Un mélange intriguant portant en son sein un morceau de fût de whisky, censé apporter aux tabacs un arôme évoquant cet alcool. Je suis tout à la fois curieux et sceptique, tous les mélanges aromatisés au whisky que j’ai goûté n’ayant jamais eu l’ombre de cet arôme au fumage.
Ce Frog Morton (quelle jolie boîte) est très sombre, où le noir domine nettement, traduisant une forte présence du latakia. Au nez, un fumé lourd et riche est tempéré par une aromatisation suave et caramélisée. Un peu de céréales grillées rend le tout complexe et très attrayant. Autant être honnête, ça ne sent pas le whisky des Highlands, mais le mélange fumé, caramel et céréales grillées peut évoquer un bourbon ou kentuky, peut-être un Islay, si l’on cherche bien.
Le latakia tend à dominer les arômes, en se faisant fumé, à l’évidence, mais fin, docile, civilisé et courtois avec les autres saveurs qui s’enrobent autour de lui. Il y a la suavité de l’aromatisation, très similaire au nez, sur le caramel au beurre salé. Il y a aussi cette note de céréale. Pour faire le lien avec l’univers du whisky, il y a un côté malté qui renforce la richesse de l’ensemble et forge une typicité des plus agréables.
Le tout est assez simple, accessible, et n’est pas des plus complexes. Les virginies, plutôt timorés, apportent un soupçon d’acidité et une belle rondeur à l’ensemble.
Il est à la fois similaire et différent de son frère le Frog Morton On The Town (voir Bouffardes Bavardes n°IV). Similaire en sa qualité de cross-over-blend, agréable, accessible, tout à la fois suave et fumé, jouant à mon goût avec réussite sur deux tableaux, aidé en cela par des tabacs dont la qualité ne fait pas de doute et une aromatisation elle aussi de qualité. Différent, car ayant plus de corps, étant plus typé, plus marqué et riche, mais moins gourmand.
Sur la seconde moitié de la pipe, les céréales se font grillées, et le côté malté se renforce au fil du fumage au détriment de la suavité, bien que cette dernière soit toujours présente (sirop d’érable), avec de la châtaigne, une très légère amertume, et le fumé qui se fait plus sombre, plus lourd.
Au final, l’ensemble gagne en corps, la fumée est plus ample en bouche, sur un fumé lourd et épicé (poivre blanc), un sous-bois sombre, des céréales et châtaignes grillées, de l’amertume en bouche. De docile et retenu au départ, le latakia se libère et exprime sa fougue au final, roboratif, mais aux arômes de plus en plus resserrés.
Points forts : riche et évolutif, typicité marquée, originalité agréable, complexe au milieu du fumage
Points faibles : trop simple et peu complexe au départ et au final (quoique de bon aloi), aromatisation qui ne tient pas jusqu’au final
Une odeur de fumé, très sucrée, des fruits confits, du caramel, de la vanille, et de la liqueur. Des arômes, admettons-le, que l’on peut retrouver au nez d’un bon whisky.
L’allumage est doux, légèrement sucré et vanillé. Le fumé est très délicat et caramélisé.
La fumée est ronde, particulièrement onctueuse mais la saveur de whisky est totalement absente.
Si ce mélange se corse un peu sur la fin, devenant un poil épicé et piquant, c’est là la seule évolution notable.
Je crois que le grand attrait de ce Frog Morton réside dans sa délicatesse, et par ce mot il faut entendre qualité des saveurs et douceur du fumage, bien que celui-ci soit un peu piquant.
Cette gamme de saveurs est printanière, à la fois réconfortante et gourmande. Malgré cela, il est à noter un sérieux manque d’évolution et de complexité.
16/20
08/20
Nous nous entendons sur la suavité de ce mélange, sa simplicité et le manque notable d’évolution. Pour des raisons différentes, nous retrouvons vaguement les arômes que peut avoir un whisky. L’écart entre les deux notes se justifie par une différence de sensation, malgré quelques points d’accord.
Il y a là beaucoup de black cavendish à l’aspect noir, pour moitié dans la boîte, l’autre moitié se partageant entre blonds et bruns clairs. Au nez, l’aromatisation est très marquée, très chimique, assaillant les muqueuses nasales de notes de réglisse, de fruits confits très sucrés, d’un arôme de fleurs artificielles type diffuseur d’odeurs bas de gamme, et de mélasse. Autant dire que ça ne me donne pas du tout envie. Aucunes traces de whisky, bien que ce mélange ait soi-disant passé un mois dans un fût ayant contenu de cet alcool. Etrange.
Les arômes portent de lourdes notes florales (pot-pourri, fleurs séchées) et de fruits confits, gorgés de sucre, avec une mélasse piquante et légèrement amère en arrière-plan. En bouche, c’est trop sucré, amer et piquant.
L’ensemble, il faut l’avouer, ne manque pas de rondeur mais se révèle dès le début de la pipe tout à fait écœurant, surchargé en arômes artificiels trop lourds et exubérants, oblitérant tout à fait l’expression naturelle des tabacs, qui, du reste, ne me semblent pas de très bonne qualité.
Le tout reste lourd et écœurant, irrémédiablement linéaire. Pour renforcer d’autant plus ces sensations, de plus en plus de piquant et d’amertume assaillent le palais, créant ainsi une sorte de paradoxe aromatique, assez désagréable, entre un sucré très lourd et gras, sur la mélasse, se voulant gourmand, et un amer très vif et piquant, sec et presque astringent.
L’ensemble est donc clairement déséquilibré, très mal conçu à mon goût. Voilà un parfait exemple de feuilles de mauvaise qualité additionnées à une sauce de mauvaise qualité, ne pouvant donc donner lieu qu’à un mélange de… mauvaise qualité, vous l’aurez compris. A éviter, donc.
La mélasse et l’arôme de fleurs séchées, de diffuseur d’odeurs, tient jusqu’au final, pour mon plus grand déplaisir. Toujours aussi déséquilibré et de plus en plus amer, le final est clairement mauvais. Encore un mélange soi-disant aromatisé au whisky qui n’a aucunement le moindre goût ni arôme de cet alcool.
Points forts : combustion, rondeur
Points faibles : déséquilibré et de mauvaise qualité, linéaire, ennuyeux, vulgaire, écœurant
Une première impression de mécontentement vient spontanément décevoir le nez : une forte odeur chimique de fleurs agresse le plaisir de découvrir un nouveau mélange. S’y ajoutent, bien écrasés, du caramel, des écorces d’orange, de l’amertume et de la vanille.
Le démarrage est révélateur : des arômes forts de fleurs légèrement caramélisé, le tout aussi chimique qu’on peut l’imaginer.
Derrière un soupçon d’épices et un léger piquant, c’est le parfum « pot-pourri » qui domine, avec un fort gout de vanille sucrée.
La fumée est légère, bien que grasse : légère dans sa consistance et grasse dans sa composition.
Au second tiers, le virginie montre un coté légèrement boisé et poivré. Le burley est timide, et apporte un fond terreux. En surface, on garde cet arôme floral chimique qui dessèche et agace, mais surtout pique un peu.
Notons que la conservation dans un fût de whisky durant un mois précis ne donne aucun arôme de whisky ni au nez, ni au fumage.
01/20
01/20
Si en fumant ce mélange nous n’avons pris aucun plaisir, le voir flamber dans le feu de la cheminée en fut un, et des plus agréables en la compagnie de ce tabac.
Un flake très clair, sur des bruns ponctués de pointes blondes. Au nez, des fruits secs (raisin), des agrumes (pamplemousse rose) et une pointe de cannelle.
Le Golden Sliced, un classique toujours agréable : au départ, les notes de fruits secs (raisin) se mêlent à des notes d’agrumes (pamplemousse, orange). L’odeur attrayante du nez ne trompe donc pas les arômes en bouche, sucrés et acides.
Ce tabac ne manque pas de caractère, avec l’apparition d’une note boisée (écorce humide) qui vient complexifier l’ensemble. La fumée ne manque pas de rondeur.
La présence aromatique du burley se renforce au fil des bouffées, jouant à armes égales avec la note d’agrumes, à mesure que les fruits secs battent en retraite, sans toutefois se retirer complètement.
Les arômes ne manquent pas non plus de richesse, mais pâtissent d’un clair manque de complexité. La puissance, moyenne, se renforce légèrement au fil du fumage.
Au dernier tiers, je ressens un boisé sombre, de la noisette presque grillée, une note acide (citron vert) et une légère amertume.
Un tabac simple, de tous les jours, accessible et qui vieillit très bien. A mon goût, il présente également l’avantage de pouvoir être fumé à n’importe quel moment de la journée, ni trop léger ni trop fort. Il me semble plus intéressant bourré en flakes roulés, ces derniers étant fins et se prêtant bien à cette méthode de fumage.
Points forts : rapport qualité-prix, accessible, agréable, légère évolution
Points faibles : manque de complexité, conservation du tabac dans sa boîte rectangulaire de 50 grammes après ouverture
Ce mélange sent la forêt, les fruits (agrumes), les pruneaux, le cake et le poivre noir.
Dès l’allumage, un boisé frais parcourt notre bouche, accompagné quelques secondes plus tard de légers épices. Les feuilles semblent être de qualité moyenne.
Les senteurs d’agrume ont totalement disparu, et le tabac est sans évolution, moyennement puissant, mais pas rassasiant.
Il s’agit donc de fumer pour fumer, sans expression aromatique, sans plaisir gustatif.
13/20
05/20
Charles voit en ce mélange un classique accessible et agréable, tandis que Simon affiche sa déception face au vide de cette fumée. Face à une telle divergence d’opinion, nous nous interrogeons nous même, à la relecture de nos dégustations, si nous avons bel et bien fumé le même tabac.
Je remercie sincèrement Jalil de nous avoir donné un échantillon de ce mélange rare et vieux de 10 ans lors du dernier dîner parisien.
Les couleurs sont plutôt ternes, avec peu de brins noirs, dominées par du brun et du beige. Au nez, un fumé très doux, sage, se dégage des feuilles, adjoint par du boisé, sur le pin, avec de la résine de pin séché pour une note suave, un peu de pain chaud, de la cire d’abeille.
Voilà un mélange anglais très surprenant. Au bout de 10 ans de cave, le feu du dragon ne s’est manifestement pas assagi. Les arômes sont piquants (sur le poivre noir), c’est la note dominante, et fumés, sur un fumé de résineux légèrement suave.
Y aurait-il du périque dans ce mélange ? Le latakia est doux, l’âge l’a bonifié et cela se sent. Ce feu piquant qui domine le mélange évoque effectivement l’animal mythique et ne semble par contre pas avoir tiré parti de ces années d’encavement, tant il est vif.
Puis vient s’ajouter à cette palette aromatique plutôt restreinte mais riche en goût un arôme de champignon, de sous-bois. L’herbe du dragon campe sur cette position jusqu’au début du final.
Sur la fin de la pipe, le fumé se fait plus gras et salin, sur le hareng fumé, les champignons se retirent, et le poivre se fait toujours aussi vivace. Autant dire que le dragon a forte haleine.
Il faut le préciser : l’herbe de Smaug développe une fumée lourde et particulière qui ne semble pas être du goût de l’entourage, allant jusqu’à piquer les yeux de vos voisins (ce n’est pas une blague). La compagnie du dragon n’est pas très agréable pour tout le monde…
Un mélange tout à fait particulier, très original, je dirais même amusant dans l’esprit, bien qu’il ne brille pas par sa qualité, sa complexité, son équilibre, mais tel n’était pas l’objectif de Pease en concevant ce mélange, me semble-t-il.
Points forts : très original, déroutant au départ, un tabac qui a de l’esprit et qui correspond bien à l’univers auquel il s’attache
Points faibles : linéaire, manque de complexité, désagréable pour l’entourage, fumée très piquante
Je précise que je dispose en tout et pour tout d’un quart de pipe à foyer moyen pour cette dégustation. Ceci étant, il est très généreux à Jalil d’avoir partagé ce mélange.
Au nez : des fleurs, des épices, de la vanille et du sucre.
Ce mélange est très floral et parfumé. Cette dimension printanière et sucrée domine notablement le fumé du latakia qui caresse délicatement les papilles.
Après quelques bouffées, le latakia et les orientaux entrent en scène, avec un fumé très épicé et piquant.
Le pot-pourri vanillé vient achever la rondeur aromatique, créant un ensemble harmonieux et équilibré.
La puissance du piquant est prodigieuse ! Et pourtant, elle n’est jamais désagréable, écœurante ou vulgaire. Un poivre noir généreux l’accompagne pour former un duo très roboratif.
En somme, l’équilibre est agréable mais le fumage stagne et perd en saveurs. Prenez garde à ne pas avoir une haleine de dragon.
13/20
12/20
Indéniablement, ce souffle de fragon a du caractère. Son piquant ne fait aucun doute. En dépit de sa puissance en cours de fumage, le dragon est calme avant allumage. Nos deux dégustations se suivent, même si Charles a pu déceler plus de complexité. Un merci de plus à Jalil n’est pas de trop. Ce vieux mélange est original, tant pour son titre que pour ses arômes.
Un nez gourmand s’échappe de la boîte, sur la confiture d’abricot, l’herbe fraîchement coupée et un côté bonbon acidulé.
À l’allumage et malgré une année d’encavement, le tabac accuse une certaine verdeur (herbacé), adjointe par de la paille sèche, et de trop discrètes notes de fruits secs en arrière-plan. Le tabac est plaisant, mais manque tant de gourmandise que de complexité.
Quelques notes acidulées enrichissent la palette aromatique après quelques minutes de fumage. Puis ce sont des notes sucrées (enfin) qui apportent un peu de gourmandise sans rendre l’ensemble complexe pour autant.
La verdeur et l’acidité dominent sur le deuxième tiers, avec un peu plus de rondeur, sur un fond timidement boisé. Le kentuky est mou voir atone, le périque de même. Le tout est court en bouche.
Le mélange manque cruellement d’équilibre, et cela a tendance à se renforcer au fil du fumage, ce qui rend le tout passablement ennuyeux, à la limite du désagréable.
Au derniers tiers, le tabac gagne en corps et en rondeur, avec un boisé sombre légèrement amer venant tempérer l’acidité et la verdeur, en recul.
À l’évidence, je n’y reviendrai pas.
Points forts : coupe, combustion
Points faibles : linéaire voir ennuyeux, manque de complexité, déséquilibré, trop « vert » à mon goût
Ce mélange semble être jeune, vert au nez. On peut également sentir des pruneaux séchés, des racines (sève, terre) et du sucre. Il se dégage une grande fraîcheur.
Au fumage, et dès l’allumage, ce tabac a toutes les caractéristiques d’un virginie : il est sucré, voir miellé, herbacé, caramélisé et boisé, mais les feuilles semblent être de qualité moyenne.
On pourrait le qualifier de faux mélange, puisqu’on ne sent ni le kentucky, ni le périque. Il n’en est pas moins légèrement puissant et acidulé.
Au fur et à mesure du fumage, le Old Gowrie devient moins intéressant, puisqu’il perd considérablement en arômes. Le virginie n’est plus que boisé qui devient cendreux et fade.
06/20
09/20
Nous n’avons l’un comme l’autre pas apprécié le mélange, jugé vert, linéaire et peu complexe. Notons que tous deux avons fait état de l’absence total de kentucky et de périque, ce qui semble surprenant au regard de l’étiquette, et décevant de par le manque de complexité de ce mélange en l’état. De manière évidente, nous n’en rachèterons pas, et si, comme nous, vous n’appréciez pas les virginies aux arômes herbacés et sans profondeur aromatique, nous vous recommandons d’en faire de même.