J.F. Germain & Son - Special Latakia Flake

J. F. Germain & Son Special Latakia Flake

Imaginez une pièce baignant dans l’obscurité et une douce lueur filtrant au travers de l’unique fenêtre. Imaginez un vieil homme assis, les mains croisées devant son bureau (honnêtement, je ne suis pas si vieux que cela mais c’est pour l’histoire). Sentez enfin la douce chaleur émanant d’un feu de cheminée (par contre, ça c’est du vécu). D’un geste délicat, il se décide à allumer sa bouffarde, préalablement remplie de ce Spécial latakia fake. Ce vieil homme ne vous parlera pas de la maison légendaire qui nous gratifie régulièrement de si bons tabacs, il se concentrera sur la description de ce blend. Et de la concentration, il lui en faudra pour apprécier et restituer les saveurs livrées au cours de cette dégustation.

D’apparence, les brins foncés et beiges accompagnés de nuances de rouille, bénéficient d’une bonne hygrométrie. Le miroitement de cristaux laissent présager de bonnes conditions d’encavement. Le flake ayant été préalablement émietté par notre bon samaritain, une Bullmoose au large bol devrait être parfaite pour accompagner l’envol de n’importe quel mélange à base d’orientaux.

Au nez, un bouquet d’agrumes (mandarine, pamplemousse) enveloppé de notes boisées (pin, fougère) et de cuir pour assoir l’ensemble. L’équilibre olfactif est au rendez-vous.

Dès les premières volutes, il est évident que toutes ces saveurs délicates vont demander un long et agréable travail d’observation pour les différencier. La ressemblance avec son cousin germain And so to bed saute aux papilles. Comme ce dernier, le démarrage se fait tout en douceur, sans rondeur, les orientaux sont présents et le latakia timide. L’ensemble pourrait être qualifié de "poudreux", comme une vieille malle oubliée dans le grenier que l’on se déciderait à ouvrir au bout de plusieurs années. Cette saveur se retrouve d’ailleurs dans plusieurs mélanges de la maison, comme un goût de bougie, comme une réminiscence du passé. Un début timide donc, qui laisse présager de bons moments si le mélange arrive à s’étoffer au fur et à mesure de sa combustion.

L'évolution se révèle être en deçà de l'attente… Certes, les orientaux se font plus mordants et plus piquants et la présence du latakia s’étoffe. Des notes de clou de girofle, de poivre, de pain grillé, de réglisse et un arrière plan tanique apparaissent. Mais tout cela ne suffira pas à assouvir les envies de ce vieil homme qui réclame plus de caractère et d’aventure d’un mélange de ce genre. De plus, sa ressemblance avec le And so to bed, lequel possède davantage de profondeur aromatique, lui fait cruellement de l’ombre. En revanche, ce Spécial latakia fake se comporte nettement mieux dans une pipe à foyer haut, et encore mieux si celui-ci est conique. En effet, les mystères de la physique des tubes accentuant les arômes, le mélange n’en devient que plus intense et intéressant.

Puissance : 1/4
Room note : 2/4
Note : 3/4 (rijks)

Petites digressions, préjugés et précisions
1) Je n'ai jamais beaucoup apprécié les latakias sous forme de flake.
Pour moi, un flake, c'est un Va et un latakia, c'est sous forme de mixture. Si ça toujours été fait comme cela chez les british, il doit bien y avoir une raison! Et ne me parlez pas des exceptions, style le mythique Bengal Sliced, je ne veux rien savoir !!
Je suis toujours tombé sur des flakes au latakia qui étaient asséchant en bouche et qui n'avaient pas le gras qu'on trouve dans les bonnes mixtures du genre Dunhill 965.

2) Pour les quelques tests auxquels j'ai participé, je me suis forcé de déguster les échantillons sans aller rechercher les avis sur le net, histoire d'avoir un avis non orienté.
Pour moi, qui dit Special Latakia dit tabac de couleur noire, très fort en latakia. Je ne sais pourquoi, mais c'est l'image qui est tout de suite venue (peut-être un fantasme freudien sur le Bengal...).

Au nez et dans l'œil
Ah tiens, ça sent bon le latakia.
Ce n'est pas complètement noir mais plutôt dans des tons bruns un peu passés.
En effilant les flakes, j'ai tout d'un coup un flash: mais c'est le cousin germain (c'est triché rijks, je sais) d'un tabac que je fume et apprécie bien, le In-B-Tween. Le fabricant est d'ailleurs le même.
Allez, je pourrai presque m'arrêter et vous renvoyer à l'article d'Erwin : artfontilsuntabac23.htm
Ce qui est étonnant, c'est qu'Erwin a aussi rédigé une note sur notre Special Latakia artfontilsuntabac.htm mais j'ai plus de peine à m'identifier. Je serai plus tenté de prendre la majeur partie de sa description sur le In-B-Twenn et le coller sur le Special Latakia. Spécial, non? (j'ai relu ces articles après avoir fini mes deux bols)

Avec mes mots simples et ma capacité limitée à décrire les arômes, je vais me limiter à ceci :
- Les premières bouffées me renvoient à mon 1er préjugé: hum, hum, ça assèche beaucoup la bouche. Le côté oriental prend le dessus et le VA peine à stabiliser le mélange.
- Après 5-6 minutes, le tabac prend un autre visage. Les VA donnent de la voix et le mélange devient plus équilibré.
- Ca continue sur cette bonne voie, avec des alternances de VA, d'orientaux et de latakias.
Ce qui est sûr, c'est que le latakia ne joue pas les gros bras (mon 2ème préjugé est à revoir) et que le flake est subtil et tout en finesse.

Au final, mises à part les 5 premières minutes, c'est tabac très agréable qui ressemble vraiment beaucoup au In-B-Tween.
A choisir entre les deux, j'ai cependant une petite préférence pour le In-B-Tween. Je trouve que l'alternance et le jeu entre les orientaux, VA et latakias est encore plus grand avec ce dernier.
Et en plus, il a une coupe fine de type Ribbon. C'est une coupe très rarement trouvable sur un tabac de qualité vu qu'elle passe pour chauffer plus vite et donner que peu de complexité aux mélanges (enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre) mais qui peut être très utile dans certains foyers, par ex. les petites foyers. (Gilles Suisse)

Dans un premier temps, j'ai fumé ce tabac dans des pipes dédiées au latakia, et j'ai trouvé que c'était un anglais assez standard avec un bon goût de latakia. J'ai été très alors très surpris de l'a revue d'Erwin et de quelques "calures" sur Tobaccoreview qui n'y sentait quasiment pas de latakia.
J'ai alors décidé de le fumer dans des Prungnau en terre et là le Latakia devient beaucoup plus discret, c'est donc sur ces fumages, non influencés par le culottage de mes bonnes pipes à latakia que je me baserai pour mes commentaires.

À la façon des tabacs de chez Germain, la coupe est fine et à mon goût très agréable à manipuler. Pour moi ce genre de coupe facilite le bourrage et la combustion.
Le Nez est doux, assez typé Virginia. C'est fruité, ça sent les agrumes, le Earl Grey. Par derrière de légers relents de fumé et d'épicé, les orientaux et le Latakia sont, à mon avis très discrets.

À fumer, c'est un tabac léger et équilibré, dans un premier temps la fumée est un peu sécharde, mais ça se corrige vite avec l'arrivée de la douceur des Virginia. On y retrouve les agrumes du nez, de la douceur et une légère acidité.
En rétro olfaction je détecte une odeur de viande séchée, légère, mais très agréable. Par moment, on découvre de saveurs poivrées des Orientaux. Le taux de nicotine est très raisonnable.
L'évolution n'est pas très marquée, le tabac reste léger et agréable tout au long de la pipe. Je dois avouer que j'y prends plaisir, c'est assez mon type de tabac.
Ce n'est pas un blend exceptionnel ni impressionnant, mais un compagnon distingué.

C'est probablement vrai que le tabac n'est pas très bien nommé. C'est avant tout un Va Flake rehaussé de latakias et d'Orientaux. Finalement qu'importe le nom pourvu qu'on y trouve du plaisir. Et moi du plaisir j'en ai eu à chaque pipe. (François C)

il ressort clairement de mes différents essais que ce tabac ne se distingue pas par sa force en latakia. Dans certaines pipes, le latakia s’annonçait timidement vers la fin, dans d’autres, il me semblait carrément absent, mais à aucun moment il n’a dominé les saveurs ressenties. Tout au plus un léger fumé en trame de fond. Comme pour beaucoup, c’était une surprise, compte-tenu du nom du mélange.

Les sensations que j’ai trouvées à l’allumage étaient assez douces, m’évoquant une pipe nettement dominée par le Virginia. Des premières bouffées chaleureuses, en souplesse, avec une texture dense et agréable. Et le plus souvent arrivaient ensuite des notes sucrées et fruitées, type agrume. Je dis le plus souvent, car ma dernière pipe est allée faire de la voix dans un registre complètement différent : goût terreux, poussiéreux à l’image du vieux bouquin qu’on sort d’un grenier, avec un côté cacao… Rien à voir ! Peut-être est-ce dû à une baisse du taux d’humidité du tabac ?

Revenons aux cas plus représentatifs de mes essais. Ces notes fruitées, parfois un peu exotiques s’enrichissent au fur et à mesure d’épices (poivre, mais pas uniquement) et à l’occasion de ces notes discrètes de latakia. Lorsqu’on s’approche du fond du foyer, c’est d’ailleurs ces impressions-là qui dominent, et les côtés acides et sucrés s’estompent pour un ensemble plus sombre, plus viril.

J’ai eu du mal à cerner ce tabac, qui m’a donné des dégustations assez différentes d’une pipe sur l’autre. Dans l’ensemble, j’ai passé de moments à le fumer, même si je ne sais pas si j’irais en acheter des boites. Merci beaucoup à Alex pour son partage, qui nous a fait découvrir cette curiosité à latakia variable ! (Damien)

Je n'ai ouvert la pochette qu'hier matin. Le taux d'hygrométrie est "parfait". La finesse du flake, déjà émietté par notre généreux donnateur, présageait un bourrage facile, ce fut le cas.
L'odeur à froid est subtile et raffinée, loin d'un dunhill nightcap, plus proche dans mon souvenir lointain d'un EMP.
J'ai testé ce mélange dans 2 pipes réservées au mélanges à base de latakia, qui n'ont pas été fumées depuis au moins deux mois. Une des deux fait partie de mes favorites, une canadienne straight grain de la marque Gardhill, ancienne sanclaudienne. L'autre est une Clubmann, London.
Je n'ai pas de pipe réservée au mélanges Balkan.
C'est bien dommage, car je ne décèle presque pas de latakia dans ce blend, un peu comme dans l'EMP, où l'on se demande toujours si il y en a ou pas dans le mélange. La réponse semble être négative pour ce dernier.
Concrètement, si je n'ai pas de pipes pour les mélanges orientaux, c'est que jusqu'à présent je n'ai pas trouver de plaisir en les fumant. Le seul que j'ai sur ma liste d'attente et qui me donne envie de re-tenter le coup, c'est le Drama Réserve.
Le fumage de ce Germain latakia flake fut pour moi triste et ennuyeux...Désolé, mais soit je suis passé à côté de ce mélange, soit cela confirme mon manque de sympathie pour les mélanges typés orientaux. L'évolution est pour moi quasi inexistante, un peu comme lorsque je fume certains cigares dominicains début de gamme. Pour peu que j'eu choisi un gros module...2 heures d'ennui préprogrammé ! Là ce n'est pas le cas, ce tabac se consume assez rapidement, chaque pipe ayant durée 45 minutes environ, heureusement.
Le registre aromatique a été très pauvre, cendre, poussière et quelques touches d'encens. A peine terreux par moment.
Je pense que toutes les conditions ne sont pas réunies pour une dégustation impartiale. La première est d'avoir une pipe vierge de latakia. Je n'en ai pas à dédier à ce mélange. La deuxième, pour un fumeur d'extérieur, c'est de fumer par un temps plus printanier. Le froid me semble lui être défectueux.
Voila deux raisons pour lesquels j'ai arrêté le test à 2 bols. Il me reste de quoi faire 2 ou 3 tests que je remets au printemps; d'ici là j'aurai sûrement une pipe plus neutre à dédier, d'autant que j'envisage une commande de Drama ce printemps.
Une note positive sur ce tabac, c'est qu'il n'est pas agressif pour un sou. Il est doux pour les papilles et léger en nicotine. (ChrisHarps)

Les flakes fins et légèrement brisés sont très sombres, dominés par le noir et le brun, avec de rares pointes fauves. Au nez, le fumé est délicat, presque discret, accompagné de terre humide, de cèdre et d'une note sucrée, sur la confiture de myrtille.

Les flakes étant réguliers et d'une grande finesse, c'est un plaisir que de bourrer et d'allumer sa pipe, la combustion se révélant par ailleurs excellente. Rien à voir avec les grossiers boûts de bois trop épais d'un Full Virginia Flake par exemple. Ici, le flake est avec vous et non contre vous...

Les premières bouffées sont en droite ligne du nez avant allumage : de la finesse, de la légèreté, de l'harmonie. Voilà un mélange poli et tout en élégance qui prend son temps pour se révéler, avec douceur et délicatesse. Il y a là, vous vous en doutez bien, un arôme fumé porté par les feuilles de latakia, enlevé, présent et affirmé mais sans en faire trop, apportant une douce amertume en bouche. Les virginies, suaves, sur les fruits secs (raisin), se partagent la vedette avec le latakia. Les orientaux apportent un peu de profondeur au plan aromatique, mais surtout un léger surcroît de complexité, avec l'apport d'une note boisée.

L'ensemble est bien équilibré et bien fondu, bien que la complexité ne soit pas au rendez-vous, et que certains palais, dont le mien, pourront reprocher à ce tabac un manque de corps, d'envergure, de richesse, et de la sécheresse en bouche. Mais ce n'est pas là, à mon sens, l'objectif de ce mélange, encore une fois tout en finesse : apporter avec simplicité et élégance un bel équilibre entre un latakia et des virginies souples et polis. Ce n'est absolument pas une bombe à latakia. Ainsi, le nom de Special Latakia Flake n'est certainement pas très judicieux... Le même équilibre se retrouve en bouche, entre le sucre, l'amer et l'acide qui tend à dominer.

Le mélange gagne en corps et en profondeur à compter de la seconde moitié de la pipe, comme une tentative de répondre à mes attentes. Le matakia est plus affirmé, gagne en gras, épaulé par des notes de cuir, de réglisse, de poivre blanc et de pruneaux séchés. Je note une réelle évolution, un sursaut, la fin de l'élégante torpeur des débuts. Toutefois, si les arômes sont plus riches et plus expressifs, le Special Latakia Flake manque toujours de relief, de corps, à mon goût. La puissance reste faible.

La finale est inintéressante, très ressérée au plan aromatique, trop nerveuse, avec un piquant excessif.

Points forts : coupe, combustion, finesse, équilibre, évolution.

Points faibles : manque de corps, de rondeur, de complexité, de relief, sécheresse aromatique

Note : 12/20 (Charles)