Bouffardes bavardes n°2

par Charles & Simon

07/01/13

Scaferlati Caporal « gris » d’Altadis

caporal gris

Composition : tabacs bruns torréfiés, kentuky, virginies

Un nez fait de fruits secs, noisette, paille sèche et un soupçon de chocolat qui forme un ensemble agréable et assez frais.

Le tabac est torréfié, boisé et légèrement épicé dès les premières bouffées. S’ajoute à cette palette, peu à peu, un arôme plus végétal, sur la mousse humide. Il faut préciser que, compte tenu de la coupe très fine du mélange, il est nécessaire d’adopter un rythme de fumage lent afin d’apprécier toute l’étendue de la gamme aromatique.

La puissance augmente à mesure que l’arôme torréfié prend de l’ampleur, particulièrement long en bouche, et tapissant le palais. Des notes de café fraîchement moulu et de noisette sèche apparaissent timidement, sans apporter une réelle complexité au mélange. Le tabac est particulièrement asséchant.

Sur le dernier tiers, le mélange est beaucoup moins intéressant, monolithique, avec quelques pointes d’âcreté, porté par une puissance trop débridée pour un arôme terreux et grillé qui manque d’ampleur.

Points forts : évolution, rusticité, franc et honnête, roboratif, combustion
Points faibles : déséquilibre et linéarité au dernier tiers, asséchant, âcreté, coupe trop fine

11/20

Le légendaire petit cube de papier gris, à la coupe relativement fine, développe un arôme de caoutchouc, d’écorce grillée, avec une touche de vanille et d’ épices.

A l’allumage, une fumée légèrement piquante contredit les idées reçues : les feuilles de Caporal développent au fumage une puissance certaine, mais pas vulgaire. Un palais averti y trouvera des arômes chauds, hivernaux : amandes, caramel, vanille, épices.

Dès l’allumage, c’est son caractère qui ressort – et qui reste un moment sur le palais.
Ca n’est qu’une fois la pipe bien chaude qu’ il délivre ses secrets, des saveurs qui, elles, ne feront que glisser sur votre langue sans y rester.

Légèrement terreux, roboratif, le «gris» reste à mon goût un des meilleurs tabacs disponible dans la plupart des civettes françaises.

13/20

Les amateurs de tabac rustique y trouveront leur compte (ce qui explique la différence de notation). Nous divergeons sur les caractéristiques aromatiques, la puissance, la longueur en bouche. Indéniablement, ce mélange manque de complexité mais reste un classique à goûter tout au moins par curiosité.

Capstan bleu d'Orlik Tobacco Company

capstan bleu orlik

Composition : virginies

Très nettement, un nez sur les pruneaux secs, avec un peu de raison sec et une note d’agrume.

Le mélange est rond, doux, sur les fruits secs, avec une légère acidité, et un fond boisé. Le tout est agréable, sans être complexe. Un encavement de 3 ans fait davantage ressortir les arômes de fruits secs (là encore, pruneaux), au détriment de l’acidité et de la verdeur.

Par la suite le tabac n’évolue pas jusqu’à la seconde moitié de la pipe, où il se fait plus boisé, légèrement plus sombre, la sucrôsité disparaissant peu à peu.

Le Capstan bleu est un tabac de tous les jours, sans surprise ni effet de manche, simple, linéaire et agréable. Un bon tabac pour la période estivale de par sa puissance restreinte.

Points forts : accessible, doux et agréable, aspect, coupe, combustion
Points faibles : linéaire, manque de complexité et de corps

10/20

Ce mélange est un classique, en ce sens qu’il reste un des rares produit non «saucé» facilement trouvable dans nos petites civettes françaises.
Orlik nous propose ici des senteurs de pruneaux très légèrement amères.

D’une grande simplicité, l’alliance des Virginies surprend peu, et n’évolue point. Je le qualifierais de mélange de tous les jours s’il n’était pas lassant à la longue.

Une fois la pipe bien chaude - et avec une certaine imagination - on pourra déceler un soupçon boisé coïncidant avec la disparition des arômes sucrés.

La fumée est ronde et suave, sans complexité.
Je recommande le Capstan aux novices, pour sa douceur qui habituera progressivement leur palet à la riche diversité des tabacs à pipe du monde.

10/20

Là encore, un classique facile à trouver dans nos civettes. Il est facile à fumer, de l’émiettage du flake jusqu’au fumage, sans transcender le palais du fumeur exigeant.

Grand Orientals : Black Sea Sokhoum de Mc Clelland

Grand Orientals Black Sea Sokhoum

Composition : virginies, oriental (feuilles de Sokhoum)

Au nez, du vinaigre, un chocolat noir intense, de la cerise confite alcoolisée.

La puissance est faible, avec peu d’amplitude aromatique en bouche. Les arômes sont tout à la fois sucrés et chocolatés sur le premiers tiers, les premières bouffées étant timides.

La base aromatique est similaire jusqu’à la fin de la pipe, avec un léger renforcement de la puissance, qui reste modeste, et l’addition d’une note boisée qui renforce le faible caractère du mélange.

L’expression des virginies est ténue, si ce n’est une pointe de vinaigre/ketchup typique de chez Mc Clelland, qui n’est pas pour me ravir.

L’avantage évident est la découverte, la connaissance gustative et aromatique de la feuille de Sokhoum, qui n’est pas extraordinaire au demeurant. Il est noté sur la boîte : « that is almost cigar-like », ce qui se révèle absolument mensonger.

Points forts : originalité de l’arôme chocolaté de la feuille de Sokhoum, combustion
Points faibles : puissance limitée, faible complexité, linéarité, ketchup/vinaigre

11/20

L’ odeur de «Ketchup», forte, ne doit pas dissuader le fumeur curieux, car elle est accompagnée de chocolat noir, de sucre, de vinaigre, et d’ une touche fruitée.

Ce mélange ne se révèle pas dès l’allumage. Progressivement apparaissent les Orientaux aux saveurs profondes. Les effluves de cigare ne sont pas absentes et se cachent derrière la fumée sucrée et nicotiénée de l’ Oriental nommé Sokhoum.

Ce mélange dégage un boisé chaud et printanier avec un léger arôme floral. La nicotine est très présente et la puissance se marie très bien avec le caractère sombre et riche de l’ensemble.

Le troisième tiers est moins agréable : fort, goût cendré, léger piquant. Je conseille donc d’adopter un rythme de tirage plus lent à partir de la dernière moitié du fourneau.

Les Orientaux sont de très bonne qualité, ce qui sauve le Black Sea, mais il manque quelque chose, un supplément qui nous transporte d’avantage.

12/20

On est vite attiré par la présence de cette feuille particulière qu’est le sokhoum. Nos divergences sont franches concernant la puissance, l’expression aromatique et la ressemblance avec un bon cigare, sans pour autant affecter nos notations.

Spilman Mixture de E. Hoffman Company

spilman mixture

Composition : burley, virginies, latakia, orientaux turques

Au nez, un mélange de vinaigre, de fumé, et de chocolat au lait.

Le tabac est peu expressif et manque de richesse aromatique sur le premier tiers. Le tout est excessivement léger, et long à se mettre en route.

Après de longues minutes, l’équilibre se forme : l’expression de saveurs toastées, presque noisettées, se mêle à un agréable boisé et à un fumé un peu gras.

La fumée manque de rondeur, l’évolution n’est pas frappante ; ce tabac est trop sage. Des arômes végétaux apparaissent au deuxième tiers, puis un peu de cuir et une légère acidité au dernier tiers, avec une fumée un peu plus épaisse.

Un bon mélange anglais de tous les jours, léger en latakia et légèrement aromatisé, équilibré et sympathique, mais qui manque cruellement d’envergure.

Points forts : équilibre, combustion
Points faibles : linéarité, premier tiers ennuyeux, manque de puissance et de panache

12/20

En ouvrant le couvercle, on peut sentir des saveurs florales et sucrées, du cuir, un fumé gras et une touche d’ acidité.

Le premier tiers est ennuyeux, sans évolution. Les Virginies et les Orientaux ne sont pas timides : leur complexité est agréable, et laisse place au rêve.
Les épices sont fins et subliment le parfum de cuir.

On peut aussi bien s’imaginer dans un salon, assis sur de vieux fauteuils en cuir, près de la cheminée que parcourant un champ de Colza, alors que la chaleur fait remonter l’odeur de pollen.

La fumée s’accorde au milieu du deuxième tiers, et jusqu’à la dernière bouffée. Le Burley entre alors en scène et ajoute un subtil arôme de marron grillé.

Une seule fausse note : on attend d’ un tel mélange plus de saveurs, plus de profondeur.

14/20

Ce bon mélange de tous les jours manque de complexité. La palette aromatique est claire, nous sommes en accord sur la structure du mélange. La différence de note trouve son explication dans l’appréciation du fumeur, dans le goût de chacun.

Beacon de Mc Clelland

Beacon Mc Clelland

Composition : virginies, périque

Un flake brisé d’apparence très sombre, qui dégage énormément de ketchup et de vinaigre au nez, écrasant tout le reste. Fort heureusement, cet arôme se dissipe légèrement au fil du temps.

L’odeur désagréable, presque écœurante, du ketchup vinaigré si typique de Mc Clelland laisse place dès l’allumage à des arômes de fruits secs sur un fond boisé, avec un périque très marqué qui apporte un aigre-doux à la palette aromatique ainsi qu’un picotement sur la langue et dans le nez en cas de rétro-olfaction. Le tout est corsé, a du corps et de la rondeur.

Le perique est, à mon goût, présent en trop grande quantité et oblitère l’expression des virginies, de leurs arômes chauds et savoureux.

Le mélange s’obscurcit sur la deuxième moitié de la pipe, et reste globalement linéaire tout au long du fumage. La combustion est bonne, à condition d’émietter assez finement les tranches de flake brisé, épaisses.

Le tabac est pleinement rassasiant. Ce n’est pas un virginie gourmand et estival, l’automne lui convient bien. Il ressemble à du blackwood flake avec du perique en trop grande quantité, avis aux amateurs.

Points forts : rondeur, roboratif, coupe, combustion
Points faibles : perique trop marqué, déséquilibré, linéaire, ketchup vinaigré au nez

11,5/20

On retrouve cette odeur de «Ketchup» fort peu agréable, mais qui heureusement disparaît peu de temps après l’allumage. Le nez dévoile également un soupçon de vinaigre.

Les Virginies sont ronds, un peu corsés, légèrement boisés. Le perique n’ est que trop présent et laisse une sensation de piquant dans la bouche, rongeant les arômes de fruits secs.

Une fois la pipe bien chaude, le mélange devient onctueux, chaleureux.

La fumée du Beacon me rappelle alors l’odeur irremplaçable du pain maison tout juste sorti du four.

L’automne se prête bien à ce mélange quelque peu linéaire et, encore une fois, disproportionné.

Il se voudrait chaud et corsé mais n’arrive pas à la hauteur de ses prétentions, n’entrant ni dans la catégorie douce et fruitée, ni dans celle sombre et épicée.

11/20

De toute évidence, le blender a eu la main lourde sur le perique ! Mis à part ce déséquilibre, les Virginies de Mc Clelland sont savoureux. Nous sommes d’ accord sur l’ essentiel.