Samuel Gawith - Bothy Flake

Samuel Gawith - Bothy Flake

Des flakes bien épais, bien dans la tradition des tabacs produits en Ecosse, mais avec un de ses parfums qui vous sautent au nez: whisky, grosse tourbe, bouquet de fleurs puis, en seconde position, du cacao et une pointe de vieux cuir.
Puisque le tabac a été composé pour des chaps (les fous de tweed et de whisky), il vous transporte d'emblée en plein cœur d'un pub britannique, avec un feu de tourbe qui enfume plutôt qu'il ne réchauffe, des joueurs de dart une fléchette dans la main droite et une pinte de pale ale dans la main gauche ainsi que quelques vieux messieurs buvant leur stout accompagné d'un pur malt...

Les deux à trois premières bouffées sont plutôt acres, certainement du fait qu'il n'est pas facile à allumer, avec ses tranches si épaisses.
Ensuite, il devient terriblement doux et malté. Une Ovomaltine dans laquelle vous faites tremper votre tartine beurrée. Cette sensation doucereuse se maintient assez bien en cours de fumage, tout en laissant peu à peu apparaître la vraie nature du tabac, un truc sérieux, d'homme, toujours dans le plus pur style de la respectable maison écossaise.

Que penser ?
Pour moi, il atteint parfaitement son but, à savoir de plaire à un public de jeunes allumés de tweed et de produits nostalgiques. Ca fait vieux, sérieux, ça sent le truc venant d'un bon pub.
Par contre, personnellement, je me sens soit trop vieux soit plus assez novice pour m'y laisser piéger.
Je lui trouve en effet un côté artificiel, du genre: fait pour donner un goût d'authentique. Un vrai vieux loup de mer ne fumera pas un tel tabac, il s'amusera en douce du jeunot à barbe qui le fumera en philosophant dans sa Guinness au sujet d'Oscar Wide ou James Joyce. Non, le vieux loup de mer fumera un vrai tabac non aromatisé, que ça soit un truc du genre Three Nuns de l'époque ou un machin avec du latakia genre Nightcap.
Mais bon, j'ai eu plaisir à me faire piéger et à rêver à tout ce monde grâce à ce tabac et au généreux Etienne.

Un fumage récent en plein air, en marchant, a, comme souvent, modifié la perception du tabac.
Dans ces conditions, je trouve qu'on ne perçoit jamais les subtilités du tabac mais sa trame apparaît parfois de manière plus distincte.
Donc, dans le cas précis, toute l'aromatisation de malt, tourbe et cacao s'est faite la malle. Il en est ressorti un mélange sous-tendu par un robuste virginie et une pointe distincte de latakia...alors que je n'avais pas remarqué du tout le latakia, concentré, au chaud, dans mon fauteuil.... comme quoi, le même tabac, dans des pipes différentes, dans des conditions différentes, ça peut donner des sensations et arômes ... différents (Gilles Suisse)

Je l'ai fumé dans trois pipes différentes, dont une écume. Comme les flakes étaient bien mouillés, c'est dur à gérer. J'ai essayé de laisser le tabac sécher bien longtemps après avoir émietté ce qu'il faut pour une pipe ; mais, une fois allumé et parti, il semblerait que le tabac retrouve assez rapidement son humidité originelle.
Le latakia représente à peu près 15%, je pense bien. L'arôme dominant c'est celui du Highland Whisky, et bien fort au nez, il enterre le reste. La première pipe avec l'écume, ce ne fut que le whisky que je pouvais goûter, et rien d'autre. La seconde pipe, dans une bruyère, encore que le whiskey. À la 3è pipe, j'ai pu percevoir un peu de latakia derrière le whisky mais je me suis retrouvé avec un gros mal de bloc en moitié de parcours....
Désolé, mais je pense que mon expérience ne fut pas des meilleures. Je vais laisser le whisky se dissiper un peu, et les flakes sécher bien mieux, ^puis je vais retenter un nouvel essai. (Lord Guyrox)

Après mon troisième bol, une confirmation comme quoi le latakia est absent au niveau goût.

Le goût de malt torréfié est très présent avec un pointe de sucré, parfois légèrement tourbé, l'ensemble est agréable à fumer et ne mord pas la langue.

La room-note est agréable.

Ce tabac me laisse une sensation plaisante mais sans grandes envolées gustatives. Pour sûr, il n'embarque pas la tête. Les gros flakes demandent une préparation longue et minutieuse, cela fait parti du plaisir de la mise en route, et c'est un tabac qui prend son temps tout au long du fumage.

Il est fumable à toute heure du jour ou de la nuit et peut être considéré comme un "all-day" en ce qui me concerne, mais il ne rentrera pas dans ma rotation régulière. (Chicos)

Voilà des flakes épais comme Samuel Gawith sait les faire, autant dire de petites planchettes plutôt que des flakes, sombres, d'un brun presque noir avec quelques taches fauves.

Le nez est dominé par le latakia, sur un fumé gras et hileux, avec une aromatisation sur la cerise, chimique, qui n'a strictement rien à voir avec un single malt,même le plus médiocre d'entre eux. Après séchage de rigueur vu le taux d'hygrométrie, l'arôme chimique tend à disparaître au nez.

Le bothy Flake attaque très fort et envoie une sacrée dose de tourbe dans les museaux. Le latakia domine clairement au plan aromatique, sur la tourbe donc, un fumé gras, presque lourd, du cuir.Les virginies donnent du corps et apportent une pointe acide en bouche, où l'amertume domine. Sur certaines bouffées, l'aromatisation se fait bien sentir, comme au nez sur la cerise chimique, sur un vague arôme de sucrerie aux fruits rouges. C'est décevant et ça n'apporte rien,voir même pire, cela retire au charme de ce tabac dont la nature se veut appartenir aux terres du nord de l'Ecosse. Il faudrait être stupide ou n'avoir aucun goût pour mettre du sirop de grenadine dans un Peat Monster... Dieu soit loué, l'aromatisation bas de gamme tend à se dissiper au fil du fumage. Ceci étant, les virginies apportent une rondeur appréciable mais peinent à s'exprimer face au duo latakia et aromatisation.

L'ensemble est lassant : du fumé, de la tourbe, de la tourbe, du fumé. On a vite fait le tour même si l'aromatisation apporte une touche suave. Surtout que la combustion est lente et difficile avec ces flakes très épais, que dis-je, ces petites planchettes de tabac. Ainsi, si le démarrage est puissant, la route est longue avec ce Bothy Flake un brin lourdaud, qui m'ennuie assez vte, surtout que l'aromatisation n'est pas à mon goût...

Le deuxième tiers me semble toutefois plus équilibré,avec des virginies plus présents qui, dopés par le sucre de l'aromatisation, apportent une touche miellée agréablement suave. Les notes chimiques se sont enfin dissipées. Il était temps... Le latakia est toujours très puissant au plan aromatique, plein de caractère. Ce léger rééquilibrage me plaît, et je fume avec un peu de plaisir, quoique de temps à autre une désagréable note de bonbon à la cerise resurgisse. Le dernier tiers n'est pas désagréable, mais encore une fois lassant malgré le côté cross-over blend qui réduit l'omnipotence du latakia.

Après séchage, les dégustations ont été plus agréables dans le sens où l'aromatisation a été moins marquée au plan aromatique, essentiellement sur le caramel, presque brûlé, et toujours ces fichus fruits rouges chimiques. Ceci étant, le caractère très cross-over blend de ce mélange ne fait aucun doute même après séchage, l'aromatisation étant bien présente. Au naturel, les arômes ne changent pas : inlassablement du fumé et de la tourbe, un peu de cuir.

Un cross-over blend moyen voir raté, trop lourd, lassant, à la combustion difficile. Je ne recommande pas.

Points forts : richesse et puissance du latakia chypriote pour les amateurs du genre, cross-over blend original

Points faibles : aromatisation qui n'est pas à mon goût et qui n'a rien à voir avec le whisky, flakes trop épais, lourdaud, linéarité, combustion

Note : 6/20 (Charles)