ses assauts épicés. Si les virginies doux et fruités sont votre tasse de thé exclusive, passez votre chemin. Si au contraire vous êtes amateur de virginie-périque un peu fougueux, vous serez comblés par ce mélange vif.

En bouche, c’est l’acidité qui domine, avec un peu de sucre. Je ne peux pas dire que ce tabac soit d’un grand équilibre, mais il est à mon goût très agréable, notamment par temps hivernal au coin du feu. Je ne peux que vous recommander de laisser sécher ce tabac, trop humide à l’ouverture de la boite, sinon gars à la combustion qui s’avérera très difficile vu l’épaisseur des flakes, au demeurant soignés. Ainsi, avec un bon émiettage, la combustion s’avère bonne. La dégustation en flakes roulés s’est par contre avérée catastrophique au regard de l’épaisseur de ceux-ci…

Je note assez peu d’évolutions. Les épices, dominés par le piquant de l’arôme poivré, tiennent toujours le haut du pavé, avec le balsamique et le gingembre. Les arômes plus suaves se retirent à compter de la seconde moitié de la pipe, avec toujours un peu de cannelle qui subsiste, pour laisser place à un arôme essentiellement boisé qui apporte une bonne assise au tabac. Si l’ensemble est toujours aussi vif, je constate une perte de complexité au fur et à mesure que l’on se rapproche de la finale, plus corsée et rassasiante.

La combustion étant lente, je recommande de fumer ce tabac dans de petits foyers, au risque de saturer le palais de (trop) riches arômes sur la longueur ! Un tabac qui ne peut que se bonifier et atteindre des sommets avec le temps.

Points forts : caractère et richesse, rassasiant, terroir
Points faibles : linéaire, équilibre, un peu trop piquant (défaut de jeunesse ?)

16/20

Une belle coupe avec des nuances de marron écorce et du noir nous plonge déjà dans la magie de Noël. Pourtant, le nez est un peu spécial : vinaigre, poivre, ammoniac, fruits à coque, caramel, carton … des odeurs qui déstabilisent.

Il est évident, dès les premières bouffées, que les feuilles sont d’excellente qualité. Le début est prometteur, avec des notes fines, poivrées, de la rondeur et de la nicotine. Encore une fois, la qualité des feuilles, et donc des arômes, est impressionnante.

La profondeur du boisé, des épices est très appréciable, et une arrière saveur crémeuse, épaisse complète le plaisir du fumage.

La complexité du Christmas Cheer n’a d’ égal que son manque d’ évolution, chose qu’ on oublie vite face au nombre de saveurs que peut développer ce virginie.

Il y a du caractère et de la finesse, beaucoup d’épices, une petite acidité (vite coupée par le sucre de canne) en toile de fond, et tout cela absolument dépourvu de vulgarité.

Bref, il me semble que nous avons là un incontournable. Un seul terroir et tant de promesses !

18/20

Voilà donc un tabac original, de caractère et riche. Sa linéarité notable ne le condamne pas outre mesure. Les deux dégustations sont assez proches sur les qualités comme sur les défauts des feuilles, à ceci près que Charles lui trouve un piquant et soulève une question intéressante : l’échantillon dégusté ne serait-il pas trop jeune ? et si oui est-ce un tabac de garde ?

Simply Good n°44 de HU-Tobacco

Composition : virginies, black Cavendish, aromatisation (vanille)

Le nez est porté essentiellement par l’aromatisation, très sucrée, sur un sirop de cerise griotte, un peu de caramel, mais surtout sur les fruits rouges sucrés, qui dominent largement un peu de vanille, qui est censée être le principal arôme ajouté de ce mélange.

L’aromatisation est moins marquée au fumage qu’au nez (Dieu soit loué), mais domine clairement la palette aromatique délivrée par ce mélange. Il y a là du caramel, effectivement un peu de vanille sans, encore une fois, que cet arôme soit très présent, alors qu’il est censé l’être au regard de la description de ce mélange… Je retrouve aussi cet arôme de cerise griotte qui était dominant avant fumage mais qui ne l’est plus.

L’expression naturelle des tabacs me semble être presque complètement oblitérée par l’aromatisation. Je ne perçois, en arrière-plan, qu’un peu de fruits secs et un léger piquant. Cette petite gourmandise est ainsi principalement portée par du caramel vanillé et un fruité, d’abord sur la cerise et les raisins secs puis sur les agrumes, avec un léger piquant t de l’acidité. En bouche, c’est d’abord (évidemment) le sucre qui marque le palais, puis l’acidité arrive et gagne en intensité au fil du fumage.

A la moitié de la pipe, le sucre et l’acide sont à égalité en bouche. Cette étape passée, l’acidité, pugnace, continue sa progression et finit par être le goût dominant en bouche. A noter que la combustion est bonne. A compter de cette moitié de pipe, les choses changent quelque peu au plan aromatique, le fruité, sur les agrumes, corollaire de la montée en puissance du goût acide, prenant le pas sur l’aromatisation caramélisée et vanillée, qui tend à décroitre en intensité.

Ainsi, de manière très classique, l’aromatisation gourmande ne tient pas, et finit par révéler des tabacs de qualité moyenne et trop vifs, trop piquants, sans équilibre réel. Un mélange léger, sympathique, mais absolument pas indispensable.

Points forts : gourmand et agréable sur la première moitié de la pipe, coupe, combustion
Points faibles : deuxième moitié sans intérêt, tabacs de qualité moyenne, peu expressifs et piquants

10/20

Un nez chimique mais agréable, avec du sucré caramélisé, des fleurs, de la vanille, de la réglisse et des épices.

L’aromatisation est très présente à l’allumage. C’est gourmand, sur du sucré caramélisé, de la barbe à papa, un peu fleuri, coloré, sans vulgarité.

En creusant un peu plus, on découvre un mélange légèrement piquant et boisé, avec assez de caractère pour arrondir les arômes chimiques, et assez de discrétion pour ne pas les écraser. Le virginie est donc vert, mais de qualité suffisante.

La fumée manque d’épaisseur, de rondeur, de complexité, de caractère.

Dans l’ ensemble, les arômes se renforcent, notamment sur les épices. Les saveurs sont stables, linéaires, mais ne lassent pas.

Le nom donné à ce tabac est peut-être un peu prétentieux.

10/20

Il semble que cet aromatique ne fasse pas couler beaucoup d’encre. Une sauce marquée et des feuilles de qualité moyenne laissent deux options : aimer les saveurs de l’aromatisation ou ne pas aimer ce mélange. Le mot gourmand est employé. Avis aux amateurs du genre.